Musique de nuit (PV Maï)

Logan conduisait à bonne allure sur les routes de campagne qui menait de Port Angeles à sa banlieu, et donc à chez lui. Il ne roulait pas trop vite, non pas qu'il soit un fou du volant, mais il ne faisait pas toujours attention à l'aiguille et il lui arrivait de faire quelques petites infractions. Mais ce soir (enfin plutôt cette nuit), il n'était pas seul à bord et donc il redoublait de prudence.

Son amie (nouvellement déclarée comme tel) Maïween était à ses côtés, occupant le siège passager et fredonnant sur une chanson qu'il aurait été bien incapable d'identifier. Mis à part ce qu'il écoutait et ce qu'il jouait, il ne s'intéressait pas aux autres style musicaux. La jeune femme, elle, avait l'air à l'aise quelque soit la situation ou l'ambiance; c'était déconcertant et amusant. Qui aurait pu prédire quelques heures auparavant qu'il tomberait sur cette fille et qu'il s'entendrait aussi bien avec elle?

Ils finirent par arriver devant la grille du domaine Rice, qui libérait le passage vers l'allée qui menait à la demeure. Le moins que l'on pouvait dire, c'était que Logan n'était pas à plaindre, mais il n'était pas spécialement fier de toute cette richesse. Si cela n'avait dépendu que de lui, il aurait tout revendu depuis longtemps, mais il n'avait jamais pu s'y résoudre, refusant de mettre à la rue les gens qui travaillaient pour lui et qui le connaissait depuis sa plus tendre enfance.

Il se gara juste devant la porte d'entrée, et descendit de voiture, imité en cela par sa comparse. Il se doutait qu'à cet instant, celle-ci devait s'imaginer qu'il l'avait attiré ici en pleine nuit pour lui en mettre plein la vue; mais pas du tout en fait! Tout ce qu'il voulait, c'était lui montrer où il vivait, chose qu'il ne faisait qu'avec ceux ou celles qui comptaient vraiment pour lui. Autant dire qu'en dehors de Naïs, elle était la première à mettre les pieds ici.

Suis moi, je vais te faire visiter. Il se peut que Naïs soit là, mais même si c'est le cas, je ne sais pas si elle nous rejoindra! En dehors de moi, elle est assez solitaire.

Il ne savait vraiment pas si elle était présente à la maison ou non. Il lui arrivait souvent d'aller se promener seule en forêt, elle aimait ça, et lui ne s'en faisait pas pour elle; elle était totalement capable de se défendre seule; bien mieux que lui d'ailleurs. Une de ses craintes était qu'un jour elle s'en aille et ne revienne jamais; mais jusqu'à présent, elle revenait toujours et paraissait heureuse de le retrouver. C'était tout ce qu'il demandait.

Il posa une main sur l'épaule de Maïween, amicalement, et l'invita à le suivre.

Tu veux boire quelque chose? Avant que je ne te fasses faire le tour du propriétaire!

Il lui sourit timidement.

Maïween s'était laissée conduire chez son nouvel ami avec enthousiasme, ravie de passer une fin de soirée agréable, du moins s'était ce qui lui soufflait son intuition, féminine ou non. La voiture du jeune homme était confortable et la demoiselle, illustrant les propos de sa mère qui la prenait pour une sans-gêne, mis ses jambes sous elle et fredonna au rythme de la musique entraînante.

C'était tout à fait le genre de la jeune femme, et encore elle rajoutait parfois une petite chorégraphie de son cru avec mouvement de bras et hochement de tête. C'était une des raisons pour lesquelles elle ne conduisait pas, elle manquait franchement de concentration pour cela.

Après une vingtaine de minutes de route, la voiture s'arrêta devant une belle demeure, ancienne et riche. On voyait que Logan appartenait à une certaine classe sociale en voyant son lieu de vie. Toutefois, les lieux étaient biens moins ostentatoires que la villa ultra-moderne des Fornell. Qui était aussi ultra-affreuse et qui suintait le faux, le superflu, le chic brandit comme une pseudo marque de pouvoir et de culture. L'avantage de sa maison résidait tout de même dans sa piscine.

Maï descendit du véhicule d'un pas presque dansant, au même moment que son camarade. L'air de la chanson lui trottait toujours dans la tête et c'est en chantonnant encore et toujours qu'elle se dirigea vers la grande porte en joli bois verni. Le brun lui expliqua que sa petite amie serait peut-être là, mais qu'il n'était pas certain qu'elle se joigne à eux. Aussi solitaire que lui, si ce n'était plus en l'occurrence...

Les deux jeunes gens arrivèrent dans le hall d'entrée, et le futur étudiant posa une main sur l'épaule de la blonde, qui se retourna avec un sourire joyeux. Il lui proposa à boire, mais elle déclina gentiment l'offre, elle n'avait plus soif pour ce soir... Toujours rayonnante, elle se laissa conduire vers le salon et relança la conversation:
- Mais dis-moi comment est-elle cette fameuse Naïs ?

La curiosité naturelle de la jeune femme s'était encore glissée sur le devant de la scène, sans rien demander à personne. Mais ce n'était pas le genre de curiosité presque malsaine qu'on les jeunes demoiselles à potins. Non c'était une curiosité attendrie. D'ailleurs son attitude la fit sourire. Elle avait des airs de grande soeur, veillant d'un oeil doux mais inquisiteur sur les fréquentations de son petit frère.

Pourtant, la jeune Fornell était une fille unique, un dans la veine pourrie-gâtée. D'ailleurs elle ne niait, elle était contente de ne pas avoir de frères ou de soeurs de sang pour venir empiéter sur sa vie de gosse de riches délurée. La blonde se reconnaissait une attitude égoïste et égocentrique dans ce refus de partage. Mais elle en payait le prix avec la sur-protection de sa chère mère, qui désespérait de faire de sa petite Maïween une parfaite petite bourgeoise au foyer.

Son père en revanche avait compris très tôt et avait abandonné l'idée de vouloir changer sa fille dès qu'elle eut atteint douze ans. Il savait que c'était une forte tête, comme sa mère en fin de compte. C'était un homme intelligent, qui ne parlait que rarement mais était fin observateur. Et qui se laissait mener par sa femme, préférant suivre ses décisions plutôt que d'entrer en conflit avec elle. Mariage de raison, mariage vain, mariage de pure forme...

Mais la miss s'efforça de ne pas penser qu'elle n'était que le produit d'un contrat entre deux familles, uniquement là pour assurer une descendance. Et encore, même pas un fils... Elle secoua la tête et se concentra à nouveau sur Logan, qui avait repris la parole.

Logan se mit à sourire inconsciemment. Avec Maï, il allait de surprise en surprise. La façon qu'elle avait eu de lui poser cette question, presque naturellement, aurait pu faire penser au premier abord que lui et la blonde n'était pas seulement amis; mais qu'en plus ils appartenaient à la même famille tant le courant passait bien entre eux au bout de si peu de temps.

Ce n'était bien sûr pas le cas, mais Logan voyait un peu le comportement de Maï par rapport à lui, comme une attitude protectrice de grande soeur. Amusant dans le sens où il était malheureusement fils unique, mais loin d'être déplaisant en tout cas. Au contraire, le fait qu'il n'existait aucune ambiguité quand à leur relation renforçait ce sentiment qu'il avait de pouvoir tout partager avec elle; comme il l'aurait fait avec sa propre soeur.

Dieu bénisse le hasard qui depuis quelques temps faisait, pour lui, bien les choses. Il la précéda au salon, et entreprit de répondre avec le plus d'honnèteté possible à sa nouvelle "soeur". Cependant une réponse trop brutale n'était pas ce qu'il convenait de faire, et d'ailleurs le secret qui le liait à Naïs ne pouvait pas être livré à quelqu'un d'autre, sauf de son propre chef.

Il y a bien des choses que je pourrais te dire sur elle, mais rien ne s'approcherait assez de ce que je ressens; les mots sont parfois trop simplistes pour exprimer nos sentiments. Disons qu'elle est celle qu'il me fallait, elle respecte mon caractère solitaire; elle proche de moi sur ce plan d'ailleurs. Elle est attentionnée et forte à la fois. Et elle est spéciale, mais tu comprendras mieux quand tu la verra!

Elle la verrait, oui, c'était certain. S'il était surtout dépendant à sa petite amie désormais, il sentait que cette fille lui faisait du bien quelque part; avec elle il pouvait tout dire et se vider la tête sans avoir peur d'être jugé ou mal compris. Une sensation qu'il ne voulait pas abandonner; avoir une telle amie était précieux, et surtout très rare, pas question de passer à côté de cela.

Tout en marchant, il la guida vers le grand couloir qui donnait sur le grand escalier style début du 18ème. Il n'aimait pas ce style austère et magnificent quavait cette endroit, mais comme il le savait au fond de lui, il ne pourrait jamais vendre cet maison.

Il l'entraîna à l'étage, traversa le long couloir qui desservissait toute les pièces du haut, et arriva devant la porte de la salle la plus prècieuse de la demeure à ses yeux: la salle de musique. Après avoir ouvert la porte, il se tourna vers elle avec un sourire malicieux!

Tu es prête?

La description romanesque et les grandes envolées de romantisme lyrique de Logan firent rire la jeune femme aux éclats. Elle était elle-même friande de films à l'eau de rose et de belles histoires tragiques, mais il était également si drôle de s'en moquer. Mais le jeune homme avait une telle foi en ses paroles, il ressentait tellement ce qu'il expliquait sur Naïs, qu'elle ne put se moquer plus longtemps. Elle reprit vite son sérieux de grande soeur dévouée et sourit. Il avait des étoiles dans les yeux en parlant de cette fille si merveilleuse... C'était attendrissant, tout mignon en fait !

La blonde se laissa guider en dehors du salon puis elle lui glissa à l'oreille:
-Je vous souhaite tout plein de bonheur et j'espère vraiment qu'elle t'aime comme tu le mérites, comme tu l'aimes.

Ses paroles étaient sincères, comme toujours ou presque en fin de compte. Maï avait beau se montrer peste, elle était d'une franchise désarmante. Le propriétaire des lieux la conduisit à un somptueux escalier, massif et imposant. Il correspondait au style austère et chic de la maison. La demoiselle trouvait que la demeure avait un charme fou, ce décor dix-huitième siècle lui plaisait, elle trouvait que cela avait du caractère. rien à voix avec ses maisons high-tech, décorée de meubles aux formes étranges et d'oeuvre contemporaines indescriptibles et hideuses.

En réalité, la seule pièce de sa villa moderne que la jeune Fornelle supportait c'était sa chambre, enfin son étage. Juste avant de ne plus adresser la parole à ses parents, elle avait exiger de la redécorer entièrement. Son salon et sa chambre avait donc un look années cinquante, en noir et blanc avec des touches de couleur très vives dans la déco ultra-kitsh. sa mère avait fait une crise en vociférant que ce n'était pas décent et que cela ne ressemblait à rien. le conflit était toujours ouvert...

La jeune femme se laissait guider et sortit de ses pensées en entendant la voix malicieuse de Logan. Elle eut un sourire taquin et répondit:
- Je sais pas, j'hésite, j'ai peur du monstre caché dans le placard...

Les deux amis éclatèrent de rire et finalement elle entra, donnant un coup de coude affectueux à son petite frère de coeur qui tentait de lui barrer le passage. Une attitude enfantine, qu'il était bon de retrouver parfois... Garder une âme d'enfant, voilà le secret de la beauté et je la jeunesse éternelle. Maïween devait l'admettre, elle souffrait parfois très fortement du bien connu et bien nommé syndrome de Peter Pan.

Son attention fut détournée par la salle de musique. Comme elle l'avait expliquer plus tôt, la blondinette n'y connaissait pas grand chose, ses meilleures performances musicales s'arrêter à "La Lettre à Elise" au piano et encore, elle ne s'en souviendrait certainement pas! Mais malgré son ignorance, elle trouvait les lieux non seulement beaux mais perfectionnés.

Un ampli, une basse, une guitare sèche, du matériel électronique inconnu au bataillon, des fils, des câbles, des pupitres... Une ambiance négligée mais professionnelle. la miss se percha sur un haut tabouret dans un coin de la pièce et frappa dans ses mains en scandant le nom de son ami, comme une fan hystérique...

La réponse de son amie fit sourire Logan; il n'y avait évidemment aucun monstre caché dans sa salle de musique, mais la blondinette semblait d'humeur taquine ce soir! Si elle voulait jouer un peu à ce genre de chose, elle allait être servie.

La précédant pour lui montrer le chemin, il fit exprès de se mettre en travers de la porte, histoire de lui bloquer le passage et de la charrier un peu. Il s'étonnait lui même de son attitude, mais tout paraissait si simple avec elle qu'il ne se retenait pas de faire ce qui lui passait par la tête!

Comme il s'en serait douter, Maï ne ne se laissa pas faire. Elle fit de son mieux pour lui administrer un coup de coude dans les côtes et pénétra dans la pièce. Elle parut un peu déconcerté par tous les instruments qui emplissaient le lieu; il faut dire que Logan à l'âme d'un mélomane.

Amusé par la situation, le musicien s'empressa de prendre sa jeune amie par la main pour l'emmener s'asseoir sur un des nombreux Poufs présent. Lui même prit sa guitare de prédilection (un fender), et s'assit sur un tabouret haut, histoire de pouvoir bien se caller pour jouer confortablement.

Après avoir branché l'ampli et avoir prit soin de ne pas mettre le son trop fort, il commença à jouer un air frénétique bien connu. Il enchaîna ainsi pendant une bonne demi-heure, sa comparse ne semblant pas se lasser de l'écouter jouer.

Au bout d'un moment, il stoppa toutefois, conscient qu'il n'allait pas avoir l'impolitesse de laisser son amie un peu en plan. C'est que quand il avait un instrument dans les mains, il pouvait être assez difficile de le lui faire lâcher.

Il posa sa guitare à sa place, et sourit timidement à la blonde.

Désolé! J'ai du mal à revenir sur terre des fois. Mais sinon ça t'as plu?

Il laissa passer quelques secondes, puis reprit.

Je pourrais t'apprendre à jouer de ce que tu veux si ça te dit! ça me ferait plaisir.

Il lui adressa un nouveau sourire éclatant et attendit sa décision.

Maï eut un sourire et se laissa conduire, de bonne grâce, vers un des nombreux poufs qui agrémentait le décor de la salle de musique. Elle s'installa confortablement, en repliant ses jambes fines sous elles. Elle se débrouillait bien évidemment pour que sa jupe tombe précisément à la bonne hauteur et, enfin prête, regarda Logan triffouillait quelque chose avec son ampli.

Il était perché sur un grand tabouret, une guitare à la main. Maï était d'ailleurs en mesure d'affirmer qu'il s'agissait d'une guitare sèche, comme quoi ses quelques temps d'apprentissage de la musique ne lui avait pas servit à rien. Il commença alors à jouer, semblant se perdre dans son monde où n'existait que lui et son instrument.

Le musicien attaqua par un tube indémodable du mythique groupe AC/DC. La mélodie était reconnaissable, bien que la demoiselle ait cessé la musique il y a de ça quelques temps et qu'elle ne sorte plus avec un fan de hard rock. Le bon vieux temps, comme dirait l'autre... Ou un illustration de la stupidité des ados de seize ans, question de point de vue.

Arrivé au refrain, qui était en fin de compte la seule partie intelligible de cette chanson à bien y réfléchir, la blondinette ne se rendit même pas compte qu'elle chantonnait:
- I'm on a highway to hell...

Elle réalisa cet état de fait uniquement au point paroxystique de la chanson ou, bien entendu, elle se surprit à chanter plus fort. Maïween fit un sourire à son petit frère et prit un air sage d'élève modèle en écoutant la suite. Il jouait des morceaux qui lui plaisaient, dans leur majorité, bien qu'elle fut obligée d'admettre qu'elle n'en connaissait aucun.

Enfin si, il joua quelqu'un grand classiques du rock, quelques chansons des Beatles, un air de Nirvana et, si son ouïe ne lui avait pas fait défaut la cultissime Stairway to Heaven des non moins connus Led Zepplin. La jeune femme était tellement ravie, ayant en quelque sorte un concert privé d'un excellent guitariste, qu'elle ne vit pas le temps passa.

Ce ne fut que quand Logan s'arrêta qu'elle eut la curiosité de jeter un coup d'oeil à l'heure, et elle fut grandement surprise de voir qu'une demi-heure avait déjà passé. Le musicien lui demanda alors si cela lui avait plut, tout en reposant sa guitare. la miss se leva et aplaudit comme une enfant devant un spectacle de magie:
- C'était génial, tu joues vraiment bien Logan. Je suis certaine que tu as un don pour ça !

L'enthousiasme et le dynamisme de l'étudiante ne pouvait être feint et elle eut un immense sourire quand il lui proposa d'apprendre à jouer. Elle eut d'abord un rire et répondit:
- Oh oui ce serait super! Mais je suis une catastrophe en musique, mes cours de solfège remonte déjà à quelques années.

Puis d'un pas curieux et avec un air presque scientifique, la jeune Fornell s'avança près du piano et reprit la parole:
- J'aimerais bien voir si j'en suis encore capable...

Elle regarda Logan avec de grands yeux de cocker et un sourire enfantin irrésistible et demanda:
- Je peux ?

Le jeune homme lui fit un signe de tête et elle s'installa. Comme cela faisait bizarre, la dernière fois qu'elle s'était assise derrière un piano, elle avait jouait affreusement faux exprès pour que sa mère lui interdise de poursuivre ses cours! Mais là, c'était différent et puis elle aimait bien jouer. Le problème avait été son professeur et l'acharnement de sa mère à lui pourrir l'existence...

Toutefois, la demoiselle ferma les yeux et laissa ses souvenirs revenir à elle, tâchant de se remémorer les mouvements à faire et les accords exacts. Finalement, elle rouvrit les paupières et entama les premières notes de la fameuse "Lettre à Elise".

Ce n'était pas si mauvais, pour selon qu'elle n'avait pas refait ça depuis des lustres. Bien sûr, c'était assez laborieux et un oubli de la partition ou du bon geste à faire l'obliger à faire des pauses mal venues. Elle s'arrêta après moins d'une minute de ce massacre dans les règles de l'art et adressa un sourire contrit à son ami:
- Il faut se rendre à l'évidence, le piano c'est pas comme le vélo: ça s'oublie!

Elle rit et enchaîna:
- Alors tu penses être capable de réparer les dégâts?

Logan regarda sa comparse avec incrédulité et admiration; pour quelqu'un qui prétendait ne pas savoir jouer, elle s'en sortait plutôt bien. Bien mieux que ce à quoi il s'était attendu en fait. A vrai dire, il ne connaissait pas son niveau avant de l'avoir entendu jouer, maintenant il s'en faisait une idée.

Elle avait acquise de bonnes bases, quoi qu'elle en dise! Ce morceau n'était pas l'un des plus aisé à jouer, ni à se rappeller, elle avait donc de toute évidences une bonnes mémoires visuelles puisqu'elle avouait ne pas se souvenir de ses cours de solfège.

Qu'importe, il y avait là quelque chose à creuser, et Logan ne se priverait pas de l'exploiter. Après tout, il s'entendait déjà bien avec elle, si en plus il trouvait enfin quelqu'un avec qui partagé sa passion, il ne se gênerait pas pour tenter le coup.

Un sourire malicieux étira ses lèvres minces. Il n'allait quand même pas la féliciter chaleureusement, ce ne serait pas l'aider que de lui mentir, mais il fallait qu'il se montre encourageant s'il voulait qu'elle s'intéresse à nouveau de plus près à la discipline.

Disons que j'ai vu pire!

Il roula des yeux comme pour faire semblant d'être exaspéré, puis vint s'asseoir à côté d'elle.

Non en fait c'est pas mal du tout, pour quelqu'un qui n'a pas pratiqué depuis longtemps, je trouve que tu t'en sors pas mal.

maintenant, on peut tout à fait faire de toi une pianiste d'un bon niveau, mais il faut que tu le veuilles, si tu ne fais qu'effleurer tes possibilités, ça ne marchera pas!

Il lui fit une petite mou boudeuse, comme pour appuyer l'attitude de petit garçon pourri gâté qu'il allait prendre juste après. Ila regarda droit dans les yeux, la lèvre du bas passant sur celle du haut, et le regard embué de fausses larmes.

Dis tu veux bien que je t'apprenes topine?

Elle dut se demander ce qu'il était en train de lui jouer, et n'en pouvant plus, il partit d'un rire spontané et incontrôlable, se trouvant totalement ridicule lui même.

Elle n'avait pas encore réagi, qu'il était toujours en train de s'esclaffer bêtement, mais Dieu que ça faisait du bien de rire de cette façon quand ça n'était pas arrivé depuis si longtemps.

Maïween se redressa sur le petit tabouret, attendant avec une anxiété feinte le jugement terrible de son professeur. Elle ne s'attendait bien évidemment pas à de quelconques éloges, si son ancien prof l'avait entendue, il se serait arraché le peu de cheveux qu'il avait.

Mais, à son plus vif étonnement d'ailleurs, la jeune femme était presque capable de revoir la partition de cette fameuse lettre en se concentrant. Et, ô miracle suprême, elle se souvenait des gestes correspondant à certaines notes, du moins tant que ces dernières n'étaient pas trop ardues. Elle était surprise de voir que ces quelques années de pratique, qui avait tout de même eut lieu il y a un petit bout de temps, avait laissé des marques. Bien que l'adolescente de l'époque ait pourri l'existence de son pauvre enseignant autant que sa maman pourrissait la sienne.

En y repensant, la blondinette avait était franchement vache, voire très peste, avec ce pauvre homme qui ne demandait qu'à exploiter sa petit oreille musicale et sa bonne, même très bonne, mémoire visuelle. La demoiselle avait eut d'autres préoccupations que de se soucier un tant soit peu des états d'âme de cet ami d'enfance de son père, qui tentait désespérément de lui inculquer l'art de la musique. Les ados les plus intelligents peuvent être franchement égocentriques et puérils quand ils s'y mettent...

Enfin bref, peut-être Logan parviendrait-il à rattraper le temps perdu... Il salua sa maigre prestation d'un sourire malicieux et d'une petite pique, assez positive. Il s'approcha pour s'installer près d'elle, mimant un air exaspéré qui lui faisait faire un bond dans le passé, où son prof lui disait qu'elle devait le faire franchement exprès... Perspicace cet homme!

Mais son petit frère se montrait moins pessimiste, bien que très clair. Si elle n'avait pas envie d'apprendre, cela ne servait à rien. Mais, aussi bizarre que cela puisse paraître, Maï avait envie de reprendre le piano. C'était une impulsion soudaine, comme elle en avait déjà eut tellement, mais certains aboutissaient et il en allait peut-être de même pour celle-ci. Et les cours pris auprès de l'étudiant, de leur plein gré mutuel, serait forcément mieux que les cours imposés par sa mère avec un vieux pote de son papa...

Ce qui la surprit en revanche vu l'attitude de Logan qui prit une mine d'enfant voulant faire fondre sa maman pour un paquet de bonbons. Il éclata de rire après la démonstration de son talent d'acteur, et la jeune femme se joint à lui. Retrouvant finalement son sérieux, la demoiselle fit mine d'hésiter, puis de céder devant des yeux de chien battus:
- C'est d'accord ! Tôpe là copain !

Elle tendit sa main droite vers le haut et échangea un "high five" avec le jeune homme. Ils rirent de nouveau et elle reporta son attention sur le clavier. La blonde demanda, avec un air studieux et discipliné:
- On commence par quoi Monsieur ?

Tout à sa joie d'avoir non seulement une nouvelle amie, mais aussi une élève, Logan faillit se laisser aller à lui dire qu'elle allait devoir reprendre les bases. Mais il se ravisa au dernier moment, ce disant qu'une telle idée risquerait plus de frustrée la blonde que de lui faire plaisir. Visiblement, elle n'avait pas l'air d'avoir une patience d'ange pour ce genre de chose.

Il décida de changer d'approche et se tritura les méninges pour tenter de trouver un morceau pas trop compliqué pour la faire réviser, mais pas trop rébarbatif non plus. Peut-être qu'un classique qu'on enseignait en général au débutant suffirait pour ce soir; il aurait plus de temps la prochaine fois pour s'organiser. Là tout s'enchaînait à une vitesse folle et il improvisait plus qu'autre chose.

Que dirais-tu d'y aller doucement et de commencer par "Jeux interdits" ?

C'est pas franchement hard, et c'est parfait pour s'échauffer. Mais si tu préfères un autre morceau, je suis un professeur très conciliant.

Et il repartit de son rire frais et léger. Rire autant depuis le début de cette soirée, allait finir par lui coincer les machoires et les zygomatiques. Il n'était pas habitué à tout ça mais prenait plaisir à pouvoir partager ce genre de chose avec quelqu'un.

Il faudrait d'ailleurs qu'il s'essaie à ce genre d'exercice avec Naïs! Ils avaient beau s'aimer, la plupart du temps, ils ne l'employaient pas à se raconter des blagues ou à se taquiner en général. Leur relation était tellement fusionelle qu'il ne passait guère de temps à parler inutilement d'ailleurs.

Avec la jeune Européenne en revanche, la parole prenait tout son sens. Il est vrai qu'elle avait une langue bien pendue. Et le taciturne devenait de plus en plus ouvert au fil des minutes. Un peu comme s'il avait été endormi pendant tout ce temps et qu'il avait été réveillé par un charme quelquonque.

Tout à coup, la jeune femme se mit à pianoter, et il écouta attentivement pour pouvoir lui donner un avis sincère à la fin de sa prestation.

Cependant son esprit tentait de divaguer, il sentait que quelque chose allait se produire bientôt, qu'il allait faire une autre rencontre et cela l'effrayait autant que ça l'excitait. Après tout, on disait bien jamais deux sans trois !

Alors que le jeune homme semblait se triturer les méninges pour trouver ce qu'il allait faire faire à sa nouvelle élève, cette dernière faisaient travailler les siens, essayant ses ô combien lointains cours de solfège et les morceaux qu'elle savait théoriquement joués...

Le résultat était plus ou moins concluant, mais elle constata tout de même avec plaisir que ses bases les plus élémentaires ne s'étaient pas dispersées dans les sables du temps. Elle se souvenait même des notes, des accords mais surtout de comment les jouer, mieux qu'elle n'aurait put le croire.

C'était peut-être de baigner dans cet univers de musique, de lire la joie dans les yeux pétillants de Logan, de partager sa passion qui la replongeait dans les temps éloignés où elle pratiquait régulièrement le piano. Maïween en vint même à se souvenir de l'air qu'elle avait joué à la demande de son amie gothique, une chanson d'amour torturée d'un quelconque pseudo groupe de rock, qui n'était qu'un papillon éphémère dans la grande Histoire de la musique.

Enfin, son ami arriva avec une idée, lui proposant de jouer "Jeux Interdits" classique de l'apprentissage de la musique. D'ailleurs, la blonde avait le souvenir d'avoir fait du forcing pour l'apprendre avec son professeur de piano, après que son copain du moment lui en ait montré les rudiments à la guitare sèche. Elle avait imaginé que cette air avait un sens tout particulier, alors qu'il n'était qu'un de ses morceaux joués et rejoués.

Le jeune homme lui demanda si cela lui convenait et elle hocha la tête. Et, alors qu'il retournait à ses songes, la demoiselle faisait un effort de mémoire. Ce morceau, elle l'avait fait maintes et maintes fois, l'avait adoré, puis détesté. C'était certainement à cause de tout ça qu'elle n'avait pas eut besoin de trop se forcer pour retrouver l'air et la partition.

Maintenant, il lui fallait se rappeler la façon de faire, les mouvements de doigts à accomplir. Soudain, les premiers gestes lui revinrent, puis, lentement, la suite du morceau. Avant que le souvenir de lui échappe, Maï posa ses mains sur le clavier et pianota quelque peu.

L'enchaînement n'était pas très fluide, mais il n'était pas non plus trop désagréable à l'oreille. Certains accords cependant retentissait d'une manière affreuse, impossible de se souvenir comment les faire. Mais, pour selon qu'elle jouait là encore de mémoire, ce n'était pas catastrophique.

Toutefois, l'étudiante n'arriva pas au tiers du morceau, avant d'avoir un trou. Elle cessa donc de jouer, brusquement, d'une manière totalement dissonante. Elle eut un sourire penaud devant cette fin abrupte et pitoyable.La jeune femme reprit ensuite la parole:
- Alors verdict?

Puis, sans même laisser Logan répondre:
- Je pense quand même qu'il faut que je revois quelques trucs de base...

Cela faisait tout de même des années qu'elle n'avait pas lu une partition...

Logan adressa un sourire réconfortant à la blonde, bien sûr sa façon de jouer était maladroite et hésitante, mais quoi de plus normal après tout. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas joué apparemment, et pour quelqu'un de "rouillée", elle ne s'en sortait pas encore si mal.

Oui on va revoir les bases, c'est essentiel, mais vraiment je t'assures que j'ai vu pire que toi. Tu as quand même su aligner pas mal de notes sans trop de dissonance.

Il la regarda avec un mélange de fierté et d'admiration; fier parce qu'il s'était trouvé quelqu'un capable d'être son élève, admiratif parce qu'elle semblait assez prédisposée à la chose, même si elle pensait n'avoir aucun talent.

Mais pour l'heure, un peu de repos ne serait pas de refus, il commençait à se faire tard après tout, et même s'il n'avait pas spécialement envie de dormir, il n'avait pas le temps de se lancer dans une leçon longue et fastidieuse tout de suite.

En fait, il avait une petite faim tout à coup! Il se leva de son siège et s'approcha de Maï.

Mais pour la leçon, on verra plus tard! Dis moi un peu, tu n'as pas faim toi?

Il se dirigea alors prestement vers la cuisine espèrant qu'elle le suive, pour se préparer un petit plateau repas. Il courait comme un gosse dans l'immense demeure et pénétra dans la pièce qui abritait le saint graal: le frigo.

Il sortit un peu tout ce qui lui tomba sous la main, histoire de se faire un sandwich et de permettre à son amie de se composer un petit plateau télé si le coeur lui en disait. Visiblement, à part les employés, il n'y avait personne d'autre qu'eux dans la maison.

Il fit signe à sa complice, et se rendit paisiblement dans le salon, où il s'affala sur le canapé moelleux. Il machouillait avidement histoire de tromper sa faim et sa lassitude. Il tatonna ensuite pour trouver la télécommande.

Je me demande ce qu'il peux bien y avoir à la télé ce soir!

Et il lança la télécommande à Maï par surprise, la rattraperait-elle?

Bien que Logan approuvait la nécessité de revoir les bases du solfège, il fit son possible pour prouver à sa nouvelle élève que le résultat n'était pas si catastrophique. Il fallait admettre que, pour selon qu'elle jouait de mémoire et qu'elle avait mis fin à sa pratique du piano il y a maintenant cinq ans, la jeune femme n'était pas irrécupérable. Comme quoi, Maïween allait peut-être devoir remercier sa mère des longues années d'apprentissage forcé... Ou peut-être que l'égocentrique fille à papa allait se contenter de bénir son excellente mémoire.

Quoiqu'il en soit, la demoiselle n'aspirait qu'à reprendre le chemin menant aux arcanes de la musique, de son plein grè cette fois-ci. Il était certain que se coltiner des leçons de solfège n'était jamais une partie de plaisir, mais elle était prête à quelques efforts. Et puis ce n'était plus un vieil homme las et chauve qui allait être son professeur, mais son petit frère de coeur. La différence se jouait aussi sur ce terrain.

Toutefois, le jeune homme eut la bonne idée de remettre la leçon à plus tard, ce n'était pas une heure pour apprendre le piano. Enfin, l'heure tardive, ou très matinale suivant le point de vue, ne dérangeait pas la blondinette, qui était noctambule au possible. Disons qu'il ne servait à rien de gâcher l'ambiance avec un cours fastidieux de reprise. Alors Maï fit un grand sourire et répoondit joyeusement à la question de son ami:
- Si j'ai faim? Tu apprendras que j'ai toujours envie de manger, même quand je n'ai pas vraiment faim!

La jeune Fornell éclata de rire et poursuivit le petit Logan dans les immenses couloirs de cette splendide demeure. Les deux gosses arrivèrent finalement dans la cuisine où ils stoppèrent leur course effrénée. La demoiselle se glissa derrière son comparse et subtilisa les ingrédients nécessaires à la frabication d'un bon petit sandwich. Maïween était plus friande de sucré mais enfin, on ne crache pas sur des victuailles!

Logan se demanda à voix haute ce qui pouvait passer à la télé en ce moment et, brusquement, balança la télécomande à son amie. Cette dernière, surprise, lâcha le plateau sur lequel trônait paquet de chips, sandwich et verre de jus d'orange. Ce dernier se déversa sur l'épaisse moquette et la blonde s'excusa, ramassant les débris de verre:
- Je suis vraiment désolée... Mais c'est ta faute aussi, quelle idée de m'attaquer à coups de télécomande!

Sa réprimande sonnait faux et une vieille femme en uniforme ouvrit la porte et s'approcha de l'invitée, lui glissant avec gentillesse:
- Laissez Miss, je vais nettoyer.
- Merci beaucoup, c'est très gentil à vous! Encore navrée...

L'héritière récupéra ses vivres et alla s'installer près de son camarade, pendant que la bonne s'éclipsait après avoir rempli son office. Ou plus exactement, Maï se jetta sur Logan et contre-attaqua à coup de chatouilles. Après avoir torturé le pauvre garçon, elle reprit la conversation avec un air rieur:
- Et sinon je pense pas qu'il y ait grand chose à cette heure-ci. A moins que tu sois friand de Chasse & Pêche ou que tu ais envie de regarder du porno.

Sur un nouvel éclat de rire, la jeune femme sans-gêne se leva et commença à farfouiller dans un meuble, om elle avait répéré une collection raisonnable de DVD. Et quelle ne fut pas sa surprise quand elle tomba sur un de Walt Disney favori! Elle s'en empara et s'écria comme une gamine de dix ans en sautillant sur place:
- Oooh Peter Paan !!!

Maïween se retourna vivement vers son frérot et lui fit une mine de chien battu en l'implorant:
- On peut le regarder, s'te plaaaîît?

Comment résister à tant d'innocence et de fraîcheur? On ne pouvait pas et s'il pouvait, la blondinette se verrait dans l'obligation de le faire chanter...

Alors qu'il avait commencé à taquiner la blonde le premier, celle-ci fit semblant de rien en s'asseyant à côté de lui et en profita pour subitement se jeter sur lui et le chatouiller avec frénésie. Le seul problême c'est que Logan sans être un chochotte était quelqu'un d'extraordinairement chatouilleux.

Elle finit par mettre fin d'elle même à la torture qu'elle lui infligeait (avez vous déjà vu un grand loustic se tordre de rire sans pouvoir lutter?) , se rasseyant à ses côtés d'un air triomphant; l'air de celle qui venait de remporter une grande victoire.

Faisant judicieusement remarquer à son camarade de jeu qu'à cette heure les programmes télévisés risquaient d'être plus que douteux, la jeune femme se leva promptement et se dirigea vers l'étagère contenant les DVD du jeune Rice.

Alors qu'il était en train de se perdre dans ses pensées, il entendit une exclamation de bonheur emplir la pièce, et aperçut sa comparse sautillant sur place de plaisir. Il se demandait pourquoi quand elle lui fit une moue de petite fille capricieuse et fit mine de le supplier pour qu'il regarde un DVD de Walt Disney: Peter Pan.

Il leva les yeux au ciel et haussa les épaules comme pour dire qu'il n'y croyait pas! Comment une jeune femme de cette âge pouvait-elle avoir envie de regarder un dessin animé à cette heure? Il ne comprenait pas mais ne fit pas l'effort d'essayer de toute façon. Elle était tellement rigolote à prendre cette air de chien malheureux qu'il ne pouvait décemment rien lui refuser.

Ok miss Fornell, après tout, mieux vaut ça qu'un film en noir et blanc pourri des années 60!

De toute façon, s'il refusait, il se doutait bien qu'elle le harcellerait jusqu'à ce qu'il cède. Ce qui pourrait être amusant dans un sens, mais il commençait à fatiguer. Il s'affala dans le canapé et invita Maï à faire de même une fois qu'elle eut glissé la galette dans le lecteur.

Le générique débutant, il se cala contre un coussin, ce qui lui vaudrait surement de s'endormir, mais il se doutait que si l'envie lui en prenait, sa soeurette se chargerait de le réveiller d'une manière ou d'une autre.

Je me rappelles plus trop de ce dessin, il se passe quoi au juste dedans ?

Il allait avoir l'air idiot, mais il n'avait jamais été très dessin animé en fait.

Face à la réaction enfantine et suppliante de Maï, le jeune homme leva les yeux au ciel et soupira d'un air désespérant, l'air de dire "et ça a vingt-un ans". L'intéressée prit un air innocent au possible et finalement son petit frère céda devant l'attaque des yeux du chat potté. La blondinette battit des mains comme une enfant devant un spectacle de magie et mit le DVD dans le lecteur, un air ravi peint sur sa frimousse.

Elle se laissa tomber avec grâce dans le canapé aux côtés de Logan et se calla contre l'accoudoir, ses genoux repliés contre elle. Il manquait néanmoins un détail et la miss se pencha pour subtiliser un coussin à son ami en lui lançant:
- Il ne faudrait pas que t'endormes devant un des plus grands classiques de ce cher Walt.

C'est alors que le brun se vit dans l'obligation d'avouer son ignorance dans le domaine des dessins animés. Prenant un air désemparé, Maïween répliqua:
- Quel inculte tu fais, ne pas connaître Peter Pan!

Elle leva les yeux au ciel tout comme il l'avait fait un instant plus tôt, pausa le film et se lança dans une explication:
- Bon c'est l'histoire de Peter Pan, un jeune garçon qui ne grandit pas. Il rend visite à la jeune Wendy, qui raconte des histoires à ses deux frères. Mais ses parents ont décidé qu'il était temps qu'elle devienne une femme. Pour qu'elle ne grandisse pas, Peter emmène les trois enfants au Pays Imaginaire. Là bas ils vivent moults aventures, mais Wendy décide de rentrer car ses parents lui manquent et elle sait que même quand elle sera grande, elle n'oubliera pas Peter.

C'était un résumé bref, mais clair de la délicieuse histoire qui était contée dans ce film d'animation. La jeune Fornell appuya sur le bouton play et lança à Logan:
- Et puis tu n'as qu'à regarder, ça comblera un manque à ta culture cinématographique.

La demoiselle lui tira joyeusement la langue puis entama son paquet de chips et se calla confortablement pour apprécier le dessin animé dont elle ne se lassait pas, bien qu'elle l'ai vu et revu...

Logan se mit à rire doucement, elle l'amusait beaucoup avec ses airs de petite fille taquine et capricieuse. Un vent de fraicheur dans sa trop morne vie. Voilà ce qu'il attendait depuis bien longtemps peut-être sans même le savoir après tout. Elle se lança dans un explication bienvenue sur Peter Pan, car il ne s'en souvenait franchement plus.

Il se cala encore un peu mieux dans le canapé, devant malgré tout se passer d'un coussin qui lui aurait permis d'être plus confortable encore. Le film débuta et il se surprit lui même à être absorbé par cette histoire qui faisait raisonner quelque chose en lui.

Lui non plus n'était pas pressé de grandir, il n'en avait pas besoin non plus à dire vrai. Il n'avait pas besoin de gagner sa vie car il était honteusement riche de par l'héritage de ses parents. Il était déjà indépendant et avait un grande demeure pratiquement rien que pour lui; pourquoi vouloir vieillir dans ce cas là, ça n'était pas utile.

Enfin le Disney se termina, ramenant Logan à la réalité, il se tourna vers Maï qui avait un large sourire sur les lêvres. Apparemment, elle appréciait toujours autant ce film même après plusieurs visionnage. Il ne put s'empêcher de la taquiner un peu.

Alors heureuse ?

Et il la gratifia d'un sourire ultrabright, l'innocence incarnée! Mais il se faisait vraiment tard maintenant et vu l'heure qu'il était, il ne se sentait pas de conduire. Maïween était venue avec lui, donc elle ne pouvait pas repartir à pied et les gens de la maison dormaient déjà.

Une seule solution s'imposait à lui, et heureusement, c'était techniquement tout à fait réalisable. A quoi servirait d'avoir une si grande et belle demeure s'il n'y avait pas de nombreuses chambres d'amies disponibles à tout moment. Et c'était le cas car même les pièces innocupées étaient toujours bien tenues.

Bon Maï, je sais pas toi mais je suis vraiment fatigué. Mais vu l'heure, je ne crois pas être en état de te ramener. Tu auras des soucis si tu dors ici? Parce que y'a la place et pas cours demain donc si ça te gènes pas! ça te conviens?

Il espèrait vraiment qu'elle ne lui ferait pas reprendre la route ce soir, ou plutôt ce matin, il n'avait qu'une envie, se laisser tomber tout habillé dans son lit!

Demain on pourrait peut-être aller faire un tour en ville si tu veux? Maintenant que j'ai un peu de compagnie je vais en profiter !

Il sifflota, elle allait le trouver chiant et collant à force. Ils se connaissaient depuis à peine une journée et il se l'accaparait déjà. Remarque elle l'avait bien cherché vu qu'elle l'avait entrainé dans cette soirée la première.

Après ce bref résumé, qui n'était pas pour faire honneur au magnifique film qu'était Peter Pan, la jeune femme intima le silence à son ami et se concentra pleinement sur l'écran. On respectait les Walt Disney, pas de là à les regarder dans un silence religieux, car le silence c'était proprement ennuyeux et ça mettait une mauvaise ambiance, mais tout de même! On ne parlait pas du dernier Bruce Willis avec castagne et humour ras le bitume, c'était de classiques du septième art dont il s'agissait.

Maïween se délectait de ce film, qu'elle avait pourtant vu et revu et dont elle connaissait largement l'histoire par coeur. Elle avait mêmes quelques répliques en tête et des passages fétiches. Elle était également une fan de la première heure de cette chère Clochette. En revanche Wendy, greluche finie de son état était franchement agaçante! Cela n'empêchait pas notre grande enfant de se délectait du dessin animé.

Même Logan s'intéressait à ce qui défilait sur l'écran, bien qu'il se moquait d'elle parfiois, quand elle exprimait son enthousiasme débordant. Il l'interrogea une fois le film terminé et elle lui tira la langue joyeusement puis répondit:
- Voui, ravie même, mais toi aussi ne nie pas!

Elle lui bondit dessus pour l'attaquer à coups de coussins, mais le jeune homme semblait fatigué et son attaquante s'interrompit bien vite. Il lui fit d'ailleurs part de sa fatigue et s'excusa de ne pas la rammener chez mais il ne s'en sentait pas capable. Son frère de coeur lui proposa alors de passer la nuit dans une des chambres libres de cette immense demeure.

Cela ne posait aucun problème à Maïween, elle n'était pas du genre à faire des formalités avec ses amis et auraient dormi de bonne grâce sur le canapé du salon, si cela avait été plus simple. Et puis, ça se saurait si la jeune héritière avait été du genre à se sentir coupable de s'inviter chez les gens, ça ce saurait!

Elle répondit donc, avec son naturel pétillant habituel et un sourire ravissant:
- Aucun problème, ça me va parfaitment! Il suffit que tu me montres le chemin.

Son hôte lui montra le chemin et, alors qu'ils atteignaient un couloir lui demanda si elle était d'accord pour aller en ville le lendemain. Toujours partante, la blondinette rétorqua:
- Ben ouais ce serait sympa, on pourra aller au café où bosse mon meilleur ami et aller au ciné!

La demoiselle était ravie de s'être liée à ce jeune homme, qui lui rappellait ce cher John par certains côtés mais était tout de même très différent. Elle appréciait de plus en plus ce jeune homme atypique et lui fit un sourire resplendissant:
- Bonne nuit Logan!

Maï l'enlaça amicalement et lui fit un bisou sur la jour avant de gagner la chambre qu'il lui avait désignée. Elle n'avait pas vraiment sommeil, fille de la nuit qu'elle était, et farfouilla donc dans la petite bibliothèque qu'abritait un coin de la pièce. La jolie blonde trouva une édition reliée de Roméo et Juliette, avec le texte original. Elle commenca sa lecture mais éteint rapidemment la lumière, sentant ses paupières se fermaient toutes seules. Mais elle allait remiser ce bel ouvrage par devers elle...

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