Solitude...(enfin presque)

Le calme, le calme absolu régnait en ce lieu, ce que Logan cherchait sans cesse. Rien ne valait la solitude à ses yeux, pouvoir se retrouver seul avec lui même lui procurait un sentiment de liberté absolu. Il pouvait alors laisser libre cour à ses pensées, il avait la possibilité de réfléchir à sa vie, ce qu'elle fut, ce qu'elle était, et beaucoup plus angoissant, ce qu'elle serait. Et ça il n'en savait vraiment rien. Il avait un mal fou à envisager le futur; sans doute parce qu'il y avait trop de zones d'ombres dans son passé.

Celui-ci le hantait presque chaque jour ces temps ci. Qu'avait-il bien pu arriver à ses parents? Etaient-ils morts, l'avaient-ils abandonné? Les avait-on enlevé? Autant de questions qui resteraient probablement à tout jamais sans réponse! Et pourtant comme il aurait voulu savoir pour en finir définitivement avec ses angoisses.

Il se promenait de long en large sur cette plage immaculée, espérant trouver des réponses qui ne viendraient jamais. Il profitait malgré tout du beau temps si rare dans cette région. Mais le simple fait de revenir à cet endroit qu'il avait toujours aimé depuis l'enfance lui procurait un sentiment de paix intense. Il entendait le bruit du ressac, les vagues qui venaient s'échouer sur le sable résonnaient comme une douce musique à ses oreilles.

Après quelques minutes de promenade, il décida de s'asseoir au bord de l'eau. La mer venait carresser ses pieds nus tandis qu'il sombrait à nouveau dans la mélancolie. Il allait être mouillé jusqu'en haut de son dos si le niveau de l'eau continuait à monter, mais il s'en fichait; de toute façon être présentable était loin de faire partie de ses priorités. En cet instant, seul le silence et le calme comptaient pour lui.

...

Il se réveilla humide des pieds à la tête, il avait du s'endormir car il était allongé sur le sable mouillé. Lentement il se releva et entreprit de se débarrasser de sa chemise qui lui collait à la peau.Torse nu, il ne grellotait pourtant pas du tout; au contraire, le vent lui faisait l'effet d'un baume apaisant sur ses plaies ouvertes.

Il mis son linge sur son épaule, puis se remit en marche pour regagner sa voiture. Arriver à une dizaine de mètre de celle-ci, il stoppa net. Quelque chose lui semblait soudain étrange; il ne savait pas pourquoi mais il avait l'impression d'être observé. Il regarda autour de lui sans voir personne, pourtant il ressentait une sorte de malaise; comme si quelqu'un était tapi quelque part à le regarder. Soudain, il se raidit, il avait entendu un bruissement provenant des minces arbres qui délimitaient les abords de la plage.

Il sentit un frisson parcourir sa nuque, et se prépara à se défendre en cas d'agression!

Invité

L'air était plutôt frais, le soleil pointant enfin le bout de son nez sur cette bourgade où il se cachait derrière les nuages la plupart du temps. Enfin, l'air était frais, il devait l'être, parce que l'on était au bord de la mer, les effluves de l'océan venaient, portées par le vent, et quelques animaux ne voulaient pas sortir le bout de leur nez ; mais Naïs ne le sentait pas. Elle était fidèle à elle-même sans avoir ni chaud ni froid, s'accommodant toujours de la même manière au temps qu'il faisait, n'était jamais indisposée par le froid ou la chaleur... Elle sentait les grains de sable glisser sous ses pieds, crisser les uns contre les autres alors qu'elle marchait sur la plage. Elle s'était approchée de la réserve d'indiens mais n'avait pas osé aller les voir. il n'était pas encore temps, et son instinct le lui criait. Elle n'allait jamais contre son instinct, car plusieurs fois il l'avait sauvée de situation rocambolesques et elle lui devait beaucoup. Plusieurs fois la vie, même. Sinon, il n'aurait pas été instinct de survie de toute manière, puisque l'instinct est, à la base, de survie. La louve leva les yeux vers le ciel aux moutons blancs, cumulus épars dans l'étendue azur qui s'étendait au dessus de la Terre.

Elle repensa aux vampires qui l'avaient laissée en vie, elle repensa à cet Edward qu'elle avait rencontré quelques jours plus tôt. Les vampires étaient de bien étranges créatures, tout autant que les loups-garous d'ailleurs. Que de légendes et si peu de réalité ! Comme si l'irrationnel avait une place dans le réel, dans le monde où tout n'était que contraire d'imaginaire... Et pourtant. Pourtant, que faisaient des créatures tels qu'elle et ces ennemis naturels dans un monde ainsi fait ? Comme si tout n'était plus que rêve, plus que songe, plus qu'imagination débridée. Mais après tout, si elle était là, c'était que ce monde avait droit à ses exceptions étranges ! Elle n'aurait pourtant pas été surprise de croiser à un tournant un centaure ou une créature du même acabit. Après tout, pourquoi pas ?

Soulevant des gerbes de sable en lançant ses orteils vers son visage, Naïs regarda la mer. Les vagues étaient calmes, elles venaient s'écraser doucement sur la baie, sur la plage où elles humidifiaient constamment un sable qui ne parvenait pas à se réchauffer sous les rayons timides du soleil. Soudain, une odeur vint faire palpiter ses narines et son coeur. Elle regarda sur la berge, au loin, et finit par apercevoir un individu allongé sur le sable, les pieds dans l'eau. Elle décida de s'approcher sans se faire voir, c'est ainsi qu'elle se réfugia dans la lisière des bois voisins à la plage et s'avança vers la personne. Tendant l'oreille, la louve put affirmer que cet individu dormait, et, sentant, elle pouvait de même dire que c'était un homme. Doucement, elle s'en approcha et le regarda.

Il était donc allongé sur la berge, les pieds dans l'eau. Les vagues semblaient se faire un plaisir à monter et venait lui lécher presque le bassin, même avec son pantalon. Il avait d'ailleurs une tenue rudimentaire, peut distinguée et à la fois singulière. Un look un débraillé, mais non travaillé comme les affiches de groupes de musique que la louve avait pu apercevoir. Ses cheveux bruns ondulaient dans la bise douce provenant de la mer et ses yeux étaient fermés, dévoilant mieux qu'ouverts la blancheur de la peau du garçon. Sa respiration était calme, mais une odeur d'hormones souffla à Naïs qu'il allait bientôt se réveiller, ou bien passer dans une phase de sommeil agité.

Ce fut le sommeil agité.

Il marmonna quelques paroles incompréhensibles, indifférent aux vagues qui venait presque lui lécher le visage, mouillant le sable sur lequel il reposait. Le soleil déclinait, mais Naïs ne voyait pas le temps passer, comme s'il s'était arrêté pour elle. Pourquoi ne pouvait-elle pas bouger ? Pourquoi restait-elle là, pétrifiée devant la simple vue d'un jeune homme endormi sur la plage ? Elle ne voulait pas le quitter des yeux, comme si c'était vital pour elle de l'avoir dans son champs de vision, comme si elle le connaissait depuis toujours sans l'avoir trouvé...

C'est alors qu'il se réveilla. Il regarda autour de lui, comme dérouté un instant. Puis il regarda sa tenue qui lui collait à la peau et ôta sa chemise. La passant par dessus son épaule, il lança un dernier regard vers la mer puis s'en alla en marchant. Naïs le regarda partir, encore pétrifiée. Soudain, il fut plus proche d'elle. Et sa tête explosa.

Des milliers de couleurs, des milliers de mots, de souffles, d'instants, de lieux arrivèrent en même temps à sa mémoire ; Une odeur l'enivra, la faisant presque basculer à la renverse ; Une mélopée qu'elle n'avait entendue qu'une fois monta en elle, vrillant son cœur, faisant palpiter son sang dans ses veines. Elle se sentit trembler, sur le point de perdre le contrôle d'elle-même, alors que depuis bien longtemps elle n'avait plus eu ce problème ! Que se passait-il ? Il n'y avait plus rien ! Rien ! Où était-il ? Il fallait qu'elle soit à côté de lui, il fallait qu'elle puisse le voir, le sentir, sentir son odeur, vérifier qu'il ne mourrait pas. Il lui était indispensable ! Oui, c'était cela, indispensable ! Elle ne pouvait plus rien faire sans lui, elle ne le connaissait même pas mais l'évidence la frappa de plein fouet. Des flashs blancs la traversèrent de part en part, une seconde elle vacilla et s'appuya à un arbre... Qu'elle faillit déraciner !

Secouant la tête, elle tenta tant bien que mal de se reprendre. Il l'avait entendue, tant mieux ! Elle accourut où elle le sentait, elle s'arrêta à quelques pas. Il était magnifique ! Elle qui ne l'avait trouvé que banal jusque là, juste en le voyant de loin, il irradiait maintenant d'une lueur qui lui brûlait les yeux tant elle était forte et vive. C'était pour cela qu'elle était resté pétrifiée deux heures durant ? Elle n'arrivait même plus à réfléchir, elle ne faisait que ressentir une nouvelle sensation à la force exceptionnelle, à l'envergure inimaginable ! Il était là, en face d'elle, et cela seul comptait à présent. Peut-être faudrait-il faire sa connaissance ? Elle n'en savait plus rien. Elle sentait ses yeux briller d'une lueur farouche, son coeur accélérer sans raison, mais reprenait peu à peu ses esprits. Un sourire rayonnant de bonheur vint se ficher sur son visage alors qu'elle lançait sur un ton grave et guilleret en même temps :

- Salut !

Le jeune homme la regardait bizarrement. Elle le concevait bien, mais ne parvenait pas à se dire qu'il pouvait la trouver folle, pas à son goût. Elle était là pour lui, et c'était tout. S'il ne voulait pas d'elle, elle serait son ange gardien, à ses côtés pour le sauver, quoi qu'il en dise. Et pourtant, elle le voulait tout entier... Ses pensées s'emmêlaient dans une cacophonie incessante, bruyante et totalement illogique...

Anxieux et crispé, Logan scrutait les arbres avec attention, s'attendant à en voir débouler un animal quelconque. Il était tendu et concentré, aussi qu'elle ne fut pas sa surprise quand il aperçut une jeune femme sortir de l'ombre de la forêt. Saisit, il mit un moment avant d'assimiler l'information, puis se décontracta progressivement. De là où il était, il ne la voyait pas très nettement, mais au premier abord elle n'avait pas l'air d'être dangereuse. D'ailleurs, pourquoi une jeune fille sur une plage serait-elle dangereuse? Ce genre de pensée n'avait rien de rationel se dit-il! Il se demandait par contre pourquoi elle était restée dans l'obscurité et ne s'était décidée à en sortir que quand elle avait dû s'apercevoir qu'il avait senti sa présence.

Son naturel renfermé et suspicieux commençait à reprendre le dessus. Une fois la surprise passée, il redevenait lui même. La présence de cette fille l'importunait lui qui avait cru être seul. Il se pouvait même qu'elle ai été là depuis le début et qu'elle l'avait observé à son insu. Rien que cette idée l'indignait, ce serait comme avoir porté atteinte à son intimité! En parlant d'intimité, il se souvint d'un coup qu'il était torse nu. Sa chemise n'était pas sêche, mais il la remit aussitôt; il n'était pas du genre à s'exhiber devant une inconnue. Question de pudeur et de bonne éducation.

La jeune femme finit par se rapprocher de lui, elle vint assez près pour qu'il puisse la détailler de meilleure façon. Elle était de taille moyenne, blonde, assez jolie mais dans un style pas du tout propre sur elle; elle dégageait quelque chose de sauvage, d'animal presque dans sa façon de se tenir et de marcher. Et surtout, elle le regardait avec insistance, ce qui le rendait un peu mal à l'aise. Ses yeux semblaient étinceler d'une lueur autre que celle qui signifiait une certaine forme d'intérêts; elle le détaillait entièrement, il avait l'impression d'être une bête curieuse! Elle finit quand même par rompre le silence en lui adressant un salut.

Euh salut.. Répondit-il à son tour plus par réflèxe qu'autre chose.

Il était mitigé, il avait envie de partir le plus vite possible et d'un autre côté, il ne le souhaitait pas. Là il commençait sérieusement à dérailler s'il ne savait même plus ce qu'il voulait. Mais il avait beau ne pas se sentir au mieux, il était incapable de détacher son regard du sien. Il la vrillait littéralement du regard, à tel point qu'il en était gèné; elle allait certainement mal le prendre! Il aurait voulu bouger ou dire quelque chose d'intelligent mais il n'y arrivait pas et ça le troublait car ce n'était pas dans ses habitudes.

Mais il devait faire quelque chose, n'importe quoi mais il ne pouvait pas rester comme ça!

Euh je crois pas t'avoir rencontrer, t'es du coin? Parce que t'as pas l'air d'une Quileute en fait !

Oui d'accord il n'y avait rien de plus bâteau que ça mais il ne savait franchement pas quoi dire d'autre dans cette situation étrange.

Invité

Souffle imperceptiblement décontracté. Naïs regardait toujours cet homme. Son coeur était affolé, son corps lançait des tonnes de toxines mais elle s'efforçait de ne pas bouger. Elle pouvait avoir l'air repoussante, ou trop avide aussi... Il la regardai droit dans les yeux et elle crut qu'elle allait succomber. L'insistance de son interlocuteur la fit sourire car elle pouvait voir au fond de ses yeux une envie de fuir tout à fait normale et pourtant il restait lui aussi planté là. Ses yeux regorgeaient d'informations diverses, d'une certaine envie de solitude mais aussi d'une gêne. Peut-être était-ce pour ça qu'il avait remis sa chemise, mais Naïs n'en tenait pas rigueur. Habillé ou non, il restait indiciblement beau, comme auréolé d'une lueur divine, comme aspergé d'un parfum envoûtant et aphrodisiaque, comme entouré d'un hâle de douceur surprenante.

Il avait répondu un peu en retard à son salut, mais elle ne l'avait pas remarqué. Ces choses là sont insignifiantes, tant qu'elle pouvait être à ses côtés, de quelque manière que ce soit ! Car elle ne pouvait plus rien envisager sans lui. Comprenant enfin ce qu'il lui arrivait, alors qu'elle ne connaissait pas ce jeune homme, qu'elle ne l'avait jamais rencontré auparavant, elle baissa les yeux un instant et soupira doucement. Ce qui ne la calma pas pour autant. Les effets physiques que lui faisait le jeune homme ne s'atténueraient d'ailleurs probablement jamais. Elle venait de s'imprégner ! Cette pensée la fit sursauter, comme si c'était impensable pour elle. Elle en avait toujours rêvé, mais là, comme ça, sans rien d'autre que cette envie qui montait en elle sans raison autre que son statut de louve, elle ne parvenait pas à réaliser. Cela n'avait d'ailleurs peut-être pas d'importance ?

La louve planta à nouveau ses yeux dans ceux de l'homme. Il prononça quelques mots à la suite, mais ne semblait pas à même de faire une phrase complète tout de suite. Elle était dans un état pire, mais ayant l'habitude des situations embarrassantes, elle réussit à modeler quelques phrases dans sa tête avant de les prononcer :

- Les indiens de la réserve ?

Elle réfléchit un instant.

- Je ne suis pas du coin, je viens d'Amérique du Sud. Je leur ressemble, c'est vrai...

Elle leur ressemblait en effet bien plus qu'il ne pouvait encore l'imaginer ! Cette pensée lui tira un sourire et elle lança à son interlocuteur :

- Je suis Naïs.

Le détaillant toujours, mais avec moins d'insistance, elle se mit à rêver. Que feraient-il, lorsque cet échange serait terminé ? Allait-il s'en aller et ne voudrait plus la revoir ? Ou bien...? Son dos était excessivement tendu et Naïs s'étira, coudes vers le haut. Elle le regardait et avait conscience que son regard le gênait mais elle ne pouvait s'en empêcher. Il était tellement absurde, là, aussi brillant de beauté, aussi brillant de surprises diverses, aussi brillant de tout ce qu'elle avait besoin... ne rêvait-elle pas ? Non, dans ses rêves elle ne se contrôlait jamais, était louve presque à chaque instant. Et les sentiments qu'elle éprouvait là n'était qu'humains. D'une humanité persistante, improbable, cet élan de passion et de tendresse à la fois, d'inquiétude et de soulagement, de bonheur...

- Je suis Naïs!

Rien que ces mots avaient fait faire à bon à son coeur dans sa poitrine, plus il la regardait (ce qui devenait de plus en plus gênant), plus il perdait de sa volonté. Pourtant elle n'avait rien fait pour cela, mis à part qu'elle le dévisageait aussi, elle n'avait montré aucun empressement, ni aucune espèce d'impatience; juste un peu de nervosité peut-être, qu'il arrivait à percevoir. Il ne s'expliquait d'ailleurs pas pourquoi cette nervosité, aussi de ce son côté que du sien; il n'étaient après tout que deux jeunes gens sur une plage, rien que de très banal en somme.

Cependant, la tension qui résidait dans l'air, lui avait fait comprendre dès le départ que cette fille ne devait rien avoir d'ordinaire justement. Comme il l'avait décellé au début, elle dégageait toujours cette aura un peu sauvage et dangereuse, cela n'avait pas été qu'une première impression; c'était encré en elle. Dans chacun de ses gestes, dans sa voie et son comportement. Logan aurait surement dû être éffrayé par une fille comme elle, semblant capable de faire tout et n'importe quoi à tous moments (après tout, elle était resté à l'observer pendant très longtemps il en était sûr à présent), pour autant, il n'avait pas peur!

Lui qui avait pensé partir au début n'en éprouvait soudainement plus l'envie. Mais ces yeux, comme ils le scrutaient, et lui comme il répondait à ce regard avec la même intensité, jamais il n'avait dévisagé quelqu'un de cette façon. Il fallait que cela cesse, il ne supportait plus cette situation. Il n'avait d'ailleurs pas envie d'être grossier. Curieusement, il se souciait de ce que cette fille pourrait penser de lui alors que d'ordinaire il s'en serait fichu éperdument.

Au prix d'un suprême effort, il parvint à détourner le regard et à le porter vaguement sur la plage. Il passa ses mains dans ses cheveux encore humide comme pour chasser sa nervosité, puis fixa un point derrière l'épaule droite de Naïs, pour qu'elle ne pense pas qu'il ne voulait pas la regarder tout en lui adressant la parole!

Enchanté, moi c'est Logan

Il lui tendit la main car inconsciemment, il avait envie d'un contact physique avec elle.

Et tu viens de quel coin alors si tu n'es pas d'ici? Moi je suis de port Angeles, mais je viens ici dès que je peux pour être au calme.

Parler, seul cela comptait désormais, il ne voulait pas l'admettre, mais il ne voulait pas qu'elle parte; il voulait prolonger cet instant le plus longtemps possible. Il n'avait jamais connu ça , mais elle venait de pénétrer dans sa vie, et sans savoir pourquoi exactement, il refusait de toute ses forces qu'elle en sorte. Quelque chose lui disait que cette rencontre n'était pas dûe au hasard. Ce qu'il avait ressenti était trop fort pour cela, il désirait sa compagnie comme avec nulle autre avant elle, il fallait qu'elle reste là coûte que coûte.

Invité

Comment se pouvait-il qu'un homme puisse être ainsi, aussi lumineux, en parfaite harmonie avec ce qu'elle avait toujours eu besoin sans pour autant le formuler, ni savoir comment le formuler. Comment pouvait-il s'accorder avec tant de perfection à sa perception des choses, à elle qui n'avait jamais pensé s'établir un jour. Certes, elle en avait rêvé, mais de là à ce que cela se produise ! Elle avait du mal à y croire et pourtant, il était là, n'ayant pas bougé, toujours aussi magnifique, enveloppé d'une aura laiteuse, d'une aura divine comme elle n'avait jamais imaginé voir.

Dans les yeux de l'homme, il n'y avait plus de place pour une envie de fuite. Au contraire d'ailleurs. Il semblait pouvoir rester là autant de temps que nécessaire. Il semblait par contre un peu inquiet, des petites rides s'étant creusées sur son front. Mais la louve le dévorait des yeux, encore, et le regard de l'autre ne la gênait aucunement. Elle aurait même aimé que cela ne cesse jamais, car elle avait l'impression de compter pour ce garçon. Elle, compter ! C'était sûrement la première fois qu'elle envisageait cela, et cela lui procurait un certain plaisir, il fallait le souligner.

Le jeune homme répondit à son prénom en lui donnait le sien. Logan. Un prénom qui faisait froncer le nez à Naïs, sans raison. Un prénom fort en caractère et un peu bourru, selon elle. Elle aimait bien. Par contre, la main qu'il lui tendit la fit froncer les sourcils. Une poignée de mains ? N'était-ce pas... comment dirait-elle... Trop formel ? Il était sa lumière, son âme soeur, celui qu'elle avait attendu, cherché aussi peut-être. Il représentait à présent toute sa vie, alors il n'y avait pas de raison de se saluer de contact aussi formel. Baissant les yeux sur sa main, Naïs la détailla quelques secondes. Il avait de longs doigts, des longs doigts de pianiste, de musicien en tout cas. Ses paumes avaient l'air un peu rugueuses mais douces, bien que pas habituée à travailler autre chose que des objets musicaux. Elle sublimait ces mains. Ses yeux oranges étaient écarquillés de surprise, encore. Elle planta ses yeux dans ceux de Logan et sourit tendrement.

Il venait de Port Angeles. La louve ne connaissait pas le coin donc ne savait pas d'où il venait exactement mais il semblait connaître les environs, puisqu'il avait dit qu'il ne l'avait jamais vue ici. Oui, il devait être du coin. La louve leva les yeux vers le ciel qui s'était couvert de cumulus éparts. Que devait-elle dire ? Que devait-elle faire ? Peut-être se posait-elle trop de questions...

- Je viens d'Amérique du Sud, de je ne sais où. Dans la forêt. Enfin, dans la jungle plutôt...

Elle se détourna et détailla les alentours, ouvrant ses perceptions à de nouvelles choses pour trouver plus d'informations. Puis elle se retourna et s'approcha d'un pas vif du jeune homme. A cinquante centimètres de lui, elle passa outre sa main en l'ignorant et approcha ses propres doigts du visage de Logan, pour les y passer furtivement. Caresse d'un instant. Et, d'un coup, elle fit un bond en arrière, soucieuse de la réaction du jeune homme. Ses yeux criaient son envie de le toucher à nouveau, mais elle se montra prudente. Elle ne savait que trop mal comment il régissait, elle ne le connaissait pas, bien qu'elle le connût depuis toujours en quelque sorte. Pensée étrange. Déroutante.

- Tu ...

Naïs était hésitante... Elle n'osa même pas continuer sa phrase.

Il obtint une réponse à sa question, elle n'était pas d'ici comme il l'avait soupçonné. L'amérique du sud, voilà bien un endroit qu'il ne connaissait pas. Petit il avait beaucoup voyagé avec ses parents, mais ils étaient surtout aller en Europe; le royaume-uni principalement. En même temps, à cet instant, il n'avait que faire de savoir où pouvais bien se trouver l'amérique du sud (enfin il le savait bien sûr, mais son esprit était en décalage là); seul comptait cette fille, peu importe d'où elle vienne.

Il se demandait comment il pourrait établir une certaine proximité entre eux sans qu'elle le prenne mal; mais il le désirait ardemment. Il n'en pouvait plus d'être là, figé comme une statue à attendre il ne savait qui d'ailleurs. Il allait faire un pas en avant, quand elle le prit de court; écartant sa main, elle se planta juste devant lui et lui toucha la joue. L'émotion le submergea, une étrange chaleur émanait de cette main; elle le brûlait mais c'était une douce brûlure. La sensation était intense, sur une pulsion, il faillit lui attraper la main pour qu'elle ne l'enlève pas de là où elle était, mais elle se recula brusquement d'un bond.

L'angoisse le prit, lui qui ne voulait d'ordinaire de contact avec personne était affligé qu'elle se soit écarter de lui de cette façon. Avait-il fait quelque chose de mal? S'était-il montré maladroit? Si tel était le cas, il faudrait qu'il répare, il ne pourrait pas la laisser partir sur un malentendu (enfin pas si malentendu que ça en fait).

Il allait se précipiter vers elle et faire en sorte qu'elle l'écoute pour dissiper la mauvaise opinion qu'elle aurait pu avoir de lui tout d'un coup, mais elle ne sembla pas vouloir reculer d'avantage, elle paraissait même sur le point de dire quelque chose, mais à peine sa phrase entamée, elle s'arrêta.

Non je t'en pries, tu voulais me demander quoi ? Si je peux t'aider ou te répondre, je le ferai sans hésitation. Mais parle moi je t'en prie, je ne veux pas que tu partes maintenant!

Il avait dit cela d'un trait s'en vraiment y réfléchir, et avait peur qu'elle se moque de lui après cela, mais tant pis, il ne regrettait pas en fait. Autant se jeter à l'eau de toute façon il n'avait rien à perdre; au pire il ne la reverrait plus, même si ça le ferait souffrir. A quoi bon se retenir, autant aller jusqu'au bout de ce qu'il ressentait. C'était peut-être ça qu'on appelait communément "coup de foudre"!

Invité

Naïs avait bien regardé la réaction du jeune homme. Il avait semblé affligé d'abord, puis un énorme doute avait empli ses prunelles. il croyait que c'était à cause de lui qu'elle s'était écartée ! En quelque sorte oui, mais il n'avait rien fait de mal, bien au contraire. Apparemment, il n'avait pas mal réagis à sa caresse en elle-même, bien au contraire, puisque la louve entendait les battements de son coeur accélérer de plus en plus, alors que lui aussi la détaillait. Il tenta de la retenir, mais elle était déjà partie, il tenta de la rattraper mais elle n'était pas partie. Il lui souffla quelques mots, alors qu'elle-même n'avait pas fini sa phrases, quelques instants plus tôt. Il semblait suplicateur, ne voulait vraiment plus qu'elle s'en aille. Cette nouvelle mit un baume au coeur de Naïs, qui se croyait jusque là inutile. Le jeune homme avait l'air d'avoir les mêmes sensations qu'elle, même s'il n'était pas un loup garou, même s'il ne pouvait pas s'imprégner. Rien qu'à entendre le son de son coeur battant sourdement, rien qu'à entendre sa respiration légèrement saccadée, elle savait qu'il n'était pas indifférent. Loin de là.

Naïs lui sourit et ajouta, sur un ton bas et tendre :

- Ne t'inquiète pas, je ne partirai pas.

Elle détourna la tête, perdant son regard sur l'horizon. On apercevait encore la plage de là où ils étaient, on pouvait voir les vagues arriver doucement sur la berge, s'enrouler autour d'elles-même dans un élan d'écume blanche. Les nuages arrivaient, charriés par le vent venant du large, la pluie s'annonçait imminente alors que, quelques minutes plus tôt, le soleil répandait encore ses rayons de chaleur sur le sable humide de cette plage de La Push. Le ciel gris faisait résonner en elle une drôle de pulsion, la faisait gagner en confiance, faisait monter son adrénaline déjà pourtant très présente dans son corps. Souriant mécaniquement à l'azur, la jeune fille se retourna vers Logan.

- Tu... Elle marqua une pause. Non, rien. Je ne sais pas m'exprimer avec des mots...

Elle laissa s'écouler quelques minutes de silence de sa part. Puis, d'un coup, une impulsion la prit, et elle ne put y résister. D'un pas, elle s'approcha de son interlocuteur et se colla à lui. Elle posa ses mains sur ses épaules et mit sa joue contre celle de Logan, tendrement. Elle resta ainsi quelques secondes, soupira d'aise. Il sentait bon, sa joue était douce, et son coeur avait fait un bond dans sa poitrine avant de repartir encore plus vite qu'il ne battait déjà avant. elle bougea sa tête pour séparer sa joue de celle du jeune homme et planta ses yeux dans les siens, le visage proche.

Elle n'osa cependant pas aller plus loin. Pour elle, il était évident qu'elle ferait tout pour lui, même si elle ne le connaissait pas, qu'elle pourrait céder à tous ses caprices, qu'importe ce qu'ils seraient. Elle savait être jalouse et était assez lucide pour savoir qu'elle risquait de massacrer n'importe quelle fille qui s'approcherait un peu trop près de lui. Elle pouvait tout faire pour lui ! Il lui était destiné, dans ce monde étrange où les loups-garous existaient, dans ce monde un peu fou et complètement irrationnel. Mais elle ne pouvait lutter contre un sentiment d'une telle force, elle n'avait d'ailleurs pas le choix. Mais elle se fichait d'avoir le choix. Maintenant, il était là, c'était tout ce qui comptait.

- Euh... Ça ne te dérange pas ?

Naïs avait réussi à rougir. Cela ne lui arrivait presque jamais, ni d'être vraiment gênée, mais là tout était différent. Elle sentait sa partie animale bouillir en elle, à l'affut du moindre relâchement de sa part. Faudrait-il qu'elle lui dise ? Devait-il être au courant ? S'il devait passer sa vie à ses côtés, il le devrait de toute manière. Mais elle pouvait le blesser à tout moment, bien qu'elle se contrôlât bien mieux que tous les loups qu'elle avait déjà rencontrés, voir le tuer même...

Après s'être angoissé de peur de la voir partir, il ressentit un immense soulagement quand elle lui dit qu'elle n'avait pas l'intention de s'en aller. Il retrouva peu à peu son calme. Il la voyait regarder vers la mer, et fit de même pendant un instant. Ils étaient là tous les deux, seuls au monde, comme si rien d'autre n'existait plus; que la terre s'était arrêtée de tourner et que le temps avait retenu sa course folle rien que pour eux.

Tout était d'un calme autour d'eux. A part le bruit du roulis des vagues, rien ne venait troubler le silence qui rêgnait en ces lieux, et comme il l'adorait ce silence. C'était une des choses qu'il recherchait le plus avec la solitude; d'ailleurs les deux allaient souvent de paire. Cependant, en cet instant, il ne recherchait plus à être seul à vrai dire, plus depuis qu'elle lui était apparue! Il ne la regardait plus, en fait il avait fermer les yeux, mais il la sentait près de lui; c'était inquiétant et réconfortant tout à la fois.

Savoir qu'elle était là tout près de lui, sentir sa présence le remplissait de bonheur; expérience nouvelle pour lui qui n'avait jamais pu se vanter d'être heureux un jour. Soudain, alors qu'il était toujours à rêvasser, il se passa une chose qu'il n'avait pas prévue, dont il avait follement envie. Il rouvrit les yeux subitement pour s'apercevoir qu'elle l'étreignait par les épaules, puis elle vint poser sa joue contre la sienne.

Une fois de plus il goûta à sa chaleur intense. Comment pouvait-elle être si brûlante et toujours debout? On l'aurait cru fiévreuse au premier abord, mais bizarrement, elle ne donnait pas l'air d'avoir d'autre signe de faiblesse physique. Il oublia de toute façon bien vite tout cela tant la douceur de sa peau et son parfum l'enivrait. Il se sentait tellement bien qu'il aurait voulu que cette intimité se prolonge à l'infini. Elle retira délicatement sa joue de la sienne pour venir planté une nouvelle fois son regard dans le sien. Son regard était si pénétrant, pourtant il y lisait un certain trouble, qui lui fut confirmé par le fait que la jeune femme se mit à rougir.

Comme si elle était un peu gênée elle même, elle lui demanda si tout ceci ne le gênait pas. Grand Dieu non, comme il aurait voulu lui faire comprendre que tout en elle l'attirait comme si sa vie en dépendait; elle avait toujours l'air aussi belle et dangereuse à la fois, mais ce dernier aspect des choses ne le dérangeait absolument pas. Il n'avait pas peur de ce qu'elle était ou pourrait bien être. Il s'en fichait même éperdumment. Et il allait faire le maximum pour que tout ceci ne soit pas qu'une rencontre passionée sans aucun lendemain. Il ne le permettrait pas.

Non ça ne me dérranges pas, bien au contraire! Et du reste, je ne suis moi non plus très doué pour exprimer les choses en paroles. A vrai dire, je n'en ai pas l'habitude non plus; mais je peux faire des efforts dans ce sens pour quelqu'un qui en vaille vraiment la peine.

Il avait dit cela espérant qu'elle comprendrait l'allusion, et pour s'en assurer, il passa timidement un bras dans son dos pour l'attirer un peu plus contre lui. Il espérait qu'elle ne s'offusquerait pas de cette étreinte un peu trop déplacée dans d'autres circonstances. Mais il n'avait pas pu s'en empécher. Une pulsion irrationelle le prit soudain. Leurs visages se touchaient presque désormais et il brûlait d'envie de l'embrasser. Cela lui était venu d'un coup, apparu à lui comme une évidence. Il en était sûr maintenant, il l'aimait cela ne pouvait être autrement. Il prit une grande respiration puis parla de nouveau.

J'espère que tu ne m'en voudras pas pour ce que je vais faire!

Et sans attendre de réponse de sa part, il déposa un tendre baiser sur ses lêvres incandescentes.

Invité

Il lui dit que lui non plus ne savait pas s'exprimer avec des mots. Ils feraient une belle paire dans ce cas ! Mais Naïs ne put pas y réfléchir bien longtemps. en effet, elle entendit le cœur du jeune homme faire un bruit sourd, puis une odeur qu'elle avait déjà connu lui monter aux narines. Bien sûr, aucun autre être qu'un loup ou un vampire n'aurait su détecter cette odeur, mais elle la percevait très bien, et ce parfum étrange la rassura. En effet, elle ne le laissait pas indifférent, et elle s'en réjouissait déjà. D'un geste tendre mais ferme à la fois, Logan l'attrapa par la taille et la serra contre lui. Elle se laissa porter par son odeur entière, par le son doux de son cœur cognant dans sa poitrine, par l'ivresse douce dans laquelle il l'avait plongée. Ses yeux se fermèrent pour pouvoir profiter pleinement des informations envoyées par ses sens en éveil.

Elle sentit sur sa peau l'air qu'il souffla lorsqu'il expira avant de prendre une grande inspiration, comme pour se donner un peu de courage. C'est alors que leurs lèvres entrèrent en contact dans un baiser. Naïs n'avait jamais connu cela, c'était comme si tous ses sens allaient exploser, encore plus que quelques minutes plus tôt, lorsqu'elle s'était imprégnée. Les lèvres du jeune homme étaient douces, tendres, la plongeaient dans une ivresse totale... Elle ne savait plus qui elle était ni ce qu'elle faisait, ni ce qu'elle comptait faire. Rien ne comptait plus que la chaleur de ses lèvres, que leur contact voluptueux, que lui !

Le baiser fut tendre, doux... Bien plus que n'importe quel autre qu'elle aurait pu donner, qu'on aurait pu lui offrir, elle le savait. Et elle n'avait plus rien à demander aux autres ! Elle était là, avec lui, et rien d'autre n'était plus envisageable, rien d'autre n'existait plus, elle ne connaissait plus rien, tout avait été effacé de sa mémoire par le baiser au goût de miel qu'elle venait de recevoir de la part du jeune homme. Se détachant doucement, elle laissa ses yeux glisser dans ceux de Logan, et murmura :

- Les mots ne sont rien. Pourquoi les gaspiller ? Il faut rester soi...

Elle sourit tendrement à son interlocuteur. Elle rayonnait de bonheur, d'amour, de sentiments indicibles qui la mettaient dans un état béat, singulièrement joyeuse et hors du temps.

- Je ne t'en veux pas tu sais... Au contraire.

Naïs rougit à nouveau. Elle n'était pourtant pas du genre à rougir ainsi, elle ! Mais plus rien n'était dans les normes aux côtés de Logan, et elle se sentait bizarre en même temps. Il fallait qu'elle mette les choses au clair tout de suite, de toute manière. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de repenser au baiser, à en vouloir un autre, à sentir à nouveau ses lèvres contre les siennes, à se laisser emporter par ses sens bouillonnants. Elle passa une main dans le dos de Logan et enserra sa taille avec passion, puis sa deuxième main vint lui caresser la joue. Elle savait qu'elle était beaucoup plus chaude que les humains normaux et qu'il s'en apercevait sans se douter de la vraie raison de cette chaleur étrange. Elle lui saisit la nuque de la main qui se trouvait sur sa joue et lui donna un autre baiser, plus passionné cette fois. La louve s'enivra encore de son odeur, de sa présence. Il était présent de partout autour d'elle, le monde n'était plus sans lui désormais, il n'était plus envisageable, tout comme la vie. Elle vivait pour lui, et s'il venait à la quitter pour partir dans les cieux, elle ne pourrait que le suivre le plus rapidement possible.

- Logan...

Elle se détacha à nouveau de la douce étreinte du jeune homme.

- Je ne suis pas humaine...

Elle fit une grimace à l'intention d'elle-même. Il fallait qu'elle lui dise tout de suite, elle ne voulait pas le laisser tomber dans l'imposture, elle ne voulait pas lui omettre quelque chose, ni lui mentir. Elle n'en était de toute manière pas capable. Mais comment allait-elle lui dire le reste ? Comment allait-il le prendre ? La fuirait-il ? La détesterait-il ? L'effrayerait-elle ? Naïs appréhendait, mais elle n'avait pas le choix...

Le paradis, est-ce à cela que l'on accède quand on a l'impression de ne plus touché terre; car dans ce cas, Logan y était monté. Jamais il n'avait connu un tel sentiment de bien être et de communion. Non seulement, elle ne le repoussait pas, mais en plus elle lui rendait son baiser avec une douceur et un amour infini. La chaleur dévorante qu'il sentait s'emparer de lui était bien plus intense que celle des lêvres de la jeune femme, mais il n'en avait cure. Ca y était, il avait trouvé l'âme soeur, celle qu'il espérait tant sans se l'avouer depuis tout ce temps, celle qui saurait dompter son caractère et apaiser ses blessures.

Il ne savait plus trop bien comment tout ceci avait pu s'enchaîner aussi vite, mais après tout, quand le destin vous fait un tel cadeau, ne serait-il pas idiot de le refuser. Il n'y avait pas de place pour les questions désormais; c'était elle point final. Quoiqu'il arrive, quoiqu'elle fasse, elle ne le ferait pas fuir. En quelques minutes il était devenu dépendant d'elle comme un toxicomane en manque. Elle emplissait sa vie jusqu'alors tellement déserte et stérile.

Au bout d'un moment, elle se libéra de son baiser pour s'adresser à lui. Elle lui confirma qu'elle ne lui en voulait pas, et d'ailleurs la main qu'elle passa dans son dos et le sourire qu'elle lui renvoya à cet instant finirent d'apaiser ses craintes. Elle était elle aussi dans le même état que lui supposait-il, tout au moins, il l'espérait. Là, tout de suite il aurait voulu lui dire tout ce qu'il ressentait pour elle; combien elle comptait désormais, mais il n'en était hélas pas capable. Tout ce qu'il pourrait dire par des mots lui semblerait bien en dessous de la vérité.

Comme si elle avait deviné son trouble, elle lui donna un baiser plus passionné encore que le premier. Après cette seconde étreinte langoureuse, elle finit de nouveau par s'éloigner délicatement de lui. Elle plongea alors ses yeux dans les siens, et Logan devina immédiatement qu'elle s'apprêtait à lui confier quelque chose sur elle. Elle avait l'air gênée et honteuse quand elle prononça des mots qu'il n'assimila pas tout de suite.

Tu n'es pas humaine, qu'entends-tu par là ? Tu veux dire que tu n'es qu'un rêve venu me faire goûter au bonheur pour mieux me le reprendre ensuite, ou alors tu parle au sens littéral du terme?

Il paniquait tout à coup, ces mots lui avaient fait imaginer le pire; et si finalement tout ceci n'était que le fruit de son imagination! S'il avait simplement inventé tout cela! NON ! Impossible, il sentait encore son odeur sur lui, il avait encore le goût de ses lêvres; elle ne pouvait pas être un mirage! A partir de là, ce qu'elle pouvait bien être il s'en fichait, elle était c'était là l'essentiel.

Explique moi je t'écoutes, mais qui que tu sois, ou quoi que tu sois tu ne me feras pas fuir. Il est hors de question que je te perdes, ni maintenant ni jamais!

Il s'approcha d'elle et la prit par les épaules comme pour l'encourager à tout lui révéler. Il lui souriait comme jamais il ne l'avait fait auparavant.

Invité

La réaction de Logan surprit Naïs. Croyait-il vraiment qu'elle n'était qu'un rêve alors qu'elle sentait sa propre odeur sur ses vêtements à lui, alors qu'elle était là, palpable, et même qu'elle serait là pour l'éternité dorénavant... Il en serait même peut-être exaspéré à la fin, car elle se trouvait pas si étrange que cela, mis à part son statut de louve. En effet, elle se savait assez éreintante sur la durée, et le jeune homme en pâtirait sûrement d'ici quelques mois déjà... Elle en était presque certaine. Surtout qu'elle se connaissait assez bien pour savoir que quiconque à qui il parle, quiconque il rencontre, elle serait toujours derrière lui, à vérifier si ce n'étaient pas des mauvaises personnes, elle serait toujours derrière lui à le protéger, et s'il arrivait qu'un jour il en choisisse une autre, elle la tuerait sûrement. Radical comme solution, mais elle se savait incapable d'accepter une telle chose, même imprégnée. Elle était bien trop jalouse...

La suite de la tirade du jeune homme la fit sourire. Vraiment, il ne partirait pas ? Elle ne l'aurait aucunement juré, étant donné que les humains étaient assez frivoles en général, car il ne connaissaient aucunement le goût de l'éternité, ni maintenant ni jamais, contrairement aux loups-garous et encore plus aux vampires. Une vie n'est rien pour eux... Alors qu'elle, elle était prête à risquer son éternité pour Logan, elle était prête à le suivre n'importe où, n'importe quand !

La louve baissa la tête, inspira un grand coup et leva ses yeux pour les poser dans ceux de son interlocuteur. Comment allait-il réagir ? Sa première réaction n'était-elle pas un peu violente pour qu'elle continuât ? Mais rien à présent ne la ferait changer d'avis... Et elle se lança, ses yeux noirs aux reflets orangés plantés dans ceux du garçon duquel elle s'était imprégnée.

- Je veux parler du sens littéral. Sinon, j'aurais trouvé une autre manière de te dire ça je pense, du genre que je suis un monstre... Même si j'en suis aussi un au sens littéral du terme... Une phrases élégamment tournée et j'aurais pu m'enfuir... Sauf que je ne peux pas. M'en crois-tu capable ?

La question avait fusée, laissant un bref blanc entre les deux amoureux. Mais Naïs ne laissa pas Logan répondre, maintenant qu'elle tenait son courage, il ne fallait pas qu'elle le lâche. Mais comment annoncer cela ? Comment annoncer sans rigoler que l'on est un monstre, que l'on est un loup-garou, mais en encore plus dangereux qu'au cinéma ? Que les pleines lunes n'ont rien à voir, que la transformation se fait selon les envies du loup ? Comment expliquer que les vampires existent eux aussi ? Les mots s'entrechoquaient dans l'esprit de la jeune fille, qui vacillait presque sous l'incohérence de ses pensées. Faisant le vide, elle ouvrit la bouche et passa ses doigts sur les boutons de la chemise encore mouillée de Logan.

- Je ne suis pas humaine. Je suis plus que ça. Je ne suis pas un ange tombé du ciel pour toi non plus. Je suis juste accordée à toi, tu es mon âme soeur.

Je suis un cauchemar pour beaucoup d'humains et d'humaines, ce que je suis est réel, bien que cela touche au fantastique de votre perception du monde. Je suis un loup-garou Logan. Pas comme dans les films où ils ne se transforment qu'à la pleine lune en créature immonde, mais juste je suis moi et je me transforme en louve.

Je sais bien que cela paraît improbable, et je me dis aussi que tu peux changer d'avis, que ce que tu viens de dire n'est plus étant donné mon statut. Sauf que tu n'as pas le choix, je serais toute ma vie avec toi car tu es mon âme soeur. Je ne sais pas si je suis la tienne, mais je suis imprégnée de toi...

Naïs baissa les yeux, laissa tomber sa main du torse de Logan. Le jeune homme n'avait pas réagi, pas encore. Peut-être le temps de réaliser la portée de sa révélation. Peut-être le temps d'analyser combien de temps il lui faudrait pour sauter dans sa voiture et partir le plus vite possible de là, de s'éloigner de cette folle qu'elle était pour lui....

La louve attrapa le col de la chemise mouillée pour l'empêcher de partir, s'il voulait fuir. Il ne fallait pas fuir, il ne faut jamais fuir. Voir la vérité en face et s'en accommoder. Car pour lui, s'était la seule chose à faire maintenant...

Logan n'arrivait pas à saisir la portée des mots que Naïs venait de prononcer. Comment pouvait-elle se comparer à un monstre? Elle qui lui semblait si belle et si rayonnanteà cet instant même, sur cette plage déserte où ils étaient comme seuls au monde. Tout cela n'avait aucun sens pour lui, elle était là devant lui, bel et bien humaine et magnifique. Pourquoi disait-elle être un LOUP-GAROU? Une idée le frappa soudain, ce pourrait-il qu'elle dise la vérité? Mais comment de tels être pourraient-ils exister? Pourtant il avait vu quelque chose d'étrange chez lui, une nuit quelques jours plutôt! Non, tout cela n'était que légende et superstition, il ne pouvait pas y coire, même si au fond de lui même il en mourait d'envie.

Elle s'agrippait à lui, comme si elle avait peur qu'il la fuit, mais il n'avait pas l'intention de fuir. Pour quelle raison fuirait-il? Pour cette folle histoire de monstre et de créatures mythiques? Il n'en était pas question; même si ce qu'elle avait dit contenait une once de vérité, il ne se sentait pas le moins du monde en danger auprès d'elle. Bien au contraire, elle exerçait sur lui une sorte d'aura apaisante; maintenant qu'il avait goûté à cette sensation, il ne voulait pas y renoncer.

Au lieu de la repousser comme elle avait l'air de croire qu'il le ferait, il l'attira à lui. Il la serra et mis sa joue contre la sienne, espérant que cette tendre étreinte la rassurerait sur ses intentions. Une fois de plus, il nota cette chaleur qui émanait d'elle. Comment tenait-elle encore debout malgré cela, il y avait quelque chose dans ce phénomène qu'il ne s'expliquait pas, mais il décida de passer outre pour le moment.

Ne crains rien, je t'ai dit que tu ne me ferais pas fuir, et je le pense. J'ai du mal à comprendre ce que tu veux me dire à propos de ta nature, et je t'avoue que je suis assez dubitatif sur ce point. Mais je te promet que même s'il n'y avait qu'une infime part de vérité dans ce que tu viens de me dire, je ne partirai pas pour autant.

Tu n'as pas l'air de saisir tout l'effet que tu me fais! Tu dis que tu n'aurais pas la force ni le choix de me quitter; je ne pense pas que je l'aurais moi non plus; même si je le voulais, ce qui n'est pas le cas. Je n'ai jamais été très bavard ni très ouvert aux autres; pourtant avec toi c'est comme si tout me venait naturellement, sans aucun effort. Je ne me l'explique pas, pas encore du moins; peut-être même ne le pourrais-je jamais! Mais une chose est sûre, si c'est ce qu'on appel le coup de foudre, alors j'ai été touché de plein fouet.

Il revint placer son visage en face du sien, lui déposa un léger baiser, puis lui prit la main et l'entraîna vers sa voiture.

Suis moi, le temps se gâte te je ne veux pas qu'il nous oblige à nous séparer. Allons en ville, on trouvera un coin tranquille pour parler!

Il lui ouvrit la portière, attendant que sa douce monte dans le véhicule.

Invité

Naïs fut surprise quand elle sentit Logan la prendre dans ses bras pour la rassurer. Pourtant, elle n'avait pas lésiné sur le fait qu'elle était dangereuse, elle n'avait pas caché qu'elle était un monstre. Mais tout cela ne semblait que des balivernes aux yeux du jeune homme. Comment lui faire comprendre qu'elle n'était en rien comme toutes les autres filles qu'il avait pu rencontrer ? Comment lui faire saisir l'importance de sa nature à elle dans leur relation qui venait tout juste de voir le jour ?

La louve qui était en elle grondait du fond de ses entrailles, refusant d'être à nouveau niée, par quelque être que ce soit. Bien sûr, il était humain, bien sûr, ces phénomènes étranges ne l'atteignaient pas encore, mais en l'occurrence, il allait s'immerger dedans. Et il était inacceptable pour elle qu'il nie cette partie d'elle, cette partie que même sa famille niait alors que le gène lupin était bien plus développé chez elle que chez les autres lycans. Elle laissa ses yeux se planter dans ceux de Logan, leur laissant la parole. Ils hurlèrent, comme pouvaient le faire des yeux. Mais apparemment, il était assez entêté... La louve sourit, bien qu'elle ne soit pas vraiment enjouée de savoir qu'il allait falloir employer les grands moyens pour le faire sortir de sa torpeur stupide et un peu insolente vis-à-vis d'elle. Enfin, peut-être pas, mais c'était ainsi qu'elle le ressentait.

Les mots qu'il prononça ensuite la rassurèrent un peu, bien que quelque part, elle se sente insultée. Parce qu'il ne la croyait pas. Mais apparemment, il n'avait pas l'intention de la rejeter. Il lui dit qu'elle ne saisissait pas tout l'effet qu'elle lui faisait... Si, elle le comprenait bien plus que lui n'aurait pu comprendre ce qui la reliait à lui. Elle le sentait, car son odorat était bien plus développé que celui d'un humain, elle l'entendait car son ouïe était si fine que les battements de coeur de son interlocuteur lui étaient sourds. Tous ses sens percevaient le changement qui s'opérait dans le corps et l'esprit de l'humain. Il s'approcha de la voiture après lui avoir déposé un tendre baiser sur les lèvres. Elle fondit. Mais il était hors de question qu'ils partent de ce lieu désert alors qu'elle n'avait pas fini de lui révéler des choses que le commun des mortels n'était pas censé savoir.

La jeune louve s'approcha de lui gracieusement, le regardant avec un regard gourmand. Pourtant, son but était fixé dans son esprit. Elle s'avança jusqu'à être à un mètre de lui. Là, sans prendre d'élan, elle sauta par dessus la voiture d'un bond impressionnant. Elle se déplaça rapidement vers Logan et le regarda dans les yeux. Et elle se transforma.

La louve blanche qui venait de prendre la place de Naïs était elle aussi sujette à l'imprégnation. Elle ne pouvait par contre pas se détacher de Logan, elle ne pouvait pas bouger pour l'instant. Pétrifiée. Mais peu à peu, la conscience de Naïs reprit un peu le dessus. Elle s'approcha de Logan et frotta son museau contre son pantalon. Puis, elle fit un bond sur le côté, atteignant le coffre de la voiture et se re-muta en humaine. La technique de Naïs étant très au point, elle avait toujours ses vêtements sur elle.

- Maintenant, me crois-tu ?

La jeune femme s'approcha voluptueusement de Logan et effleura ses lèvres du bout de ses doigts.

- Je suis un loup-garou, Logan. Et je t'aime.

Logan était dubitatif, alors qu'il était déjà arrivé à la voiture, Naïs ne semblait pas vouloir le suivre. Etrange, il pensait pourtant qu'elle aurait voulu continuer leur discussion à l'abri, mais peut-être s'était-il trompé; il ne la connaissait pas encore bien c'était certain, et elle ne paraissait décidément pas comme les autres, c'était indéniable. Il attendit un instant, mais elle ne bougeait toujours pas.

Ce fut presque par hasard qu'il remarqua une différence très marquée dans son expression. Elle lui souriait certes, mais plus de la même façon que quelques instants auparavant; une sorte de voile de colère se lisait sur son visage qu'elle essayait de maintenir serein. Mais le pire, c'était ses yeux; on aurait dit qu'elle hurlait intérieurement, une sorte de rage sourde et contenue le perçait de part en part quand il essayait de tenir son regard dans le sien.

Mais que pouvait-il donc avoir bien fait pour que tout à coup elle le regarde de cette façon? Il avait beau se torturer et se triturer les méninges, il n'arrivait pas à comprendre son soudain changement d'attitude envers lui. Peut-être lui avait-il déplu sans le vouloir, mais ce qui était sûr, c'était qu'il ne se sentait pas très à l'aise tout d'un coup, pas parce qu'elle l'impressionnait, mais plutôt parce qu'il commençait à s'en vouloir d'une chose qu'il ne se souvenait pas avoir faites.

Elle finit par s'approcher de lui tout doucement, et il se dit qu'il fallait qu'il brise le silence qui venait de s'installer et qui lui pesait. Il tenta de savoir ce qui se passait.

Naïs, quelque chose ne va pas? Tu veux me dire un truc?

Il ne reçut jamais de réponse, alors qu'elle s'arrêta à un mêtre de lui, elle bondit par dessus sa tête et se retrouva de l'autre côté de la voiture, puis avec un vitesse vertigineuse elle réapparut juste devant lui, et là une chose incroyable et terrifiante se produisit. En un éclair, il se retrouva nez à nez avec une créature au pelage plus pur et plus blanc que la neige, il eut du mal à distinguer ce à quoi il était confronté au départ, et finit par se rendre compte qu'il plongeait son regard dans celui d'une louve (ce qu'elle lui avait dit était donc vrai)!

Nom de ....

Il fut soudain pris d'une bouffée de panique, recula instinctivement et trébucha, s'affalant de tout son long sur le sable; il tenta de se redresser, mais ses forces l'abandonnaient, prostrés, il était aussi immobile qu'un rocher, son esprit affolé ne parvenant plus à ordonner à ses membres de bouger. Il était à sa merci, jamais il n'aurait imaginé une chose pareille. Il n'arrivait même plus à raisonner, la seule chose dont il était conscient c'était de la fixer, pas avec répugnance, mais avec la plus extrême incrédulité. Et, alors que la peur et le choc s'estompaient peu à peu, il la vit se rapprocher de lui une fois encore.

Elle caressa sa jambe de son museau, puis fit un bond sur le côté et retrouva forme humaine. Elle le regardait de nouveau comme au début de leur rencontre, l'air appaisée d'avoir fait ce qu'elle avait à faire. Lui retrouvait peu à peu la raison, mais il n'en revenait toujours pas. Il se releva lentement pour ne pas retomber aussi vite, et resta là, interdit comme s'il venait d'être frappé par la foudre.

Prenant l'initiative, elle revint délicatement vers lui, effleura les lèvres de Logan du bout de ses doigts et lui délivra des paroles qui lui firent chaud au coeur; il lui fallait bien ça après le choc qu'il venait de subir. Malgré tout ce qu'il venait de voir, il ne savait plus trop quoi faire. Sa raison lui intimait l'ordre de partir en courant, mais il n'y parvenait pas, quelque chose le retenait, quelque chose qui venait de naître en lui depuis qu'il l'avait rencontré, et qu'il ne voulait pas perdre.

Il l'aimait tout simplement, et visiblement elle aussi d'après ce qu'elle venait de lui dire. Il n'avait aucune raison de la craindre, elle aurait eu tout le temps de lui faire du mal si elle l'avait voulu, ce n'était pas le cas. Et malgré le choc, il parvenait enfin à relativiser.

Je ne sais pas...quoi dire...je...je ne trouve pas mes mots...c'est vraiment...comment dire...je suis perdu!

Il espérait qu'à défaut de comprendre les paroles insensées qu'ils tentaient de prononcer, elle saurait lire dans ses yeux que cela ne changeait rien à ce qu'il lui avait dit juste avant.

Mais il fallait quand même qu'il lui pose la question qui lui brûlait les lèvres, il ne voulait pas qu'elle pense qu'il la trouvait répugnante, bien au contraire, mais il avait besoin de comprendre comment tout cela était possible.

Je taime aussi Naîs, mais il faut que je sache, comment est-ce possible? Je croyais que toutes ses choses n'étaient que des mythes!

Invité

Naïs revoyait encore la scène dans son esprit, alors qu’elle avait finalement finit par se terminer. Logan était vraiment resté tétanisé devant sa transformation. Bon, il était vrai que l’on ne rencontrait pas de loup-garou tous les jours, et que ce n’était justement pas tous les jours que la plupart de nos certitudes s’effondraient comme un tas de grains de riz sous les moussons du midi.

Certes.

Mais il était certain que la louve ne s’attendait pas du tout, mais alors pas du tout à cela. Le jeune homme était tombé, terrifié, et ne s’était ensuite relevé qu’une fois qu’elle s’était retransformée en humaine. Et comment allait-il réagir s’il rencontrait sans le vouloir d’autres personnes comme elle ? Il serait à leur merci comme il l’avait été avec elle ? Elle se posait énormément de questions dont les réponses se feraient par l’expérience, elle le savait. Mais cela n’enlevait rien à ses appréhensions. Logan serait-il capable de garder ce secret et de continuer une vie normale après l’avoir appris ? La question émettait elle-même des doutes.

Lorsqu’il se releva, le jeune homme avait les yeux agrandis comme des soucoupes, sous le choc de ce qu’il venait de voir. Mais ce qui persista le plus longtemps, ce furent ses bégaiements. Bien que Naïs eût sentit un relâchement positif envahir le corps de son interlocuteur. Mais bien sûr, comme tout humain, il voulait des réponses. Enfin, humains ou non, chaque être cherchait des réponses. Toujours. Mais certains avaient la sagesse d’attendre que ces réponses se présentent à eux plutôt que de les apprendre trop brutalement pour que leur esprit assimile bien tout ce qui pouvait en découler.

Evidemment, elle avait compris que qu’importe ce qu’elle ferait dorénavant, il resterait avec elle. Non pas parce que sa raison était entièrement sous son emprise, ni parce que il le voulait, mais tout simplement parce qu’il n’avait plus le choix. Son âme avait eu le réflexe, dès qu’il lui avait ouvert son cœur, de se lier à celle de Naïs. Ainsi, plus rien n’était impossible, du moment que tout atteignait l’autre. Il s’en rendrait bien compte, au fil du temps. C’est une de ces certitudes qui harcelait régulièrement la louve qui était arrivée tête la première dans son esprit. C’était ainsi.

La lycan ferma les yeux un instant, se repaissant de l’odeur de Logan. Puis, elle s’écarta en tendant le bout de ses doigts, juste un instant. Quand elle parlait aux gens, elle avait l’habitude de les regarder dans les yeux. Car le message passait bien mieux. Si la personne n’osait pas la regarder, elle savait prendre congé assez brutalement pour leur faire comprendre que la vie est à regarder en face.

Naïs pris un bouffée d’oxygène, laissant entrer dans ses poumons l’air de la pinède et de la mer mélangés. Elle se lança alors :

- Ecoute Logan. Je ne n’ai pas la réponse à ta question. Pourquoi existe-t-on ? Comment est-ce possible ?
Peut-être que la réponse la plus appropriée est que nous formons nous aussi un équilibre. Pour les humains. En effet, nous sommes censés être les pires ennemis des vampires, qui vous dévorent naturellement. Pour la suite, je ne sais pas.
Je suis là en tout cas, ce qui atteste la présence d’être mythologiques comme tu l’as si bien dit. Les mythes se fondent sur des choses auxquelles croyaient un certain nombre d’humains à une certaine époque. Ils ne sont probablement pas qu’imaginaires…

Naïs se détourna de Logan, levant son menton vers le ciel. Ses yeux noirs sondèrent les nuages gris qui s’amoncelaient de plus en plus dans l’azur. Qui était à présent gris, tendant vers le noir. Orage.

La jeune louve se tourna à nouveau et sourit tendrement à Logan. Elle lui saisit la main un instant et la lâcha, avant de se tourner vers la voiture et d’y entrer avec grâce et vitesse.

- Maintenant, on peut y aller !

» Enfin d retour