La rentree ou les joies de l'Alaska [PV Zadie]

Septembre... Un mois pluvieux et maussade de toute maniere soit, mais deja qu'a Port Angeles le temps etait pire que cela et encore plus couvert que d'ordinaire, que dire de Juneau ! Petit coin d'Alaska, glacial a l'annee et dont le temps empirait des l'automne...

Maiween maudissait les temperatures du Nord en marchant le long de la petite ville. Elle etait vhaudement vetue: un jean, des bottes noires a petits talons aiguilles, T-shirt blanc, pull rose, longue veste noire et bonnet et gants rouges sang assortis. Malgre tout, la jeune femme sentait le vent mordant se glisser perfodemment dans les interstices de ses vetements...

* En plus cet endroit est minable pour faire du shopping * songea l'etudiante en passant devant un petit magasin de vetements, pauvrement fourni. Elle stoppa net devant la vitrine et hocha lentement la tete de gauche a droite, avec un air desempare.

Elle entra tout de meme dans la boutique, de toute maniree, elle n'avait pas vraiment de choix, en soupirant. La blonde passa une main arrogante parmi des gros pulls et lacha:
-" Je savais meme pas que c'etait legal de vendre des horreurs pareilles..."

Bien qu'elle avait crut marmonner pour elle-meme, Mai supposa que sa voix devait pas mal porter, au vu du regard noir et orageux que lui lanca la vendeuse derriere sa caisse, en levant les yeux de son magazine people.

La jeune Fornell eut un dernier soupir et quitta les lieux avant de se faire jeter dehors. Une fois dehors, elle tacha d'etre postitive et repensa a ses amis, les fetes en perspective, les cours de litterature francaise qu'elle adorait...

Et a mesure qu'elle se perdait dans ses pensees et que sa demarche se faisait plus lente et plus reveuse, son sourire habituel revint. Toutes a ses songes et en pleine discussion mentale sur quoi porter pour la premiere fiesta de l'annee, elle heurta une ravissante jeune femme au teint mat.

Tres vite, la blonde lanca:
-" Oh pardon, ca va?"

La fille n'avait meme pas cille et en lui touchant la main par inadvertance, elle l'avait senti bouillante... Etait-elle malade ou quelque chose?

Zadie marmonnait dans sa barbe.

-Trop chaud, il fait trop chaud...

S'il y avait bien une chose à laquelle la jeune femme ne s'habituait pas depuis sa transformation en louve, c'était cette sensation de fièvre permanente, cette chaleur engourdissante qui l'envahissait complètement et mettait son corps et son esprit dans un état de tension perpetuelle.

Bien-sûr, cela augmentait sa vigilance et décuplait ses reflexes, là où un simple humain aurait succombé depuis longtemps.
D'ailleurs, en jetant un coup d'oeil autour d'elle, elle pouvait les voir, tous plus emmitouflés les uns que les autres alors qu'elle n'était vêtue que d'une simple tunique et d'un pantalon en lin.
Elle avait tenté d'enfiler un coupe-vent mais avait vite dû y renoncer et les regards qu'elle croisait lui signifiaient clairement qu'elle devait être folle.

Zadie haussa les épaules et continua son parcours à travers la ville.
Juneau n'était qu'un étape, une partie de son voyage avant son arrivée sur le territoire Quileute.
Elle avait bien pensé à s'inscrire quelque temps à l'université, histoire de donner le change et de s'habituer à la communauté des hommes, mais elle était bien trop sauvage pour cela et cela reviendrait à une perte de temps.

Elle se contentait donc de traverser la ville mais vu la façon dont une humaine venait
de lui rentrer dedans et de reculer à son contact, elle comprit vite qu'il n'y avait pas que la ville qu'elle venait de traverser.

L'humaine semblait plutôt vive, un peu eberluée par sa collision avec Zadie.
Il est vrai que l'indienne n'avait rien senti et il lui avait fallu voir la jeune femme s'agiter et lui présenter ses excuses pour comprendre tout à fait ce qui venait de se passer.

-Pas de mal, répondit-elle le plus poliment possible.
L'humaine avait touché sa main et Zadie pouvait lire son étonnement et son incompréhension dans ses yeux.

"Il est temps de filer..." songea l'indienne et elle commença à s'éloigner.
Quelque chose la retint cependant et elle se retourna vers la jeune femme, fuyant son regard.
-C'est autant de ma faute que de la vôtre, dit-elle avant de se tourner à nouveau.
Avant d'être louve, elle aussi aurait aimé avoir une explication...

"Et voilà, ne jamais adresser la parole à un humain sous peine qu'il vous prenne pour son nouvel ami !"

Zadie, qui était plus que réticente dans ses relations avec les autres, regrettait déjà de ne pas être partie dès qu'elle en avait eu la possibilité.

"Ca t'apprendra à vouloir être aimable..." se sermonna-t-elle.

L'indienne plongea son regard froid dans celui de la jeune femme qu'elle avait en face d'elle. Elle fut surprise de constater que l'intérêt et l'inquiétude qu'elle y lisait semblaient réels ; peut-être que tous les humains n'étaient pas des créatures cruelles et égoïstes après tout...

-Je vais bien, parfaitement bien merci. Et si c'est le cas pour vous aussi, alors je peux m'en aller.

Zadie se mordit la lèvre. Quelque chose l'empêchait de laisser cette fille en plan. C'était la première fois que ça lui arrivait et elle ne se reconnaissait pas.
Et avant qu'elle puisse s'arrêter de parler, elle s'entendait déjà lui donner des explications.

-Je crois que je ne me fais pas au climat. C'est tellement différent de chez moi. Tout est si... différent.

Par réflexe, Zadie avait mis ses mains dans le dos. Ils aimaient tellement le contact, la "chaleur humaine". Les jeunes femmes en particulier, avait-elle remarqué... Et celle qui était là avait tout l'air de faire partie de cette catégorie : tactile et curieuse.
La louve se demanda ce que les humains penseraient de la chaleur lupine...

Zadie haussa les épaules.
Le babillage de l'autre fille commençait à lui peser même s'il était indéniable que ses paroles étaient emplies de gentillesse et de sollicitude à son égard.

-Je ne suis que de passage de toute façon... Je pars dans quelques jours, je n'aurai pas le temps de faire connaissance avec qui que ce soit.

Sa voix s'était faite dure et distante, elle avait senti que l'humaine était en train de "s'attacher", de créer un lien et il était impossible pour l'indienne de concevoir quelque sorte de relation avec qui que ce soit.
Le visage de l'autre s'imposa à son esprit. Il était le but de sa quête, la raison de son départ et chaque minute passée à traînasser retardait leur rencontre.

-Je viens d'un petit coin du Canada. Beaucoup plus calme, beaucoup plus retiré... et beaucoup plus frais !

La louve n'avait pu réprimer un sourire à la pensée de son campement et des gens qu'elle avait laissé derrière elle. Elle ne les reverrait peut-être jamais et à cette seule pensée, son coeur se serra et ses yeux se voilèrent.
Le prix de son avenir et de la survie de son peuple serait plus lourd à payer qu'elle ne l'avait d'abord pressenti et elle ne savait pas encore si elle serait capable d'un tel sacrifice.

Elle releva les yeux vers la jeune fille, la regarda un instant, silencieuse, puis sourit à nouveau. Un sourire joyeux cette fois, compatissant.

-Je suis sûre que tu te feras à ta vie ici. On finit toujours par s'y faire, peu importe combien ça nous coûte.

Zadie tendit la main à la blonde qui lui faisait face. Cette coutume humaine, une tradition des blancs même, lui demeurait étrange mais elle savait ce qu'elle signifiait pour eux, un mélange de respect, de reconnaissance et c'est ce qu'elle voulait montrer à l'humaine

La voix de la jeune femme de profil indien s'était faite distante et glaciale quand elle lui expliqua qu'elle n'était que de passages, pour quelques jours. Soit, soit pas la peine d'être aussi peu amicale. Maïween bavardait avec elle, elle ne lui avait pas juré amitié et fidélité.

Cette fille était un peu étrange... Déjà elle se baladait avec des vêtements assez peu appropriés au vent glacé de l'Alaska mais c'était son droit d'être insensible au froid. Mais son attitude était particulière, comme si rencontrait des gens dans la rue, parlait de trois fois rien devant une boutique de fringues minable lui paraissait surréaliste.

Toutefois, l'étudiante se dit que l'inconnue avait un bon fond. Elle lui dit qu'elle s'habituerait à sa vie ici. La jeune femme sourit et répondit:
- Tu sais j'étudie ici depuis trois ans, j'ai pris le plis. Ils sont sympas les gens du coin au fond et il y a d'autres étudiants...

Toutefois si elle était honnête avec elle-même, la blonde devait admettre qu'elle avait envie d'ailleurs, d'espaces différents, de gens différents, d'une vie différente... Un besoin naturel d'évasion et de rêve... La main tendue de la brunette la tira de ses pensées et elle la serra chaleureusement.

Maï lui fi un sourire franc et honnête et poursuivit:
- Mais dis-moi, c'ets comment le Canada? Je n'y suis jamais allé et j'adorais ça...

Comme toujours lorsqu'on parlait d'un autre pays, même frontalier avec les Etas-Unis, la jeune Fornelle faisait voir sa curiosité et sa soif de découverte. Son regard pétilla et elle écouta avec attention la réponse de la demoiselle, dont elle ignorait toujours le nom...

[HJ: Désolée c'est court et lamentable, pas d'inspi ]

Décidément, l'humaine ne perdait pas une occasion de poursuivre la discussion.

Zadie lui répondit machinalement :
-De très beaux paysages. Il faudra y aller un jour.

Parler de son pays, de sa terre, de son peuple lui était trop difficile.
Elle avait fait à la jeune fille une réponse de guide touristique mais elle ne pouvait pas se permettre de se laisser emporter et de raconter comment elle aimait courir à travers les forêts une fois transformée en louve, sentir toutes ces odeurs plus délicieuses les unes que les autres, les épices, le bois, la terre mouillée...
Ou dire comment elle laissait certains des enfants l'approcher, pour ensuite les emmener à travers la plaine sur son dos.

L'entendre parler des gens du coin, des habitudes qu'elle avait prises dans cette ville avait cependant fait regretter à l'indienne de ne pas être plus disponible, plus libre. S'asseoir sur le bord d'une terrasse, boire un café en regardant le soleil se lever, simplement pouvoir être parmi les autres sans crainte, sans regret et sans limites.

La main qui serrait la sienne était fraiche et douce, encore une particularité qui lui faisait aprécier les humains...

-Je crois que nous nous reverrons... Et peut-être que d'ici là, vous aurez trouvé ce qu'il vous manque...

Un sourire se dessina sur les lèvres de l'indienne. Elle venait d'entrevoir un morceau de l'avenir de la jeune fille. Et elle en faisait partie.

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Pfff moi c'est nul suis désolée aussi...

Le sourire de Zadie se fit plus énigmatique.
La petite humaine semblait plus perspicace encore que ce qu'elle avait cru déceler.

-Une simple intuition. Il manque quelque chose à chacun d'entre nous, peu importe à quel point nous sommes aimés, comblés, complets... voire même doubles.

Si la dualité d'un lycan était évidente, celle d'un être humain existait aussi, bien que plus latente, et il se devait de l'exprimer d'une autre façon. Un loup sommeillait en tout être vivant, Zadie en était convaincue, mais les lycans étaient les seuls qui avaient poussé leur besoin jusqu'au bout, reconnaissant cette double identité, assouvissant leurs désirs et atteignant une liberté toujours plus difficile à saisir pour l'être humain. Et il n'y avait rien d'étonnant à ses yeux que à ce que ce soit son peuple, proche de la nature et respecteux de chaque chose, qui soit l'emblème de ce changement et de cet accomplissement.

L'indienne n'avait rien contre la race humaine, elle la trouvait plutôt divertissante parfois même passionnante, elle regrettait simplement qu'ils ne soient pas plus à l'écoute de leur identité et de leur nature.
Et cette humaine-ci en particulier avait l'air d'avoir conscience qu'il y avait quelque chose à dépasser dans sa condition, dans son existence, même si ce n'était pas encore pleinement.

-Et puis je vais du côté de Port Angeles et si je ne me trompe pas, c'est de là que tu viens. Je compte y rester un certain temps si tout se passe bien... Il y a une chance que l'on se croise là-bas. Le hasard fait généralement bien les choses.

Elle jeta un regard vers le ciel.
Le soleil allait bientôt décliner et ses jambes commençaient à fourmiller. Elle n'avait pas encore mangé et une petite course dans une forêt environnante apparaissait être une perspective très alléchante à ses yeux. C'était risqué bien sûr, mais Zadie la louve savait être aussi discrète que Zadie l'humaine.

-Il faut que j'y aille. Je suis certaine que vous me reverrez plus tôt que vous croyez. Au revoir Maïween Fornell.
Le nom s'était soudainement imposé à son esprit et Zadie n'avait d'abord pas saisi ce dont il s'agissait. Puis le souvenir de sa grand-mère appellant par leur prénom de parfaits inconnus traversa sa mémoire et elle comprit que Valley n'avait pas complètement fini de lui transmettre son savoir et que la distance n'était pas une barrière à son enseignement.
La louve sourit à nouveau à cette pensée et adressa un léger signe de tête à la jeune fille debout devant elle.
Elle tourna les talons presque aussitôt et coupa à travers la première rue à droite.

Le vent glacé giflait son visage mais il s'apparentait à une caresse pour la jeune femme. Elle sentait déjà l'odeur du bois le plus proche et une sensation de liberté l'envahit.
En plein milieu de la rue, sans plus se soucier des passants, elle se mit à courir.