Creature's night... [PV Kerydwen]

Le 31 octobre... Date sacrée des païens de tout pays, montée en flèches des profits des boutiques de décoration, jour tant attendu des jeunes enfants qui partent menacer leurs voisins pour quelques douceurs, soir de fête et de débauche chez les plus âgés qui profitent d'une énième occasion pour festoyer, nuit crainte des plus superstitieux qui chassent les mauvais esprits selon d'ancestrales coutumes... Halloween a tant de significations différentes.

Peut-être que ce soir vous croiserez, comme Maïween, je ne sais combien de fantômes, quatre sorcières, des fées, des citrouilles, des vampires, des zombies, des loup-garous et même quelques lutins. Les créatures magiques ont toutes enfilées leur plus beau costume pour aller danser, manger, rire, défier les ténèbres qui effraient tant petits et grands...

Si une bande d'imprudents, dont l'étudiante a été dans sa folle adolescence, se risquaient dans le cimetière en cette nuit sans étoiles, ils devraient prendre garde à ne pas déranger le sommeil de vos aïeuls. Stupide idée de vouloir aller troubler les morts, en invoquant quelque esprit plus ou moins bienveillant... Mais qui ne s'est pas senti grisé, électrisé par la peur inavouée qu'inspire un tel lieu? Qui n'a jamais rêvé d'aller regarder la mort dans les yeux? Qui ne s'est pas aventuré dans cet endroit effrayant avant d'en ressortir en hurlant après avoir entendu un craquement dans les buissons?

Maï repensait à cette aventure épique qu'elle avait mené avec quelques amis, ce devait être vers sa fin de collège. Elle se souvenait très bien qu'une de ses camarades, gothique jusqu'au bout des ongles, était une adepte de spiritisme. C'est à cette époque que la petite Fornelle avait fait tourné des tables, arpenté les cimetières, invoqué les esprit, pratiqué le Wicca et découvert les vertus stylistiques du vernis noir.

En y repensant elle éclata de rire. Oh, elle s'était assagie depuis, enfin façon de voir. Disons que la magie noire ou blanche, ce n'était plus son hobbie. Ce que l'on peut-être stupide à 15 ans... Pour ce soir d'Halloween, la blonde avait opté pour une tenue relativement contemporaine, mais dans les tons de la fête. Elle portait un corset noir, une longue jupe évasée orange vif, une veste en cuir sombre et des bottes hautes assorties.

Mais, une fois n'est pas coutume, la demoiselle n'avait pas de fête en perspective. Bien entendu, si elle venait à s'ennuyer quelque peu seule dans les rues animées de la ville, elle saurait où trouver sa joyeuse bande et, si elle ramenait de quoi boire et manger, elle serait accueillie à bras ouverts. Mais la jeune femme avait une de ses envies subites de déambulation solitaire.

Ce soir, elle était d'humeur à s'installer à la terrasse d'un bar ou d'un café et de regarder les gens passaient et d'apostropher la première personne dont la tête lui reviendrait pour la rejoindre. C'était d'ailleurs ce qu'elle allait faire, c'était une idée fameuse! Elle opta pour une rue, entre deux eaux, suivant le sens dans laquelle on la prenait, elle pouvait mener au coeur de la ville et de la fête où s'en éloigner pour s'enfoncer dans les faubourgs.

La miss s'installa tranquillement, sourit au beau serveur et lui commanda une tequila. Elle lui fut apportée avec un clin d'oeil et la jeune Fornelle eut un petit rire. Elle but quelques petites gorgées de sa boisson puis joua quelques instants avec le touilleur qu'elle avait réclamer. Tout en mordillant le plastique, elle détailla les passant.

* Non trop propre sur lui, non plus trop en couple, encore moins trop jeune, trop vieux, trop bourrés, pas assez souriante, déjà bien entouré, elle aussi, eux n'en parlons pas... Ah elle !* Après une réflexion rapide mais intense, elle jeta son dévolu sur une jeune fille sublime, aux cheveux de jais et au teint de lait. La demoiselle avait des yeux gris, envoûtants. Il émanait une aura certaine de charme, de puissance et de mystères autour de sa personne et elle avait l'expression de quelqu'un qui n'a pas de but précis.

Maï apostropha la jeune femme sans honte:
- Hey mademoiselle !

La fille se retourna avec l'air de dire "qui moi??" et l'étudiante poursuivit:
- Oui, oui toi. Tu me semble être toute seule, alors ça te dirait d'être seule à deux avec moi?

Maïween eut un de ses sourires, francs et lumineux, et attendit de voir ce que l'inconnue en pensait...

Kerydwen déambulait tranquillement dans les rues de Port Angeles. C’était sa première expédition dans la petite ville portuaire depuis son arrivée dans la région. C’était d’ailleurs même sa première balade en dehors de Forks et de sa forêt, ses chasses se faisaient toujours très loin d’ici. Une mesure de précaution comme une autre.

Le vampire avait ressenti le besoin de sortir ce soir, d’échapper à sa solitude morose pour se changer les idées. Elle voulait voir que la vie existait encore dans ce monde.

Elle ignorait superbement les passants qui la dévisageaient même s’ils étaient moins nombreux en cette fête dédiée aux monstres et créatures surnaturelles. Pour une fois elle passait plus inaperçu et en était heureuse. Sa jupe noire à volants, ses bottines à lacets montant jusqu’aux genoux, son t-shirt orange vif et sa veste noire cintrée se remarquaient moins.

Elle tourna dans une rue intermédiaire. A droite elle vit le cœur de la ville très animé, à gauche il y avait des rues plus désertes encore avec de temps en temps le passage d’un groupe de créatures des ténèbres miniatures.

Elle marchait sans but dans une errance totalement volontaire en contemplant les différents groupes qui se côtoyaient ici, avançant ou sirotant des boissons diverses à la terrasse d’un café. Kery les enviaient, eux et leur vie simple et ordinaire. Elle n’avait plus eu aucune relation suffisamment poussée avec des gens pour être qualifiée d’amicale depuis sa transformation.

Soudain elle fut apostrophée par une voix à la terrasse d’un café :

- Hey mademoiselle !

Kerydwen se tourna brusquement dans la direction d'où provenait la voix pour voir une jeune blonde assise seule à une table. Elle ne réagit cependant pas immédiatement:

- Oui, oui toi. Tu me semble être toute seule, alors ça te dirait d'être seule à deux avec moi

La jeune femme –car figée éternellement dans sa jeunesse- arqua un sourcil devant l’étrangeté de cette invitation. Très rapidement la vampire détailla son interlocutrice : longs cheveux blonds et yeux bleus envoutants, de taille moyenne. Elle sentit aussi le sang palpiter dans ses vaisseaux, son cœur battre dans sa fragile poitrine, son arôme. Mais Kerydwen ne ressentit pas l’habituelle brûlure dans sa gorge et en fut heureuse.

Elle répondit alors à l'invitation tout en s'asseyant à la table, sans pouvoir empêcher les sarcasmes de franchir ses lèvres:
-C'est assez original comme façon d'aborder les gens.

Puis pour éviter de jeter un froid dans une discussion à peine entamée et pour prolonger ce contact un peu plus étroit avec quelqu'un de vivant elle continua:

-Remarque çà me plait. Au moins c'est assez extraordinaire pour attirer l'attention. Et sinon tu te promènes souvent seule comme çà? Sans vouloir t'offenser bien sûr mais je suis curieuse.

Elle fit un signe négatif au serveur qui approchait puis reporta son attention sur la jeune blonde assise en face, lui faisant un petit sourire timide.

La jolie demoiselle haussa un sourcil interrogatif mais répondit tout de même à l'offre et vint s'installer à sa table, après lui avoir lancé un regard analytique. Avec un petit sourire, elle lui fit remarquer sa façon originale d'aborder les parfaits inconnus. Maïween sourit à son tour, c'était un fait établi depuis belle lurette et la belle brune n'était pas la première, et sans doute pas la dernière à faire cette constatation.

Mais l'étudiante était ainsi, les gens étaient tous égaux, tous pareils malgré leur unicité et elle ne voyait pas pourquoi on ne pouvait pas parler à ses semblables, amis ou inconnus, de la même façon. Ce point de vue n'était pas partagé par tous, d'ailleurs certains la prenaient facilement pour une cinglée, mais c'était leur droit le plus strict après tout.

La jeune femme en face d'elle n'était pas de ceux qui doutent de sa santé mentale, du moins pas encore. Elle poursuivit la conversation d'elle-même d'ailleurs, craignant peut-être d'avoir froissé Maï. Elle ajouta que cette façon de faire le plaisait, tout compte fait. Elle lui demanda ensuite si elle errait souvent seule, précisant bien sûr qu'elle ne voulait pas paraître impolie, mais qu'elle était curieuse.

La blonde eut un nouveau sourire, et n'était bien entendu pas vexée pour deux sous. Elle avait posé des questions plus indiscrètes à des inconnus, elle n'était pas du style à s'accrocher à quelque chose d'aussi futile que la bienséance ou ce que l'on doit et ne doit pas faire. Elle répondit, volubile et sincère comme d'ordinaire:
- Souvent, ce n'est pas le terme que j'utiliserai, la plupart du temps je suis avec mes amis, je sors, je m'amuse, je fais la fête, les magasins. Surtout les soirs de grande occasion, je suis rarement seule. d'ailleurs je dois avoir un bal costumé qui m'attend quelque part!

Elle eut un rire et continua, toujours bavarde et déballant sa vie sans honte ni pudeur:
- Mais parfois l'envie me prend d'être un peu seule alors je reste chez moi ou je m'exile quelque part et je bouquine, en général. Ou sinon, je pars à la rencontre de nouvelles têtes. Et on dirait que je suis bien tombée ce soir!

Curieuse elle aussi, certainement bien plus que sa nouvelle connaissance d'ailleurs, elle retourna la question:
- Et toi, que fais-tu dans cette bonne vieille ville de Port Angeles? Parce que si je ne m'abuse, je ne t'avais jamais vu avant. Bon, je n'ai pas la prétention d'être super populaire, mais je connais la très grande partie des gens du coin de mon âge environ. Et n'aurai jamais oublié quelqu'un d'aussi beau que toi!

Le compliment n'était pas de l'hypocrisie, mais quelque de chose d'absolument sincère et franc. Et puis, elle ne faisait que constater, elle se serait souvenus de ses prunelles grises envoûtantes, de ce teint pâle, de cette beauté presque irréelle, de cette grâce, de la perfection de ses traits...

La question de la vampire aurait désarçonné plus d'une personne. Mais pas cette blonde aux airs bien sympathique. D'ailleurs eu de gens était à l'aise face à elle, ce dont elle se navrait. Elle n'aimait pas et n'avait jamais aimé le rejet. Avant sa transformation elle avait été quelqu'un de banal. mais depuis c'était terminé. Elle savait au contraire que sa silhouette et son allure attiraient et repoussaient en même temps.

Pour une fois l'humaine assise en face d'elle semblait ne pas y prendre garde, ne pas faire attention à son étrangeté. La brune répondit au sourire en entendant la réponse de son interlocutrice, de son allure nonchalante et à la fois attirante de sympathie. Le fait que la jeune humaine soit attendue quelque part alors qu'elle restait là à parler ne la choqua pas: cetet attitude allait bien avec le personnage. Qui lui plaisait de plus en plus d'ailleurs.

Afin de paraître plus naturelle Kerydwen croisa ses jambes tout en jouant avec une mèche de sa longue chevelure brune. Elle fut très touchée par cette confession sans retenue, troublée quelque peu par autant de franchise. Elle inspira une bouffée d'air, goutant aux parfums humains environnant sans ressentir aucune soif incontrôlable.

Comme elle s'y attendait sa camarade de solitude était aussi curieuse:

- Et toi, que fais-tu dans cette bonne vieille ville de Port Angeles? Parce que si je ne m'abuse, je ne t'avais jamais vu avant. Bon, je n'ai pas la prétention d'être super populaire, mais je connais la très grande partie des gens du coin de mon âge environ. Et n'aurai jamais oublié quelqu'un d'aussi beau que toi!

Kery ne put s'empêcher de se sentir gênée face à ce compliment prononcé avec autant de vérité et de franchîse sans pour autant avoir la capacité de rougir. Elle répondit du tac au tac à la question posée, sa franchise et sa spontanéité réveillées par cette fille:

-Oh ne t'inquiète pas de tes talents d'observatrices je suis en effet nouvelle dans la région. Je viens d'arriver et je me suis installée dans un petit appartement à Forks.

Prise dans cet élan de déballage de sa vie privée, elle continua sur sa lancée:

-J'avais envie de voir un peu de monde ce soir, de rompre avec ma solitude qui devient pesante par instant. Je ne connais personne dans la région, à part un jeune homme et toi maintenant. et je suis heureuse au final d'être venue ici ce soir. C'est une jolie petite ville. C'est la première fois que je la vois. Et au fait je ne sais toujours pas comment tu t'appelles. Parce que je pense que tu as un prénom, dans une grande logique.

La jeune vampire se rendit compte que sa franchise avait été loin - sa solitude devait vraiment lui peser- mais elle n'en était pas plus gênée que cela au final. Elle attendit la réponse tout en gardant un sourire, jouant toujours avec une mèche de ses cheveux.

Maï avala une gorgée de tequila et se surprit à penser qu'elle était effectivement attendu. Pas à la fête de ses amis, non ils savaient bien que la miss Fornell n'en faisait qu'à sa tête et que si l'envie de passer la prenait tant mieux, sinon tant pis. Non c'était le bal costumé de gens biens comme il faut et très riches organisé par sa chère maman qui réclamait sa présence. Sa mère avait était prise de l'envie d'organiser cela pour la fête païenne d'Halloween, c'était en ces termes qu'elle avait présenté la chose à sa fille unique.

Cette dernière avait levé temporairement le nez du bouquin qu'elle dévorait et lui avait placidement répondu qu'il ne fallait pas y compter. Sans en tenir compte, sa maman lui indiqua qu'elle la voyait bien habillée en vampire ténébreuse et avait quitté la pièce, monologuant sur l'impression délicieuse que son bébé ferait.

Maïween avait levé les yeux au ciel, considérant le débat clos. Elle avait eut le gentillesse de dire à son père qu'elle ne viendrait certainement pas et ce dernier, qui s'en était douté, lui avait dit qu'il passerait le message mais que ce serait à elle de subir les foudres de la marâtre. La blonde avait rit, s'était habillée et était partie courir les ruelles de la ville.

Là voilà qui s'égarait dans ses pensées alors qu'elle avait de la compagnie! La voix de la demoiselle la fit redescendre sur terre et elle l'écouta avec attention. Elle ne s'attendait pas à une telle franchise, si spontanément. D'ordinaire, peu de gens étaient capables de se livrer ainsi avec une telle confiance en l'inconnu. Mais l'étudiante avait remarqué que sa propre capacité à être à l'aise avec tout le monde en toutes circonstances déridait plus d'un timide. C'était peut-être cette capacité étrange qui poussait la jeune femme à la confidence...

Quoiqu'il en soit, rien ne faisait plus plaisir à la blondinette que de lier de nouvelles connaissances ou de discuter avec ses amis. La jolie demoiselle, très perspicace, supposa qu'elle avait un prénom et voulut donc le connaître. Maï répondit avec un sourire en coin:
- Tu as visé juste j'ai un prénom et même un nom de famille pour tout te dire. Je m'appelle Maïween Fornell, mais pour tout le monde c'est Maï. Et toi tu as également une identité, si je ne m'abuses...

L'attitude et le ton était peut-être un brin moqueur, mais l'on pouvait percevoir que cela n'avait rien de méchant ou de mal attentionné. C'est le genre de boutade que se lance les amis, les petites plaisanteries entre copains, une moquerie bon enfant en somme.

La jeune femme plaisait déjà à l'héritière Fornell en tout cas. Il émanait d'elle une aura indéniable, mais elle restait une personne simple, sympathique et elle avait l'air pleine d'humour. Et puis la demoiselle aimait s'entourer de gens de tout horizons, ses amis formaient une bande cosmopolite et joyeuse. Elle aimait la diversité et était ouverte d'esprit de nature, contrairement à sa bigote de mère qui estimait que les gens possédant moins d'une certaine somme de revenus annuels et qui n'allait pas à l'église tout les dimanches ne gagnaient pas à être connus.

D'ailleurs, mais cela la fragile humaine l'ignorait, Maï fréquentait des gens bien plus que différents. Sans même le savoir, elle avait une jeune amie louve et maintenant elle se liait à l'ennemi héréditaire: une charismatique vampire. Mais bien entendu elle ignorait, et l'ignorerait encore pour longtemps...

Ainsi l'iconnue s'appelait Maïween Fornell. Elle avait déjà entendu parler de cette famille une ou deux fois alors qu'elle se promenait dans Forks et ses rues. la jeune femme n'avait d'ailleurs pas vraiment l'air d'apprécier cette renommée vu le ton qu'elle avait employé, ou plutôt elle s'en fichait royalement. Ce devait probablement être le cas si elle préférait être assise à l terrase d'un café avec une illustre inconnue. L'inconnu pouvait se révéler si dangereux.

Kerydwen inspira profondément, des odeurs diverses s'insinuèrent en elle. Mais aucun des liquides chauds ne l'attiraient ce soir. Elle avait autre chose en t^te.

Pour une fois elle était à la terrase d'un café comme une personne normale. Pour la première fois depuis très longtemps elle parlait à quelqu'un d'autre. Cette fois elle était face à une personne normale qui n'avait ni une attitude de fuite ni un recul face à son étrangeté. Pour la première fois depuis sa transformation la vampire oublia quelques instants sa différences et tout ce que celà avait impliqué dans sa vie.

Elle retourna son sourire à la blonde le plus naturellement du monde, comme si ce geste était quelque chose de normal et d'habituel. Alors que c'était tout à fait le contraire pour elle: une condiion de vampire nomade n'atait pas très avantageuse. Mais elle ne trouvait pas vraiement d'endroit où poser ses valises définitivament snas être entourée de vampires assoiffés de sang humain. Elle étouffa une grimace de dégoût. Elle ne voulait pas y goûter et voudrait ne jamais y goûter- elle utilisait malgré tout le conditionnel s'en tenant à sa philosophie que tout pouvait arriver même si elle faisait très attention-. Elle savait qu'il existait un clan de végétariens dans le coin mais ne savait pas trop comment aller leur parler, comment les aborder.

La femme à l'éternelle jeunesse se réveilla de ses pensées en voyant le regard intrigant de Maïween posé sur elle. Mais depuis combien de temps était-elle plongée dans ses rêvries et ses interrogations. Secouant la tête elle se décida de remettre toutes ces divagations à plus tard et de profiter du moment présent.

-Moi c'est Kerydwen. Kerydwen Guirinec. Je suis d'origine bretonne, née en France dans un petit village de Bretagne justement, d'où le nom. Faut pas s'étonner. Si tu préfères tu peux m'appeler Kery. C'est plus court et plus simple.

Tout avait été dit d'une voix sautillante et joyeuse, comme grisée par la conversation amicale. Ce n'était pas normal. Ce n'était pas son attitude naturelle mais elle s'en fichait un peu -même beaucoup voire totalement- ce soir.

Elle mit une main dans une poche de sa veste et y trouva des petites choses emballées dans du papier plastifi au toucher. En les sortant elle vit qu'il s'agssait de sucreries trouvées. Elle avait eu l'intention de les donner à la première créatures des ténèbres miniatures qui lui en demanderaient. Seulement voilà aucune mini-créature n'était venue la voir.

La vampire posa les bonbons sur la table devant la jeune femme assise en face d'elle.

-Si tu en veux je te les donne. Je viens de les retrouver dans ma poche mais je n'aime pas trop les sucreries. Je suppose que tu les aimes non? Enfin pas sûr remarque.

Elle se rendit compte de la stupidité de sa répartie mais elle ne trouvait pas grand chose à dire. Pour autant elle avait envie que cette conversation se poursuive. Elle fit travailler son cerveau doué de capacités vampiriennes afin de trouver un sujet approprié.

- Donc Maïween, ou Maï si tu préfères, que fais-tu dans la vie. Enfin je veux dire tu travailles, tu étudies ou tu te la coules douce? Moi il faudrait vraiment que je me trouve un travail. Mais j'attends de connaître un petit peu plus la région.

Et bien décidément, la langue de la jolie demoiselle se déliait vite, malgré son air timide et sa réserve sous-jacente. Maï devait donc avoir un bon karma ou alors c'était tout simplement que son aisance naturelle et sa spontanéité rafraîchissante devait déteindre sur les autres. Comme le lui avait dit John, alors qu'un de ses petits amis l'avait larguée comme une vieille chaussette sous prétexte qu'elle était trop folle pour lui, la demoiselle était un petit rayon de soleil, qui réchauffait chaque coeur sans distinction.

A ce souvenir, la blonde sourit pour elle même. John était vraiment un ami d'exception, le grand frère qu'elle n'avait jamais eut. Si l'on considérait que Logan était son petit frère, la jeune femme était bien entourée. A cette pensée, elle retint un rire et revint à son interlocutrice.

Kerydwen Trucmuche, un nom breton imprononçable que Maïween avait de toute façon déjà oublié. De toute façon, l'étudiante n'aimait pas les noms de famille, elle trouvait que c'était juste une manière d'ériger des barrière supplémentaires entre les gens. Parce que l'on s'appelait De La Rochellière on ne pouvait être ami avec un certain O'Brian? Stupide marque de classe sociale ou d'origine, voilà ce qu'était véritablement les patronymes!

Cela devait sans doute lui venir de son propre nom de famille. Mademoiselle Fornell, plus d'un dans la région connaissait, au moins de réputation, la riche et influente famille anglais. Elle détestait ça par moment, même s'il lui était impossible de nier qu'elle appréciait de pouvoir dépenser sans compter et que son caractère avait des traces de cette vie dorée. Mais ce qui l'agaçait, c'était les gens incapables de voir au delà de son statut social. Alors elle jouait les gosses de riches capricieuses, superficielles et égocentriques avec ces gens là...

Encore une fois, elle se perdait dans ses pensées! Elle revint sur terre quand Kery lui proposa ses bonbons. La blondinette lui fit un sourire reconnaissant et la remercia:
- C'est très gentil, merci, j'adore les bonbons. Si tu es sûre que tu n'en veux pas...

Comme son interlocutrice refusait cette ultime offre, Maïween piocha dans le sachet et savoura les sucreries comme la gamine qu'elle était encore dans le fond. Elle picorait allègrement quand elle vit une bande de marmots, une petite fée, deux vampires, un zombie et une sorcière pour être exacte, la regardait avec convoitise puis avancer. Elle héla le plus grand de la bande, le zombie:
- Hey le mort-vivant!

Le gosse se retourna et fut juste assez agile pour récupérer le paquet de friandises à peine entamées que la jeune femme lui lançait. Il la remercia à grands cris et courut partager son butin avec sa troupe monstrueuse. Avant d'être prise par cet élan de générosité, Kerydwen lui avait posé une question. Aussi Maï se fit un devoir de lui répondre:
- Et bien j'entre en troisième année de français à l'université de Juneau en Alaska... On peut donc dire que j'étudie, même si parfois, vu les fêtes organisées sur le campus, on pourrait croire que les étudiants se la coulent douce. Mais non pas du tout, c'est illusoire!

Son air faussement outré la fit rire d'elle-même et elle poursuivit comme si rien ne s'était passé:
- Mais suivant le domaine dans lequel tu aimerait travailler, je peux peut-être te présenter des personnes susceptibles de t'embaucher, ou du moins de t'aider à trouver un boulot. Enfin, tu fais comme tu veux mais si le moment venu tu as besoin d'aide, n'hésites pas.

C'est à cet instant que la demoiselle réalisa que la nouvelle venue ne savait pas où la trouver. Elle remédia au problème à sa façon:
- Tiens, cje vais te donner mes coordonnées.

Elle fouilla dans son petit sac de toile et en sortit une petite carte qu'elle tendit à Kery en levant les yeux au ciel en ajoutant:
- Oui je sais qu'une carte ça fait très prétentieux mais ma mère m'a forcée à prendre celles qu'elle avait fait faire, alors autant que ça m'évite d'écrire.

La jeune femme sourit et relança la conversation:
- Et donc tu aimerais faire quoi?

La jeune femme assise en face d'elle piocha dans le sachet qu'elle avait posé sur la table et fut heureuse de ne pas avoir de questions supplémentaires sur son régime alimentaire. Ce sujet la mettait assez mal à l'aise puisqu'il fallait mentir. Et que sa véritable "nourriture" était très loin de tout ce que l'humaine aurait pu imaginé. A des années lumières.

Elle ne finit pas les bonbons mais héla un zombie pour lui donner les restants avant que celui-ci de reparte à grands cris pour annoncer sa grande pêche de sucreries à toute la bande. Kery sourit devant cette vie, si fraîche et si spontanée.

Reportant son attention sur sa nouvelle connaissance elle apprit qu'elle était étudiante en français, sa langue maternelle, dansnune université d'Alaska. Elle devait être là pour des vacances supposa la vampire. Elle eut un petit rire en entendant la jeune femme démentir la vie paisible et fétarde des étudiants, attitude typique de ceux là même. Mais elle savait pas expérience que la decontraction et les éternelles vacances étudiantes étaiet en effet plus des mythes ou des légendes que la stricte vérité.

Kerydwen fut heureuse de voir que Maï s'attachait ne serait-ce qu'un tant soit peu à son problème de chomâge. D'entendre quelqu'un s'intéreser à elle, même si ce n'était en aucun pour une grande amitié, mais cette hypothétique aide superficielle réchauffa son coeur de pierre glacé pour l'éternité.

Avant que la brune ait eu le temps de répondre elle avait une main tendue vers elle tenant une petite découpe de carton blanc avec les coordonnées de Maïwenn imprimée dessus simplement à l'encre noire.

-Oh ce n'est pas prétentieux mais plus un petit plus pratique quand on n'a aucun stylo ni papier sous la main, ajouta Kerydwen en lisant la carte.

Elle avait repéré cette route justement en y voyant l'énorme maison qui s'y trouvait à son arrivée dans la région. Elle hocha la tête en plaçant la carte dans une poche de sa veste.

Son interlocutrice relança la conversation et lui demanda normalement ce qui l'intéressait.

L'éternelle jeune femme se mordit doucement la lèvre en cherchant une réponse convenable. Elle avait étudié beaucoup de chose mais n'vaait jamais été jusqu'un diplôme. Elle n'avait en effet jamais été dans une quelqconque université par peur d'approcher les humains de trop près. C'était la première fois à Forks et sa région qu'elle se tenait si près d'humains.

Elle préféra alors la simplicité dans sa réponse en choisissant un des ses sujets préférés.

-En fait je n'ai aucun diplôme. J'ai quelques connaissances en rééducation mais çà s'arrête là. Donc après je prends tout ce qu'on me propose, même faire le ménage. Tant que çà me permet de payer le loyer je ne suis pas difficile.

La vampire ne savait pas sur quoi cette discution avait débouché mais elle ne regrettait pas d'être sortie ce soir pour se changer les idées. Elle allait peut être changer un peu sa vie triste et mone pour une fois.

La jeune femme était contente que Kerydwen ne se méprenne pas et ne la prenne pas pour une gosse de riches imbue de sa fortune. Elle avait peur de donner une fausse image, bien que cet aspect égocentrique et superficiel fasse partie de sa personnalité, elle ne le niait absolument pas. Mais ce n'était pas cette facette d'elle-même qui s'exprimait à cet instant et ce n'était pas le genre de relations qu'elle souhaitait entretenir avec la brune.

Maïween se surprit d'ailleurs à espérer qu'elle n'ai jamais entendu parler d'elle ou de sa famille. C'était tout à fait possible, la bretonne débarquait dans la région d'après ce qu'elle disait et les Fornell était connu à une échelle très locale. Ce serait bien de parler à quelqu'un qui n'avait pas l'idée d'une famille riche et influente, aux traditions vieille comme le monde dans la tête... Même si la blondinette ne collait pas au profil familial que sa mère s'efforçait de montrer...

Son interlocutrice hésita un instant avant de lui répondre, et l'étudiante se demandait pourquoi. Enfin, elle expliqua qu'elle n'avait pas de diplôme, simplement des notions et qu'elle prendrait n'importe quel boulot. Peut-être était-elle gênée de confier cela, le manque d'études est parfois considéré comme de la bêtise dans la société actuelle.

Mais la blonde n'était pas de ces gens qui se croyaient supérieurs, de ces esprits, qui considèrent que quelqu'un qui a de mauvaises notes ou qui ne parvient pas au bout de son cursus est un idiot, incapable et le plus souvent feignant. Elle sait qu'il n'en ai rien, qu'un numéro sur une feuille n'est pas une marque d'intelligence...

Maï sourit à sa nouvelle connaissance et réfléchit quelques instants avant de dire:
- Et bien le kiné de mon père a une bonne réputation mais il a tendance à renvoyer toutes ses secrétaires, parce qu'elle ne connaisse rien à son métier. Donc si tu as des notions en rééducation, ce sera parfait. J'en parlerai à papa, mais tu devras tout de même passer un entretien.

Ses relations jouaient évidemment, ce serait plus facile d'obtenir le rendez-vous avec l'appui d'un fidèle client du praticien, mais il fallait tout de même que la jeune brune convienne pour le poste. Maïween ne doutait pas une seconde que son interlocutrice décrochait l'emploi haut la main.

Elle avait peu eut le loisir de fréquenter le kinésithérapeute, hormis la fois où elle s'était foulé le poignet petite et lors de sa pratique désastreuse de la danse contemporaine, qui lui avait valut un claquage et un déplacement des vertèbres.

La demoiselle espérait que la française ne se sente pas pistonnée ou privilégiée. Ou encore, il était possible que la brune soit méfiante envers cette folle qu'elle ne connaissait pas il y a moins d'une heure et qui l'aidait désormais à trouver du travail. Mais la blonde était ainsi.

Elle s'attachait très vite aux gens et aux choses, elle aimait bien rendre service quand elle le pouvait, se faire de nouveaux amis, sortir, s'amuser, essayer de nouvelles choses... Il était dans son tempérament de se lier facilement, de considérer tout le monde de la même manière. Cette attitude était à double tranchant, comme souvent d'ailleurs...

On pouvait considérer que la jeune femme avait une multitude d'amis, qu'elle ne serait jamais seule, qu'elle aurait toujours quelqu'un à qui parler... Mais on pouvait aussi penser qu'elle n'avait pas de vrais amis, des gens qui seraient toujours là pour elle, qui la soutiendrait dans le malheur comme dans la joie.

Fort heureusement pour elle, parmi la myriade de gens qui gravitait autour d'elle, il y avait des personnes en qui elle avait une confiance absolue et totale, pour qui elle ferait tout et à qui elle confierait sa vie les yeux fermés. Et il y avait les copines, les potes, les connaissances, les gens de passage, les copains d'un soir, les camarades de vacances, les gens qu'elle croisait un soir pour ne jamais las revoir... Au fond d'elle, la miss espérait que Kery ne soit pas de cette dernière catégorie...

Kerydwen restait fixée sur cette jeune blonde très originale en bien des points. Tout d'abord elle restait avec la vampire sans ressentir cette instict de survie et de préservation des humains ordinaire. D'une sens celà était ennuyeux puisque la brune devait alors faire beaucoup plus attention. Mais elle était heureuse. Elle ne pouvait s'empêcher de se réjouir à l'idée de supporter les odeurs et les saveurs de tous ses passants et de la jeune blonde en face sans grandes difficultés -celà restait douloureux mais à force on s'y habituait.

Son interlocutrice ne semblait même pas gênée par le regard curieux de la vampire, à la manière de la dévisager plus que de la regarder. Ce n'était pas très poli, très respectueux mais Kery ne pouvait pas vraiment faire autrement et comme Maïwenn n'y faisait pas attention. Il était fascinant d'analyser les gestes, les expressions de cette humaine qui n'avait apparemment pas un immense instinct de survie, une jeune femme horsdu commun. Voilà qui lui plaisait énormément.

La pensée qu'elle ne devait pas se lier d'amitié avec elle effleura quelques instants son esprit mais elle occulta bien vite cette partie: il fallait juste être attentif à ne pas laisser leur relation prendre trop d'ampleur. Même si au fond d'elle elle avait envie d'une amie, rien qu'une amie. Elle ne savait pas qu'elle n'aurait certainement aucun contrôle sur celà.

En effet il émanait de la jeune blonde une sympathie et un altruisme tellement fort que la femme au sang froid ne put qu'être séduite par toute cette vie qui pétillait. On aurait dit que l'obscurité dans laquelle la vampire était plongée depuis sa transformation venait d'être rompue un peu par une lumière, une lumière d'espoir et de chaleur, d'amitié.

Pour complèter le tout la petite blonde lui apportait son aide naturelllemnt sans rien lui demander en retour. Une chose tout aussi étonnante et déconcertante.

Malgré tout son interlocutrice semblait un peu gênée, mal à l'aise, comme si une telle aide n'était pas normale. Kery était bien placée pour avoir compris au bout de cinquante ans que le monde fonctionnait ainsi, coup de pouces et piston. Pour faire quelque chose de sa vie il fallait bien souvent une aide extérieure. Et ce dans bien des domaines. la blonde semblait songeuse, soucieuse.

Elle lui répondit en espérant que la blonde l'entendrait à travers ses réflexions intensives:

-Oh ce serait vraiment sympathique. Je sais ce n'est pas la meilleure façon de procéder en voulant être juste mais après tout le monde fonctionne ainsi alors je trouve idiot de ne pas en profiter tu ne trouves pas?

Kerydwen regarda la jeuen femme en face d'elle, elle semblait mal à l'aise de cette situation influente. la vampire voulait la soulager, lui faire comprendre qu'il ne fallait pas se tracasser pour si peu. Après tout on pouvait user un peu de son pouvoir tout en restant modeste. La blonde ne semblait pas être une de ses pin-up, riches héritières, qui se pavanaient un peu partout mais plus quelqu'un de simple et excentrique en même temps, une personnalité originale et captivante.

Maïween pensait avoir appris à gérer sa situation familiale influente, avoir appris à dompter son train de vie qui était assez aisé, pour ne pas luxueux de certains points de vue. Mais, à chaque fois qu'elle mettait cette fameuse notoriété illusoire, basée sur l'argent et le qu'en dira-t-on, au service des autres, elle se sentait un peu gênée.

Bien sûr, le monde avait toujours fonctionné et fonctionnerait toujours de la sorte, totalement contrôlé par les plus riches et les plus puissants, poussé par les coup de pouce et autres pistonnage. Une part de la blonde trouvait cela parfaitement normal, l'enfant gâtée qu'elle était malgré elle quelque part ne s'étonnait pas de cela outre mesure. La petite peste, fille à papa et capricieuse ne saurait voir les choses autrement, dépenser à tout va, festoyer de toutes parts et faisait fi du peu d'obligations qu'elle avait.

Mais une autre partie d'elle-même, cette personne cultivée, altruiste et quelque peu utopiste était gênée et très mal à l'aise de cette situation. La jeune Fornell n'estimait pas que sa famille ou elle-même mérite de tels égards. Bien entendu, si cela pouvait servir à une personne bien, comme c'était le cas à présent, elle n'en doutait pas, c'était peut-être une bonne chose...

D'ailleurs, Kery semblait avoir perçu son mal à l'aise et la rassura comme elle le put, justifiant que le système était ainsi et qu'il fallait bien s'en servir. L'étudiante eut un sourire et répondit:
- Tu as raison, c'est incontestable. Et puis je suis persuadée que c'est une bonne chose, tu mérites ce travail certainement beaucoup plus que les greluches qu'il a pu embaucher...

En repensant à la rousse flamboyante, à la voix tellement haut perchée qu'elle en était désagréable, qui l'avait reçu quand elle était venue chercher sa mère... Elle l'entendait encore lui dire de son ton soit-disant professionnel qui lui donnait un air niais qu'elle devait patienter quelques instants. Insupportable personnage.

Mais la bretonne n'était pas comme ça. Bien qu'elle ne la connaisse que depuis quelques instants, même pas une heure en fin de compte, Maï en était intiment convaincue. Elle avait commis des erreurs de jugement pharamineuses sur certaines personnes, mais elle sentait qu'il n'en était rien ce soir.

Kerydwen était une jeune femme réservée, calme, placide presque. Mais, en ayant quelque peu bavardé avec elle, la blondinette sentait que c'était une personne avec du caractère, intelligente, fine et pleine d'humour. Si elle avait dû définir le personnage en quelques mots, Maïween aurait opté pour les mots gentille et pince-sans-rire. Peut-être se trompait-elle, mais c'était l'impression qu'elle avait en tout cas.

La jeune femme reprit la conversation, après une seconde d'absence:
- Mais tu vois, je n'aime pas faire intervenir mes parents dans mes histoires, ou celles de mes connaissances. Sur ce coup, ce piston te sera utile mais dans la mesure du possible je préfère les laisser vivre leur vie, en espérant qu'il me laisse vivra la mienne.

La miss repensa à sa mère, qui ne manquerait pas de la sermonner parce qu'elle n'était pas venu au bal, qu'elle avait promis à ses amies de leur présenter la belle jeune femme que sa fifille était devenue, qu'elle l'avait lâchée sans rien dire, qu'elle se comportait en jeune personne dévergondée, de basse catégorie, de petite vertu... Aussi eut-elle un sourire ironique, mi-figue, mi-raisin avant de reprendre:
- Ce qui marche plus ou moins bien... Ma mère a trop grand sens du mélodrame. Enfin tout ça pour dire, je n'aime être une "fille à papa" que quand je fais faire du shopping ou que j'organise divers événements.

Un léger rire s'échappa de ses lèvres et elle poursuivit, devisant de tout et de rien comme elle aimait tant le faire:
- Mais bon, je m'étale un peu sur ma vie de famille, parle-moi un peu de la tienne.

Réalisant soudain qu'elle avait peut-être commis une gaffe plus grosse qu'elle, la demoiselle enchaîna rapidement:
- Ou de ce que tu veux d'autre...

kerydwen avait essayéde rassurer la blonde. elle semblait tellement mal à l'aise d'utiliser son influence et ses relations pour favoriser quelqu'un. La vampire aimait bien cette attitude, elle aimait le caractère de cette jeune femme. Elle au moins ne profitait pas de son statut pour écraser les autres, ce qui arrivait très souvent.

Bien sûr Kery se doutait que la blonde devait profiter de la situation ce qui était en quelque sorte normal et compréhensible car humain: comment ne pas profitr au moins un minimum de sa situation. La jeune vampire pouvait tout à fait le comprendre puisqu'elle aussi aurait profiter de sa vie d'humaine si elle n'avait pas été abrégée ainsi.

Elle préféra arrêter là ce flash back on ne peut plus douloureux. Un soupir s'échappa de ses lèvres, juste reflet de ses sentiments face à sa nouvelle "vie".

Kerywen n'avait pas l'habitude d'être complimentée puisqu'elle ne parlait jamais à personne. Avant sa transformation elle n'avait jamais été d'une beauté fracassante et remarquable ce qui l'empêchait de sortir de l'ordinaire. C'est cette situation d'être extraordinaire qui la gênait le plus: elle était devenue si seule et si étrange par rapport aux autres. Mais ce soir elle oubliait toutes ces différences pour ressembler à tous ces humains qu'elle enviait.

Elle put seulement lui sourire à nouveau en la remerciant d'un hochement de tête.

La vampire eut confirmation de ce qu'elle pensait: Maïwenn ne profitait pas de sa situation contre les autres, simplement pour des choses relativement bénignes. Elle sourit en pensant aux parents riches qui attendaient tant de leur enfant alors que celle-ci voulait suivre sa propre voix, ce que Kery ne pouvait qu'approuver: chacun sa vie après tout, chacun sa voie.

Et puis finalement, dans une suite logique, la jeune blonde lui posa une question pour en savaoir un peu plus sur sa famille à elle. Elle se mordit inconsciemment la lèvre. C'est cette réaction qui dut faire fléchir Maï qui se rendit peut etre compte d'une bêtise possible -elle ne pouvait pas savoir- et tenta un changement de sujet.

Kerydwen passa un doigt sur ses lèvres lentement, réfléchissant à une réponse probable. De toute façon elle n'avait personne, aucune famille. Elle pouvait au moins être sincère sur ce point là; Ensuite il valait mieux rester obscure sur certains points qui pourraient alerter l'humaine.

Elle lui répondit finalement d'une manière simple qui ne laissait aucun doute sur la véracité de ses dires:

-Et bien je n'ai pas vraiment de famille. Je parcours le pays seule et j'ai décidé de me poser au moins un moment dans le coin.

Une inspiration fut plus douloureuse que les autres et réveilla un peu plus fortement la brulûre lancinante de sa gorge. Elle secoua la tête rapidement pour remettre ses émotions en place, trop vite pour des yeux humains. En revanche elle devint tout à coup nerveuse, expérant que cette soudaine soif ne l'avait pas démasquée, que ses yeux n'avaient pas trahis ce qui se cachait au fond d'elle même: une bête.

Elle réfléchit très vite à la manière continuer la conversation, de prolonger la rencontre pour chasser le froid qui s'était installé, surtout pour elle.

- J'ai comblé en voyageant pas mal dans le monde, surtout en Europe. Tu as beaucoup voyagé toi?

Elle attendit la réponse de la blonde, le regard plongé dans le sien pour détecter un éventuel changement d'humeur et tenter de la rassurer.

Maïween se mit une gifle mentale après avoir posé la question sur sa famille à Kerydwen, et surtout après l'avoir vu se mordre la lèvre d'un air quelque peu mal à l'aise. Maï ou la super boulette avait encore frappé... Comme quoi, il lui faudrait apprendre à tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler un jour!

Enfin elle disait ça, mais elle se savait aussi parfaitement incapable de tergiverser trop longtemps avant d'exprimer ce qui lui passé par la tête. Et c'était cette attitude que sa mère condamnait, mais qui en plus mettait parfois ses interlocuteurs face à leur mauvais souvenirs ou une vérité qu'il préférait éviter de voir. Elle avait franchement l'art et la manière de mettre les sujets qui fâchent sur le tapis, en partant d'une discussion tout ce qu'il y avait de plus banal.

Pour se calmer un peu, elle but deux gorgées de tequila et c'est alors que la bretonne reprit la parole. Elle avoua ne plus avoir de famille et parcourir les routes seule. La blonde se sentit envahie de culpabilité, pour avoir amené ce sujet dans la conversation, mais aussi d'une grande compassion pour la jolie jeune femme à ses côtés.

Bien que Kery eut le tact de passer à autre chose, malgré la difficulté qu'elle avait eut à reprendre la parole, en orientant la discussion sur les voyages, l'étudiante se sentit obligée de s'excuser:
- Je suis navrée d'avoir posé cette question idiote.

Mais autre chose pesait sur le coeur de la jeune femme, qui se devait d'en faire part à Kerydwen:
- Vraiment, tu dois me trouver égocentrique et affreuse de critiquer ainsi ma famille alors que toi... Enfin voilà, désolée.

Les excuses... Malgré sa grande franchise et sa sincérité indomptable, la blondinette n'était pas une spécialiste pour les formuler. Elle avait toujours du mal à présenter ses excuses, parfois par fierté mal placée, plus généralement parce qu'elle ne savait pas quoi dire et se montrait maladroite dans sa manière de dire les choses.

Toutefois, elle préféra ne pas s'étendre sur le sujet et prit la perche que la brune lui tendait:
- Sinon pour en revenir aux voyages, je suis essentiellement partie en vacances avec mes parents. Ecosse et Espagne la plupart du temps, une fois ou deux en Italie, croisière en Grèce aussi... Sinon j'ai été faire un tour sur la côte Ouest avec un de mes ex et je suis allée camper en Californie avec une bande d'amis.

Les expériences de la jeune femme n'était pas si mal, mais ce n'était pas autant que ce qu'elle aurait voulu. Mais on a jamais tout ce que l'on veut n'est-ce pas... Elle reprit, gaiement:
- J'ai été en pension en Angleterre aussi, mais j'ai été renvoyée. Et je rêve vraiment d'aller en France.

Elle sourit à cette dernière réplique et termina enfin son petit monologue:
- Et toi? Tu veux bien me raconter un peu des tes voyages?

La jeune Fornell était friande d'expéditions et au moins tout autant de récit de voyage. Elle avait dévoré le fameux Tour du monde en 80 jour, avait lu les aventures de Marco Polo avec intérêt et ce soir elle allait écouter le récit de Kerydwen, ce qui avait quand même beaucoup plus d'allure que Marco ou Jules...

Après avoir posé sa question la jeune blonde assise en face d'elle semblait mal à l'aise. Kerydwen pouvait comprendre pourquoi même si elle pensait qu'il était inutile de s'en vouloir pour quelque chose d'aussi futile. Les excuses étaient maladroites mais sincères. Elles touchèrent la brune. La compassion et la sollicitude étaient deux sentiments que personne ne lui avait jamais vraiment exprimés.

-Faut pas t'en vouloir tu sais, il n'y a aucun malaise. Je vis bien avec çà. N'hésite pas à parler de ta famille. Au contraire j'aime beaucoup entendre ce genre d'histoires. Et puis la vie de chacun est différente alors dans ton cas tes parents doivent être exaspérants, au moins par moment.

La dernière partie avait été ajoutée avec un clin d'œil et un sourire qui se voulait rassurant.

Avec un soulagement elle vit Maï répondre à sa propre question et enchaîner sans vraiment tenir compte de ce petit moment de malaise. Pour une humaine la petit blonde avait visité pas mal d'endroit par rapport à son jeune âge. A la mention de la pension elle rit un peu: elle se rappelait de cette ambiance lorsqu'elle même était à l'école en France à son époque. Discipline. Les temps avaient quelque peu changé.

Lorsqu'enfin Maïwenn lui demanda les récits de ses propres voyages elle avait tellement l'air surexcitée que Kery pensa immédiatement à une petite fille attendant ses cadeaux de Noël: les yeux brillants, avancée sur sa chaise.

-Tu veux vraiment tout savoir?! Je te préviens le récit peut être long.

Puis elle réfléchit et se rendit compte que si elle racontait vraiment tout ce qu'elle avait fait cela paraîtrait beaucoup trop impossible : comment quelqu’un d’humainement normal pouvait avoir visité autant de pays, d’endroits en si peu de temps.

Voyant que la blonde n’émettait aucune objection et ne faisait aucun commentaire elle soupira et enchaîna d’une manière résumé, en affichant toujours un léger sourire :

-Bon pour faire court j’ai parcourut une grande partie de l’Europe depuis la France où je suis née. Après j’étais partie pour un tour des Etats Unis en me posant à chaque fois pendant de petits laps de temps à chaque fois. Voilà pourquoi j’ai échoué à Forks.

Elle réfléchissait à grande vitesse pour trouver un moyen de poursuivre la conversation sans éveiller de soupçons sur son étrange longévité.

-Comment se fait-il que tu ne sois jamais allée en France ? Tu as pourtant visité pas mal de pays européen. Je pensais que le destination fétiche des jeunes américains était Paris.

Elle rigola devant la stupidité de ses paroles : elle détestait les clichés et les stéréotypes et voilà qu’elle en utilisait un. Et un beau.

Kerydwen rassura la jeune femme, lui expliquant qu'il n'y avait nul malaise et qu'elle appréciait s'entendre raconter ces histoires de famille, banales et sans grand intérêt aux yeux de la jeune blonde. Cette dernière répondit par un sourire complice au clin d'oeil entendu de son interlocutrice et un sans le moindre mots, elles se comprirent. C'était de ces échanges qui n'avait nul besoin de parole inutiles et encombrantes, de la compréhension pure et simple. Pas de magie ou de télépathie là dessous, juste de l'écoute et un rapport confiant et serein.

La belle brune eut un rire en l'entendant parler de la pension qui l'avait accueilli durant un temps très bref. Maï ne voyait pas spécialement ce que cela avait de drôle mais bon d'un point de vue extérieur... Ou alors son interlocutrice s'imaginait les raisons de son renvoi et son attitude, qui pouvaient certainement prêter à sourire.

Ensuite, la jeune femme retourna la question et la française ne parut pas enchantée, lui demanda si elle voulait vraiment s'entendre raconter un long récit. La jeune Fornell hocha la tête avec un sourire jusqu'au oreilles, comme une enfant à qui on aurait demander si elle voulait déballer son plus gros cadeau de Noël en premier. Elle pouvait se montrer incroyablement puérile pour une adulte de vingt et un an . La brune soupira et fit un résumé concis de ses expéditions.

Maïween essaya de ne pas montrer sa déception, elle aurait préféré que Kery détaille un peu plus, lui décrive la beauté des sites qu'elle avait put voir, qu'elle lui cite ses voyages préférés, qu'elle lui conte quelques croustillantes anecdotes. Mais peut-être ses voyages lui rappelaient-ils de mauvais souvenirs, peut-être que les raisons de tout ces départs étaient douloureuses, peut-être qu'elle n'était pas partie de son plein gré...

Alors la blondinette, qui savait très bien qu'elle venait de gaffer, préféra se taire pour ne pas réitérer la chose. Elle se contenta d'adresser un petit sourire à la brune et de hocher doucement la tête. La bretonne fit alors part de son étonnement à sa compagne d'un soir; elle n'était jamais allé en France alors qu'elle avait visité deux des pays frontaliers. Pourtant les américains adoooraient la Ville des Lumières c'était un fait établi.

L'envoutante jeune femme rit alors de sa propre image stéréotypé du jeune américain à la recherche du romantisme sous la pluie parisienne. L'image faisait à la fois sourire et rêver l'héritière, qui avait malgré son réalisme pessimiste, une de âme romantique déçue. Ce fut à son tour de grimacer quand elle répondit:
- J'aurais dû aller à Paris, quand j'avais seize ans, mais comme c'est l'année où je me suis disputée avec mes parents ils m'ont coupé les vivres et m'ont interdit de partir...

La déception s'entendait dans sa voix, mais elle savait qu'elle l'avait un peu cherché même si elle ne l'avouerait jamais,surtout pas à sa mère. Ne pas parler à ses géniteurs durant trois cent soixante cinq jours, cela implique quelques sacrifices et la jeune fille était suffisamment bornée pour ne pas céder et les endurer.

Elle retrouva toutefois bien vite son énergie et expliqua:
- Mais bon j'irai, une fois l'année prochaine finie normalement. Si je réussis mes examens finaux assez bien, j'entre dans un programme pour faire mon année facultative à la Sorbonne. Je suis en bonne place d'après le doyen et mon prof de littérature doit me faire une lettre recommandation...

La blonde adorait l'université, elle s'y sentait bien. Pas uniquement à cause du nombre de fêtes et d'amis qui se trouvait là-bas mais aussi parce que c'était loin du petit monde étriquée dans lequel on voulait l'enfermer. En Alaska, l'influence de ses parents ne faisaient rien, elle avait gagné l'estime du doyen par ses bons résultats et son engagement et nombre de ses professeurs l'estimait pour ses qualités intellectuelles, pas parce qu'elle était la fille de.

Elle reprit donc, d'une voix douce:
- J'adore l'université. C'est ma troisième année à Juneau, je commence à connaître et je m'y sens bien, ça me change un peu de toute ça...

Tout ça quoi? Sa vie planplan certainement. Mais en contre-partie, c'était à Port Angeles que se trouvait ses amis les plus proches, John, Logan et les gens avec qui elle avait suivi sa scolarité. L'étudiante continuait, intarissable une fois lancée:
- Enfin bref, Paris c'est mon rêve de gosse quoi! Et toi, il y a quelque chose que tu voudrais particulièrement faire, un rêve, une ambition?

Face au court résumé qu'elle avait fait de ses voyages, la réaction de la blonde fut exactement celle que la vampire avait imaginée: la déception se lisait sur chacun de ses traits. Cela navra la brune. Elle ne voulait décevoir personne et surtout pas sa première véritable connaissance depuis plus de cinquante ans. Mais cela était nécessaire. Son existence devait rester secrète vis à vis de l'espèce humaine. Personne ne devait savoir ce qu'elle était. Elle ne faisait plus partie de la nature.

Kerydwen vit alors que son enchaînement avait marché lorsque sa compagne rit: elles avaient apparemment la même image du stéréotype romantique dans la capitale parisienne. Mais rapidement ce sourire se transforma en une grimace: sa vie familiale n'avait pas l'air de tout repos. La brune ne put non plus retenir une grimace devant la situation étrange de la jeune femme: une famille riche et puissante mais qui laissait un de ses membres dans le besoin. Ce n'était pas ainsi qu'elle avait été éduquée. Mais son éducation était peut être dépassée à présent.

Finalement la joie revint alors que les projets d'un voyage futur en France se dessinaient. Dans son esprit l'immortelle revit les paysages de son enfance, la mer se brisant sur les falaises et les digues, le vent balayant les plaines à l'odeur de sel.

Ce fut le changement dans le ton de Maïwenn qui réveilla la vampire qui réveilla la jeune vampire de ses pensées mélancoliques et nostalgiques. Elle sentit alors dans sa voix que la jeune blonde aimait son université. Dans sa voix tout le bonheur et la tranquillité qu’elle ressentait là bas ressortaient. Comme si cela était la solution pour fuir sa famille, ses obligations, ses habitudes.

La conclusion renforça les convictions de la française : la ville de Lumière était bel et bien la destination préférée des américains. Elle soupira : la France lui manquait.

Son rêve, son ambition était inavouable pour des oreilles humaines tout simplement parce qu’elle n’étai pas censée exister. Personne n’était au courant que les vampires parcouraient réellement le monde, s’abreuvant souvent du sang des mortels comme la jeune blonde. Mais Kerydwen n’était pas comme çà. Elle n’avait jamais voulu devenir ce monstre. Son seul rêve était de redevenir de chair et de sang, de quitter ce corps de pierre et de glace pour retrouver la chaleur, réentendre les battements de son cœur.

Elle secoua la tête pour chasser toutes ses pensées négatives. Heureusement –ou malheureusement- qu’elle ne pouvait pas pleurer.

-Je n’en sais trop rien. Je n’ai jamais vraiment trop réfléchi à cette question.

Après quelques secondes de pause réflective elle enchaîna :

-Je dirais tout simplement faire ma vie avec quelqu’un et être heureuse pour toujours. Un peu beaucoup cliché non ?

La dernière phrase avait été dite sur le ton de la plaisanterie pour ne pas entacher l’humeur de cette conversation. Il ne lui faudrait que quelques minutes pour remettre ses esprits en place. Elle enchaîna immédiatement pour donner le change, pour continuer la conversation tout en gagnant du temps pour se calmer :

-Et sinon, je ne voudrais pas paraître indiscrète, si tu ne veux pas répondre il n’y a aucun soucis. Tu as trouvé un prince charmant ?

L’appellation n’était pas hasardeuse car à l’époque où elle avait grandi les jeunes filles étaient toutes éduquées selon des principes stricts. Et un des ceux-ci étaient le grand amour accompagné du prince charmant. Elle était friande enfant de contes avec de jolies princesses et des princes aux grands destriers.

Après que Maïween eut à nouveau déballer un peu sa petite vie, ce qui ne semblait pas déranger la jolie brune plus que ça, cette dernière avait l'air un peu pensive et mélancolique. L'étudiante suppose que la jeune femme devait se sentit nostalgique de sa France natale dont elle était en train de parler... Mais cela ne dura pas et Kery répondit à la question, sans vraiment y répondre en fait.

Mais après une pause, elle avoua désirer trouver quelqu'un avec qui passer le restant de ses jours, en nageant dans le bonheur si possible. En d'autres circonstances, la blondinette aurait peut-être rit, car comme la Bretonne le souligna elle-même, cette vision hautement idyllique était un peu pathétique. Mais elle se contenta d'un sourire doux, au fond, elle aussi était une romantique frustrée. Combien de fois avait-elle rêvé au même Prince Charmant que Cendrillon et Blanche Neige, à qui elle trouvait maintenant des allures de Ken?

Alors la jeune femme répondit, avec son naturel désarmant:
- Oui, c'est totalement cliché, mais qui n'a pas envie de la même chose. En toute jeune donzelle sommeille une Belle au Bois Dormant un peu naïve.

Bien que la conversation ait le ton de la plaisanterie, les dires de Maï n'en était pas moins véridique. Une grande majorité des jeunes filles rêvaient, au moins en secret de l'Amour avec un grand A. Certaines se forgeaient des airs de femmes fatales aux multiples amants, d'autres jouaient les indifférentes ou les frigides, mais aucune n'était totalement imperméable au syndrome "cul-cul la praline".

La question qui suivit était tellement évidente que la blonde ne s'en offusqua, elle ne voyait pas la discussion prendre un autre tour. Aussi, elle eut un sourire pétillant et répliqua:
- J'ai beaucoup papillonner quand j'étais ado, j'avais une tendance coeur d'artichaut. Puis je me suis rendue compte que je plaisais assez, alors, j'ai eut ma période ou je testais les limites de mon pouvoir de séduction on va dire.

L'héritière Fornelle éclata de rire au souvenir de ses frasques de gamine et reprit:
- J'étais une vraie garce hein quand je m'y mettais, enfin pas que quand je m'y mettais d'ailleurs. Je te raconterais quelques uns de mes coups bas un jour. Enfin ce n'est pas le propos.

Un sourire espiègle et coquin illumina son visage et la blondinette échangea un clin d'oeil complice avec sa nouvelle amie et reprit.
- Bref, on va dire que je me suis assagie et que je ne tombe plus amoureuse tout les quatre matins. Et qu'en ce moment, je n'ai personne.

Après cet étalage de vie privée presque impudique qui lui était propre, elle retourna naturellement la question:
- Et toi, l'âme soeur a-t-il croisé ta route?

Une si belle fille, si charmante, avec des yeux aussi captivants et un esprit aussi vif ne pouvait pas être seule. Ou alors, c'était depuis peu et elle ne tarderait pas à trouver chaussure à son pied...

La façon dont la blonde approuva son rêve profond totalement cliché du Prince Charmant fit sourire Kerydwen mais la rendit un peu plus mélancolique, se morfondant dans sa solitude éternelle. La comparaison avec la Belle au Bois Dormant était tout à fait ce qui convenait à cette image.

Il était vrai que chaque petite fille avait au moins une fois rêvé de partir au loin sur un beau cheval blanc avec son prince charmant. Et même si en grandissant la réalité entachait ses illusions idylliques chacun ou chacune rêvait de trouver l’âme sœur pour l’éternité.

Les confessions de Maïwenn rendaient Kerydwen heureuse car la blonde lui racontait tout ce qu’elle n’avait jamais pu vivre, même si les mœurs étaient différentes à son époque. Elle avait su s’adapter aux différentes modes. Le fait de papillonner était une chose qu’elle aurait peut être aimé essayer, tester son pouvoir de séduction. Elle soupira car cette éventualité ne se produirait jamais. Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait plus. Elle ne devait pas.

Elle ne devait pas continuer à se faire des films sur sa vie hypothétique et illusoire aussi essaya-telle d’imaginer Maï en briseuse de cœur et collectionneuse d’aventures. Et c’était une chose assez sympathique à faire. Mais finalement, comme souvent, la blonde s’était assagie. Et il se trouva qu’elle était célibataire en ce moment ce qui étonna la vampire. Mais elle se garda bien de lui en faire la réflexion pour être sûre de ne pas faire de gaffes.

Puis la blonde lui posa exactement la question à laquelle elle s’attendait sur sa vie amoureuse. La grimace qu’elle fit dû être suffisamment éloquente mais elle répondit malgré tout à la question à voix haute :

-Non il n’y a eu personne, aucune âme sœur à l’horizon.

Voilà qui était une réponse claire et ferme, peut être même un peu trop. Elle secoua la tête, se giflant mentalement pour faire tomber l’ambiance de la conversation à chaque fois. Même si sa vie n’était pas joyeuse elle ne le voulait pas.

Elle inspira alors et la douleur la surprit, foudroyante, dans le fond de sa gorge. Rapidement, peut être trop pour des yeux humains, elle se mit la tête dans les mains pour cacher ses yeux et se maîtriser, maîtriser cette soif soudaine. Kerydwen bloqua sa respiration et attendit quelques secondes.

Il était temps de prendre congé. La brune prit donc sur elle-même avant de respirer à nouveau pour parler :

-Désolée je ne me sens pas très bien. Je crois que je vais devoir rentrer. Je m’excuse encore.

Puis, comme elle ne voulait pas se séparer de cette façon de Maï, elle enchaîna pour ne pas perdre cette relation amicale, sympathique et tellement humaine :

-Si çà te dit je dois retourner à Port Angeles la semaine prochaine pour faire quelques emplettes. Si tu veux m’accompagner il n’y a aucun souci.

Après avoir prononcé ces paroles l’éternelle jeune femme trouva qu’elles étaient quelque peu impolie mais il était trop tard aussi attendit-elle patiemment la réponse de la jeune blonde en retenant sa respiration.

La réponse de Kery, bien qu'elle ne soit pas aussi détaillée et précise que celle de la jolie blonde, n'en était pas moins nette et claire. Pas eu d'âme soeur... Aux yeux de Maï il y avait deux interprétations possibles à cette phrase; soit elle n'avait jamais rencontré quelqu'un qu'elle aimait véritablement, ce qui étaitn tout à fait plausible, soit elle n'avait eu personne au sens littéral. Cette dernière hypothèse semblait stupide pour la jeune femme.

En effet comment une fille aussi belle, aussi intelligente, mystérieuse, charismatique et rigolote ait été célébtaire toute sa jeune vie durant? Impossible et ridicule. Ou alors c'était par choix, par véritable attente du grand amour. Si ce fait s'avérait exact, il était temps pour la française de redescendre de son nuage et de prende conscience que le prince charmant était déjà passé chez Cendrillon et Blanche-Neige et qu'il n'avaitn de charmant que le nom...

Mais si jamais Kerydwen se berçait d'illusions, ce qui semblait peu proprable pour une fille aussi fine d'esprit, autant qu'elle les garde encore un peu. Mais Maïween pensait plutôt que si elle était célébataire endurcie c'était parce qu'elle l'avait décidé pour une raison connue d'elle seule; que l'héritère n'avait pas à connaître.

Brusquement, la blonde réalisa que sa comparse avait la tête dans les mains. Tiens c'était étrange, une secone auparavant elle avait l'air d'aller bien... Mais avant que miss Fornell n'ait le temps d'appronfondir sa réfléxion, la brunette lui expliqua qu'elle se sentait mal et devait filer. Maï s'apprétait à lui proposer de la raccompagner mais elle fut devancée par une invitation à faire des courses la semaine suivante.

L'étudiante se leve, jeta quelque pièces sur la table et répondit avec entrain:
- Je suis toujours partante pour du shopping, on s'appelle!

Kery acquiesca et Maïween lui fit une bise avant de la laisser filer, très vite. Trop vite d'ailleurs... La bretonne avait encore quelques mystères derrière ses yeux envoûtants et son aura superbe. Un air de magnificence qu'il lui semblait avoir déjà vu et qu'elle chercha en se dirigeant vers le centre-ville, rejoindre quelques amis...

» Kerydwen Guirinec