Quand la soif nous étreind (Pv Alice et Kery)

Jasper sauta par la fenêtre ouverte, pour atterir silencieusement devant la maison. Il leva les yeux au ciel pour voir sa femme faire de même et se poser à ses côtés encore plus gracieusement qu'il n'en aurait jamais été capable. Sans attendre un instant de plus, il lui prit la main, et l'emmena à sa suite dans une course folle à travers la forêt dense et épaisse qui entourait la demeure familliale.

Ils resteraient aux alentours pour aujourd'hui, pas la peine de trop s'éloigner, ils auraient tout le temps de partir en week end de sevrage un peu avant le jour J. Et puis avant même le fait de se nourrir, c'était surtout l'occasion de pouvoir profiter de sa belle rien que pour lui qui l'intéressait dans cette balade improvisée.

Ils sautaient aussi aisément que des cabris, se jouant de la gravité terrestre et avançant sans ralentir toujours plus profond sous la cime des arbres. Quel sentiment exquis de liberté que de pouvoir se mouvoir sans aucune contrainte, sans ressentir la fatigue ou même la peur que pourraient procurer les animaux vivant dans ces bois.

Toujours côte à côte, Jazz stoppa soudain sa course et Alice qui avait dû voir venir le coup fit de même. Quelque chose venait d'attirer son attention, une odeur en fait, quelque chose d'imperceptible, mais qu'il avait quand même réussi à capter.

Une biche se tenait non loin d'eux et n'avait pas détecté leurs présences. Mais ça n'était pas ça qu'il avait ressenti. L'odeur finit par disparaître comme elle était venue, et il fit de son mieux pour reporter son attention sur les alentours. malheureusement, une biche ne suffirait pas à étancher sa soif, il le savait; aussi décida-t-il de l'ignorer et de continuer un peu plus avant.

Il se tourna malgrè tout vers Alice pour l'interroger du regard, mais elle ne semblait pas vouloir de cette proie elle non plus. Ils reprirent alors leur course effrénée.

Pourtant quelque chose tracassait toujours Jasper, il sentait une humeur inquiète dans les environs, mais qui cela pouvait-il bien être? Les animaux ne savaient pas qu'ils étaient là! Alors qui?

Il eut soudain le sentiment d'être suivi.

Alice eu juste le temps d'enfiler une tenue adéquate avant de suivre son bien aimé et de bondir gracieusement par la fenêtre de leur chambre, pour atterir souplement au près de Jasper. Ils échangèrent un regard complice et amoureux avant que le vampire ne s'empare de la main de sa femme. Ils partirent alors en chasse dans la forêt sauvage et magnifique qui entourait la demeure des Cullen.

C'était une charmant journée qui s'annoncait, pas de pluie aujorud'hui, juste quelques nuages qui s'amusaient à faire la course au soleil pâle de l'état de Washington. La petite brune inspira à plein poumons pour savourer l'odeur de la terre mouillée, des animaux à proximité, des arbres feuillus... Les créatures les plus proches n'avaient pas encore sentis le danger qui les guettait, n'étant pas à même de percevoir la course effrénée de leurs futurs assaillants.

Jazz s'arrêta alors, brusquement à proximité d'une biche. Ce n'était pas ça qui allait le nourrir. Même la demoiselle, qui n'avait pas des besoins aussi impétueux et importants que son mari trouvait qu'une simple biche était un met léger, bien que relativement bon. Mais ce n'était pas pour l'animal que son mari s'était immobilisé, elle sentait aussi cette odeur qui avait quelque chose de familier mais qui demeurait lointaine... Etrange, ils feraient tout aussi bien de rester sur leurs gardes, surtout que l'extra-lucide ne voyait rien de particulier dans l'avenir immédiat.

Ils reprirent leur marche, aux aguets. Quelque chose clochait dans l'ambiance tranquille de la forêt et Jasper semblait inquiet par quelque chose. Soudain, Alice la vit, juste une poignée seconde avant que son mari ne sente sa présence derrière eux. Ils firent volte face quasiment simultanément et virent une silhouette inconnue avançait dans leur direction. Vampire à l'odeur.

Après, bien que la vampirette ne vit ni agression, ni violence pour le futur proche, nul ne pouvait affirmer avec certitude que la créature venait en paix. Malgré tout, sans doute un héritage inconscient de la présence et de la bonté de Carlisle, la jeune Cullen ne voyait pas de menaces chez la vampire brune qui se tenait à quelques mètres d'eux. Mais il ne fallait jurer de rien, et la posture défensive de Jazz contrastait avec l'apparente nochalence de sa moitié.

Cette dernière avait néanmoins chacun de ses sens aiguisés en éveil quand elle engagea la conversation d'un ton aimable et poli:
- Bienvenue jolie vampire. Pourrais-tu nous dire ce qui nous vaut l'honneur de ta présence sur notre territoire?

Bien trop spontanée et insolente, Alice n'aimait guère vouvoyer les gens, surtout quand il avait son âge, ne serait-ce qu'en apparence. Peut-être qu'elle était une créature sanguinaire de plusieurs siècles et elle n'allait pas tolérer cet affront. Mais du haut de ses 107 ans, la lutine ne manquait pas d'expérience et elle avait le soutien d'une famille derrière elle.

Mais bon, rien ne laissait présager de devoir en arriver à de telles extrémités et la sautillante brunette ne voulait pas en arriver là.

Kerydwen courait dans la forêt slalomant entre les troncs avec grâce et volupté, comme tout vampire. Elle devait aller chasser rapidement si elle voulait pouvoir continuer à côtoyer des humains comme elle avait fini par prendre l’habitude. Et puis une sortie prochaine était prévue avec Maïwenn et elle ne voulait pas que se reproduise l’évènement de la dernière fois.

La vampire voulait avancer suffisamment loin dans les bois avant de laisser ses instincts de chasse la dominer pour avoir un minimum de risque de croiser la route d’un humain : elle ne voulait pas se soumettre à la tentation au risque d’y succomber.

Au bout d’un petit moment de course elle se stoppa net dans son élan, creusant un petit sillon dans le sol de terre : elle avait senti une présence tout près, des odeurs étranges et familières arrivaient à ses narines. Elle se redressa en regardant tout autour, décuplant son audition, ouvrant ses sens olfactifs. Mais elle ne sentait plus rien à part l’humidité, la terre mouillée, la résine, la végétation.

L’éternelle brune bondit sur le côté pour dévier sa trajectoire, par prudence. Elle se retrouva face à deux vampires comme elle le déduisit rapidement face à leur aspect et leur odeur qui venait de faire volte face suite à sa brusque arrivée.

Kerydwen tenta alors de rendre son expression neutre et pacifiste : elle avait suffisamment entendu de récits pour savoir qu’un vampire hostile et pris par surprise pouvait facilement se battre avec un autre jusqu’à le détruire. Mais elle ne détecta aucune attitude agressive de la part des deux êtres qui lui faisaient face. Seul Lui était en position défensive. Elle semblait beaucoup plus détendue, plus sûre d’elle, plus confiante.

Ce fut d’ailleurs Elle, une toute petite brune aux allures de lutin, qui engagea la conversation sur un ton poli et aimable, se permettant de la tutoyer. C’était une chose qui ne dérangeait absolument pas Kerydwen, habituée à cela depuis toujours puisqu’elle était figée dans sa dix-huitième année.

-Bonjour à vous. Je ne savais pas qu’il s’agissait de votre territoire de chasse, je cherchais simplement de quoi apaiser quelque peu ma soif. Je m’en excuse.

La brune était une personne qui n’aimait pas déranger et qui avait peur de faire une erreur, quelque chose qu’il ne fallait pas. Malgré tout sa curiosité l’entraînait vers l’avant : elle était à la base venue dans cette région pour rencontrer un clan de végétariens, comme elle, qui y séjournait en permanence. Il avait parlé de leur territoire donc sa logique lui murmurait qu’il se pouvait que ces deux vampires face partie du clan des Cullen.

Prenant son courage à deux mains Kerydwen inspira un bon coup avant de se lancer dans sa demande peu polie :

-Je voudrais vous demander quelque chose ; j’ai entendu parler d’un « clan », d’une famille de végétariens qui vivrait dans la région. Je suis venue pour tenter de les rencontrer.

Elle ne s’embarqua pas plus loin dans ses explications et ses justifications, ne voulant pas dévoiler trop d’informations sur elle-même à des inconnus.

Jasper fit folte face quand il détecta plus clairement la présence d'un être de la nuit derrière lui. Rapide comme l'éclair, il prit une posture défensive et hostile, sa nature l'incitait d'emblée à se méfier de la créature qui les suivait depuis maintenant quelques minutes.

Il aurait voulu se tenir instinctivement entre elle et sa femme, mais Alice ne l'aurait pas entendu de cette oreille de toute façon; bien malgré lui, elle avait le don de ne pas se fier aux apparences. Ce qui n'était pas son cas.

Comme à son habitude, Alice fit preuve de courtoisie et de désinvolture, ce qui ne fit que le mettre encore plus mal à l'aise. Il fixait l'inconnue à tel point qu'aucun de ces geste ne pourrait lui échapper; en bon chasseur qu'il était, il ne lui laisserait aucune ouverture si elle décidait de tenter quoi que ce fut de stupide ou d'inconsidéré.

Pendant que les deux femmes conversaient, il fit lentement et précautionneusement le tour de la probable assaillante, et s'appliqua à réduire la distance qui les séparaient, histoire d'être à une meilleure portée d'action; juste au cas où.

Les dernières paroles de la brune qui lui tournait le dos désormais l'intriguèrent. Ainsi donc, encore une qui avait été attirée ici par la curiosité envers son clan. Décidément, ça devenait une mode ces temps-ci. A force de concentration, et ne ressentant finalement aucune hostilité chez cette vampire, il tenta de se détendre, ce qui lui fit fournir un énorme effort sur lui-même.

Toutefois, pour être certain que les choses ne dégénèrent pas, il mit son don en marche pour influencer l'humeur de la pseudo végétarienne. cela fait, il se décida enfin à lui adresser la parole.

Alors comme ça, tu cherches le clan qui vit dans le coin, et bien tu en as deux membres devant toi! Que nous veux-tu?

Il savait que sa femme n'approuverait pas le ton qu'il employait avec la nouvelle venue. Mais il n'avait pas envie d'être poli et courtois en ce moment avec les inconnus; pas avec le mariage qui se préparait et qui risquait d'attirer du monde, et aussi beaucoup de curieux. Pas question de mettre en danger leur famille, pas question !

Alice eut un sourire doux et aimable envers la jolie vampire quand elle s'excusa de chasser sur leurs terres. On sentait bien qu'elle était gênée d'être au mauvais endroit au mauvais moment et qu'elle ne voulait surtout pas déranger. Cette demoiselle respirait la gentilesse et la timidité par chacun des pores de sa peau de marbre et il n'y avait pas besoin de don pour savoir qu'elle était ici sans aucune mauvaise intention.

Mais c'était sans compter la paranoïa déplorable de Jasper, qui ne démordait pas de sa posture défensive et poussa le vice à tourner autour de l'inconnue, guettant tout mouvement, analysant chaque geste, chaque intonation, prêt à bondir à tout moment. Comme un animal sauvage qui aurait été importuné sur son territoire.

La lutine était affligée de voir ce comportement bestial. Les Cullen était une famille végétarienne, cela voulait tout de même dire qu'ils étaient des gens civilisés et courtois, pas des bêtes éroces qui aggressaient les nouveaux venus!

Puis vint la manière sèche, militaire et affreusement impoli dont son mari aborda l'éternellement jeune donzelle. La brunette hocha la tête de gauche à droite et s'écria d'une voix où l'on décelait des traces non négligeables d'agacement mais surtout de déception:
- Jazz enfin, ce n'est pas une façon correcte de traiter tes invités! Franchement tu penses que c'est faire honneur à Carlisle de se montrer aussi mal élevé?

Sans attendre de réponse de la part de son cher et tendre, la petite Cullen reporta son attention sur la visiteuse et son timbre retrouva sa musicalité et son sourire revint:
- Je te pries d'excuser l'impolitesse de ce qui prétend être mon mari. Il est d'une nature plus que méfiante, ne fais pas attention.

Elle reprit, non sans lancer un regard assassin à la bête en question:
- Quoiqu'il en soit, je me targues de parler au nom de la famille en disant que, tant que tu ne fais pas de mal sur ces terres, tu y es la bienvenue. Bien sûr, je comptes sur ta bienséance pour nous laisser du gibier en suffisance si tu venais à chasser dans les environs de nouveau.

L'extra-lucide fit signe à Jazz de revenir près d'elle et poursuivit sa démonstration de l'art du monologue:
- Pour l'heure, je t'invites à chasser avec nous, pour excuser le comportement déplorable et inexcusable de Jasper. Tu pourras ainsi nous raconter tranquillement ce qui t'amènes.

Elle fit un grand sourire et écrasa avec soin le pied de son voisin pour l'empêcher de la contredire...

Kerydwen regarda du coin de l’œil l’homme faire le tour de sa silhouette sans se vexer pour un sou : elle connaissait bien les comportements défensifs des vampires lors de l’arrivée d’un autre vampire inconnu. Elle ne prit pas non plus garde au ton employé par ce dernier pour lui demander sans détour ce qu’elle était venue demander à leur clan. En revanche elle perçut sans problème le ton de reproche et d’énervement qui était pensa-t-elle dû à un grand nombre de curieux qui venaient voir cette famille extraordinaire. La française ne put s’empêcher d’être heureuse d’avoir enfin trouvé deux membres de ce clan tant recherché.

Lorsque la brune aux allures de lutin ouvrit la bouche ce fut tout d’abord pour reprocher à son mari ses mauvaises manières. Mari. Ce mot sonna étrangement aux oreilles de Kery qui avait depuis longtemps fait une croix sur cet aspect là de la vie. Cette réflexion était venue de nulle part et repartit assez vite dans un coin de sa tête alors qu’elle écoutait la femme parler.

Mais elle resta muette devant son monologue, incapable de trouver les mots justes devant tant d’amabilité et de gentillesse : ces qualités étaient rares lors de rencontres fortuites chez les vampires. Elle secoua la tête en voyant que la brune avait fini de parler pour enfin réussir à dire quelques mots :

-Il n’y a aucun problème, je comprends très bien la raison de cette attitude : on ne peut réellement se fier qu’aux gens qu’on connait vraiment. Et moi je suis une totale étrangère. Il n’y a pas de malaise.

Elle répondait à une phrase assez lointaine dans la conversation mais avait besoin de le dire, de lui expliquer. Mais elle n’avait pas fini aussi poursuivit-elle :

-C’est très gentil à vous de me laisser ainsi mais ne vous inquiéter pas j’irais plus loin dans les montagnes pour vous laisser de quoi chasser dans cette forêt. Et je ne refuse pas une partie de chasse si vous n’y voyez aucun inconvénient de votre côté.

Elle laissa les deux jeunes gens lui montrer le chemin : elle préférait les laisser la guider, se soumettant à leur volonté en quelque sorte pour bine montrer qu’elle n’avait aucune mauvaise intention. Pendant le chemin elle leur expliqua la raison de sa présence à Forks et de la recherche de leur clan :

-Je suis venue de France pour à la base découvrir un peu le monde. Mais en chemin j’ai entendu des vampires parler de votre famille si exceptionnelle. Etant moi-même végétarienne j’ai voulu tenter de vous rencontrer, sans aucune mauvaise idée, pour voir de mes yeux que même les vampires peuvent vivre normalement en quelque sorte. Je ne veux pas m’incruster ni quoi que ce soit, juste discuter un peu si cela est possible, sans déranger.

Kerydwen avait dit cela d’un ton qui se voulait naturel mais elle se demandait encore si son idée avait était bonne.

Comme il s'y attendait de la part de sa femme, Jazz se fit réprimander pour son attitude agressive envers la nouvelle venue. Mais qu'y pouvait-il en réalité? Il avait beau faire tous les efforts possibles et imaginables, chassez le naturel et il revient au galop.

Que voulez-vous, quand vous avez des années durant connu les affres de la paranoïa et des conflits, il est difficile de se détendre face à des étrangers. En particulier quand ceux-ci font partis d'une race de prédateur comme la leur. Carlisle avait beau être comme un père et un modèle pour lui, il ne comprendrait jamais comment il pouvait faire abstraction de tout apriori face aux inconnus.

D'ailleurs c'est cette incompréhension qui le poussait à faire ce qu'il considérait comme son devoir: protéger la famille de toute menace, y compris d'eux-même et même contre leur gré.

Il avait beaucoup changé depuis qu'il avait rencontré Alice et le clan, mais pas au point de ne plus prêter attention à ses vieux démons. Tout ce qui importait à ses yeux était de préserver sa bulle, bulle qui venait déjà d'être perturbée par l'arrivée de William, et pour lui c'était déjà bien suffisant.

L'aspect angélique et avenant de la brune pouvait laisser croire qu'effectivement elle n'avait pas de mauvaise intention. Puisqu'Alice le prenait ainsi, il n'en rajouterait pas! A quoi bon si c'était pour se disputer avec sa moitié, ce qui n'arrivait pas souvent et qui le mettait toujours de mauvaises humeur pour des jours entiers.

Découragé et anxieux à la perspective d'un tel affrontement conjugal, il fit mine de rendre les armes mais sans s'adoucir pour autant.

Soit, puisque ma femme veut qu'il en soit ainsi, accompagnes nous donc, mais je ne baisserais pas ma garde sache le!

S'attendant à ce qu'Alice lui lance un regard en coin, il se précipita malgré tout auprès d'elle et lui murmura:

Ne me regardes pas comme ça! Tu fais preuve de confiance trop facilement comme toujours! On ne sait rien de cette fille et je ne veux pas qu'il t'arrives quoi que ce soit!

A la vitesse de l'éclair, il lui caressa la joue, puis invita la nouvelle venu à les précéder dans leur chasse, histoire de l'avoir bien en ligne de mire au cas où!

Décidément, Jasper resterait un paranoïaque incurable. Pourtant la diplomatie et la tolérance permanente de Carlisle envers tout les êtres vivants (enfin c'était uen façon de parler bien entendu) même différents auraient dû lui ouvrir les yeux. Et sa présence à elle aurait dû l'apaiser, comme elle l'avait toujours fait...

Bien entendu, la vampirette savait très bien que le climat de guerre et de suspicion dans lequel son mari avait vécu pendant de longues années affectaient indéniablement son comportement. Mais Alice y voyait un manque de courtoisie à la fois très impoli et qui portait également préjudice à l'image de leur famille. Ils avaient la répuatation d'un clan végétarien ouvert et civilisé, pas d'une bande bête sauvages vivant avec difficulté parmi les humains!

Comme la frêle demoiselle obtenait toujours gain de cause, surtout auprès de sa moitié, ce dernier accepta que l'inconnue chasse avec eux mais ne se montra pas aimable pour autant. La jeune Cullen lui lança un regard noir et il s'approcha à toute vitesse, lui murmurant qu'elle faisait trop vite confiance et qu'il craignait qu'il lui arrive quelque chose.

Jazz passa une main sur son visage pâle tandis que la lutine leva les yeux au ciel et répliqua entre ces dents acérées:
- Je sais que cette fille n'est pas une menace, je le sens et je le vois.

Leur invitée devait les entendre mais ne comprennait pas le sens véritables des paroles de l'extra-lucide. Quoiqu'il en soit en analysant leur avenir, elle n'avait vu aucun problème de la part de la jolie française. Elle reprit, douce mais autoritaire:
- Et tu es bien placé pour savoir que je n'ai aps besoin qu'on veille sur moi.

Elle déposa une bise rapide sur la joue de son cher et tendre et se tourna en direction de la grande brune en lançant joyeusement:
- Après toi ma belle !

Au même instant, son compagnon désignait le chemin devant eux à la novuelle venue. Même quand ils se disputaient un peu, ils restaient profondément sur la même longueur d'ondes...

L’éternelle jeune femme regardait de loin l’échange entre les deux membres du clan des Cullens. Elle ne cherchait pas à comprendre leur conversation et à s’immiscer dans leur intimité, par respect. Avec son ouïe fine elle aurait pu tout à fait entendre chaque mot mais elle les ignora délibérément tous les deux, se forçant à ne rien écouter.

L’échange dura quelques minutes pendant lesquelles Kerydwen réfléchit un peu à ce que cette rencontre allait impliquer : elle avait enfin trouvé ceux qu’elle recherchait et entrevoyait la fin de son séjour à Forks. Elle n’était en effet jamais restée plus longtemps que nécessaire dans un endroit : une fois que son but était atteint, si tant est qu’elle en ait eu un, elle s’en allait vers d’autres contrées. Et il en était ainsi depuis plus de cinquante ans.

Néanmoins rien n’était encore joué et elle ne partirait certainement pas avant un petit moment, ce qui lui laissait le temps d’apprécier cette région qu’elle trouvait accueillante. Dans sa tête elle cherchait une hypothétique destination future, le temps que la discussion entre les deux vampires mariés se termine : en Alaska peut être où elle n’aurait pas non plus besoin de se cacher. C’était une destination tentante.

Elle fut sortie de sa rêverie par la voix joyeuse et chantante de la petite brune qui l’invitait à ouvrir le chemin tandis que son compagnon lui indiquait la direction à prendre. Kerydwen partit donc en courant vers le lieu qu’il lui avait indiqué, ne sachant pas vraiment ou et quand s’arrêter.

-Excusez moi mais je ne sais pas où nous allons.

Cette question était destinée aux deux silhouettes qu’elle sentait et entendait courir derrière elle, une technique plus facile que de tenter de voir un vampire courir.

Elle continua de courir jusque débouché aux orées d’une clairière où elle distinguait un troupeau de cerfs et de biches. Se tournant vers ses compagnons de chasse elle leur murmura :

-C’est bon pour vous ici ? Ou vous préférez un autre endroit ?

Kerydwen attendit, tapie, leur réponse.

Jasper était un peu aigri, il suivait la nouvelle venue à bonne distance pour qu'elle reste parfaitement dans son champ de vision. Malgré tout il était un peu rassuré, mais pas moins attentif pour autant. Certes Alice aurait vu si quelque chose de louche pouvait se produire, mais deux précautions valaient mieux qu'une.

Cependant il décida de faire confiance à sa moitié et laissa le calme l'envahir progressivement. Alice se tenait à ses côtés, silencieuse, comme pour le punir de son attitude revêche. Mais il ne s'en faisait pas, il savait qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur longtemps! D'ailleurs il était fort probable qu'en ce moment même elle l'ait déjà pardonné, mais qu'elle fasse semblant du contraire pour lui faire les pieds.

Cette pensée le fit sourire intérieurement et cela l'aida beaucoup à se détendre un peu plus. Ils cheminèrent encore quelques temps et l'inconnue s'adressa à eux. Elle avait repéré un troupeau de biches à quelques enjambées et leur demandait si cela les satisferait ou pas.

Jasper la regarda d'un air moins dur. Mais il n'était pas disposé à se contenter de proies aussi faciles à tuer. Alice ne se contentait pas de cela non plus d'habitude, mais elle se doutait que par politesse envers la nouvelle venue, elle serait capable d'accepter.

Mais son choix était fait, si Alice acceptait, il ferait une entorse à son régime alimentaire et resterait auprès d'elle. Et cela pour plusieurs raisons. La première était que cette chasse était au départ la leur et qu'il n'était pas question qu'il se sépare d'elle à plus forte raison en présence de la jeune intruse. La seconde parce qu'il ne supportait tout simplement pas d'être loin d'elle très longtemps.

Alice avaient les cartes en main et elle devait le savoir du reste, connaissant trop bien son mari pour savoir qu'il ne la lâcherait pas d'une semelle en particulier dans de telles circonstances.

Je te laisse décider, si tu veux te nourrir comme cela aujourd'hui je le supporterais, mais il est hors de question que je te laisse seule avec elle. Même si comme tu me l'as fait remarquer tu sais très bien te défendre seule, il n'est pas envisageable de nous séparer!

Il savait qu'elle le comprendrait, même si elle trouverait probablement ça ridicule de sa part; mais elle ne pouvait pas trop lui en demander d'un seul coup non plus. Et il faisait déjà un gros effort pour ne plus être agressif envers la vampire. Elle ne pouvait pas avoir manqué de le remarquer!

Kerydwen ouvrit donc la marche, sur l'invitation des Cullen. Elle ne semblait pas parfaitement à l'aise, ce qui était normal vu l'attitude revêche et affreusement impolie de Jasper. La brunette l'aimait énormément, d'ailleurs leur union dépassait les mots, ils étaient des âmes soeurs. Mais cela ne l'empêchait nullement de regretter son naturel paranoïaque et hostile... Certes, c'était parfaitement compréhensible, au vu des conditions qu'il avait connu en Amérique du Sud durant les guerres. Mais tout cela était un passé révolu, il était un végétarien, il avait une famille, une femme, rien n'aurait dû le pousser à développer encore et toujours cet aspect de sa personnalité.

Alice ayant une tendance naturelle à prendre les choses très à coeur et comme une affaire personnelle, elle voyait presque un échec dans l'asociabilité de Jazz. Peut-être était-ce sa faute, elle qui croyait lui avoir appris à faire confiance? Peut-être avait-elle raté quelque chose, fait quelque chose de mal? Ou alors Jasper était fâché ou ennuyé et elle ne s'en était même pas rendue compte!!

Comme d'ordinaire, l'extra-lucide avait tendance à sur-estimer son implication et à imaginer des erreurs de sa part là où il n'y avait que les marques d'un lourd passé. Mais que voulez-vous, quand on s'investit toujours à fond dans tout, même les histoires des autres, cela fini par vous prendre à la gorge et ne pas vous lâcher, si l'on puit dire...

C'est alors que la jolie française leur fit remarquer qu'elle n'avait pas la moindre idée d'où elle allait, à cette allure folle qu'était celle du chasseur en course. La minuscule vampire chassa ses pensées et regarda rapidemment les alentours avant d'indiquer à leur invitée:
- Ne t'inquiètes pas tu peux aller om tu veux, évites simplement le Sud-Eest.

C'était en effet la direction, non seulement de Fortks et se des frêles humains mais aussi de la limite du territoire délimité par le traité. Mais malgré sa confiance spontanée, la brunette n'allait pas raconter ça à l'inconnue. Les loup-garous, c'était la légende d'ici et leur secret. Les autres membres de leur espèce n'aurait sans doute pas compris cette paix, alors qu'ils étaient ennemis héréditaires et auraient commis des actes qui auraient mis en péril le frêle équilibre de la région. Quant aux autres buveurs de sang, ils ignoraient jusqu'à l'existence des loulous, ce qui étaient parfait.

La nouvelle venue trouva alors un troupeau de biches et de cerfs, en leur demandant si cela leur convenait. Leur gibier était d'ordinaire plus consistant, même pour Alice bien qu'elle s'en contentât parfois. Mais l'inconvénient était que Jazz ne seraient sans doute pas satisfait de quelques cerfs, aussi ils leur faudraient repartir en chasse prochainement. Son mari lui glissa qu'il s'en contenterait pour cette fois, mais qu'il était hors de question qu'il laisse les deux femmes seules.

Ca, la petite Cullen l'avait compris toute seule et elle secoua la tête de droite à gauche, ce qu'il pouvait être sur-protecteur franchement. Malgré cela, elle souriait, ravie de ne pas être séparée de sa moitié, chose qu'elle supportait mieux que lui mais n'appréciait guère. Elle répondit donc, toujours souriante:
- Ce sera très bien. Je vais prendre ces deux jeunes biches là bas, sers-toi librement.

Joignant le geste à la parole, la vampirette bondit gracieusement à travers le champ et en à peine quelques secondes, les deux boches gisaient à terre et Alice s'abreuvait de la première...

Kerydwen se rangea sur le côté, laissant les membres du clan des Cullen passer devant elle. Par simple politesse, en espérant qu’ils ne le prendraient pas mal. Seulement ile parlaient entre eux, à l’arrière. Oh la française ne leur en tenait pas rigueur : elle arrivait un peu comme un cheveu sur la soupe et s’attendait tout à fait à ce genre de réaction, même à pire.

Elle se sentait idiote de seulement leur proposer des herbivores mais elle avait tellement soif qu’elle avait peur d’aller plus loin, si jamais ils croisaient la route d’humains. Elle n’avait pas été au Sud-est sur conseil de la petite brune mais était au contraire montée au Nord-Ouest, à l’opposé direct.

Elle attendit qu’ils finissent leur petite discussion patiemment : lui avait l’air beaucoup moins enclin à se contenter de biches, pour elle cela ne posait apparemment pas trop de problèmes. Elle avait encore fait une boulette. La bretonne les collectionnait en ce moment, preuve en était de la marque cuisante sur son épaule laissée par l’inconnue croisée en ville. Vraiment.

Finalement la petite brune partit devant, directement sur deux biches à l’écart. Elle allait enfin pouvoir étancher sa soif temporairement. Seulement lui restait un peu en arrière, la fixant d’un regard perçant et attentif. Un peu trop paranoïaque. Elle s’excusa quand même de ce choix de mets peu savoureux.

-Désolée mais j’ai peur de ne plus pouvoir me contrôler si je ne bois pas au moins un peu.

Elle eut un sourire timide avant de bondir dans la praire, d’abattre rapidement une femelle et de la vider de son sang d’une traite. Elle se releva, impeccable, regardant les deux vampires chasser. Simplement.

Après avoir parcouru du regard les bois pour voir si rien d'autre comme gibier ne se présentait que des biches, Jazz dut se résoudre, il n'aurait rien de plus consistant à se mettre sous les crocs pour aujourd'hui! Tant pis, il repartirait en chasse plus tôt la semaine suivante, mais pour l'heure seul la sécurité de sa famille comptait.

Tandis que sa femme s'était déjà jetée sur ses proies, lui était resté un peu en retrait pour observer la nouvelle venue. Il était un peu moins tendu et suspicieux, mais il ne serait pas d'un coup laxiste pour autant. Kerydwen émit soudain une remarque qui n'échappa pas à notre paranoïaque; ainsi donc elle avait peur de ne plus pouvoir se contrôler.

Intéressant, même s'il ne pouvait pas lui reprocher ça étant donné qu'il n'était pas toujours maître de lui-même autant qu'il le voulait parfois. Cependant il notait dans un coin de sa tête qu'elle devait donc s'être mise à ce régime depuis peu de temps. Mais ce n'était qu'une supposition.

Finalement, il se décida à se nourrir et en un clin d'oeil il fondit sur une des plus grosses biches du groupe. Tout fut terminé en une fraction de seconde. Et, même s'il n'était pas franchement rassasié, il décréta que cela suffirait pour cette fois.

Rapidement, il rejoignit sa compagne qui terminait elle aussi son repas et vint lui murmurer quelque chose à l'oreille.

Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Qu'est-ce que tu proposes? Parce que je supposes qu'il est hors de question de la laisser roder sur notre territoire maintenant. Et Carlisle qui n'est pas là! Vraiment, c'est une épidémie de vampire végétariens en ce moment, on devrait peut-être songer à déménager!

Sa mauvaise humeur était visible, d'abord William qui débarquait maintenant cette fille...tout cela devenait dangereux pour Bella de qui il venait enfin de se rapprocher et il n'aimait pas cela du tout.

Comme il s'y attendait, Alice ne l'approuverait pas, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir non plus. Elle savait comme il était réfractaire à tout changement majeur dans sa routine quotidienne. Question de prudence, la routine lui paraissant plus que sécuritaire.

Il s'adressa finalement soudain à la jeune vampire inconnue.

Maintenant que nous avons bu, peux-tu nous dire ce que tu comptes faire? Quelles sont tes intentions?

Il se rapprocha de sa femme, s'attendant à prendre un coup de coude dans les côtes, mais peu importait. Il avait besoin de se tenir près d'elle pour s'apaiser un temps soit peu.

Alice s'abreuva proprement et rapidemment des deux jeunes biches, aussi légères et graciles qu'elle-même. Finalement, ce choix de proies convenaient à la petite vampire, qui n'avait pas des besoins importants au niveau du sang, et qui se contrôlait incroyablement bien. Ce devait être pour elle, Esmée et Carlisle que résister à l'odeur délicieuse du sang humain devait être le moins difficile.

La voyante n'avait jamais goûté le nectar rouge qui s'écoulait des veines des fragiles humains, sachant depuis sa transformation que ce n'était pas de cette façon dont elle devait se nourrir, n'ayant jamais eut le désir véritable de tuer un homme pour le vider de son sang. Sa vie avait commencé quand elle avait été transformée, et à plus forte raison quand elle avait croisé la route de Jazz et des Cullen.

Cette vie était la sienne, ce mode de vie le seul qu'elle ait jamais connu et en un siècle, elle se maîtrisait à la perfection. Ce n'était apparemment pas le cas de leur charmante invitée, qui lui avouer qu'elle craignait de céder si elle ne buvait pas rapidemment. La vampirette sourit et répondit avec douceur:
- Ne t'en fais pas, nous comprennons parfaitement ce problème et nous avaons toujours préféré la prudence.

Enfin, cela n'était pas l'exacte vérité, mais le mensonge n'était qu'insignifiant, alors il n'était pas utile de s'étendre dessus, surtout que la question de Bella était réglée depuis des mois. Ils avaient tout trois terminé leur repas et Jasper s'approcha de sa moitié, lui murmura à voix basse et à haut débit ses iquiètudes. La minuscule brune fronça les sourcils, désaprouvant cette attitude revêche et paranoïaque. C'était agaçant cette atmosphère de suspicion permanente, si Alice disait que c'était bon c'est qu'il n'y avait pas de soucis à se faire, bon sang depuis quand on ne lui faisait lus confiance?

Elle siffla entre ses dents pointues, exaspérée:
- Mais laisse-donc cette pauvre fille tranquille, elle est encore libre de circuler librement dans els environs, on lui demandera simplement de respecter les limites du traité et, si tu y tiens, je garderai un oeil sur elle. Mais je te dis qu'on ne risque rien d'elle!

Son mari se tourna ensuite vers la française et lui demanda fort grossièrement quels étaient ces projets pour l'avenir proche. L'extra-lucide donna un coup de coudes bien senti à Jazz et fit un sourire d'excuse à leur charmante invitée, espérant qu'elle ne serait pas trop vexée de l'attitude déplorable de ce cher monsieur Hale...

Souplement Kerydwen bondit sur une biche et la vida rapidement de son sang avant de s’attaquer à une deuxième, prenant garde à ce qu’elles ne soient pas en période de gestation. Elle n’était pas un monstre, non. Elle avait senti que d’avouer sa soif n’avait pas été une chose maligne à faire au contraire de ce qu’elle pensait mais elle n’avait pas la force d’argumenter avant de s’être abreuvée du liquide chaud qui lui coulait dans la gorge. Bienfaisant et revigorant mais pas agréable.

Elle avait fini rapidement mais ne bougea pas de sa position, laissant de nouveaux les deux compagnons discuter à voix basse : son éducation l’empêchait de se montrer impolie tout comme son bon sens lui indiquant qu’une attitude passive était pour l’instant un meilleur choix. Ainsi elle attendit patiemment sans esquisser le moindre geste, statue en quelque sorte vivante que le vent venait fouetter.

Puis le vampire la héla d’une manière fort peu courtoise mais dont elle ne se soucia guère vraiment : elle avait bien compris sa méfiance accrue et ne cherchait pas plus loin. En revanche le coup de coude de la petite brune la fit sourire. Il fallait qu’elle se contrôle. Elle inspira longuement, s’imprégnant de toutes les odeurs et saveurs des bois comme la terre humide, les gouttes d’eau et les feuilles avant de prendre la parole.

-Je ne sais pas trop quoi faire pour l’instant. J’avais pris un appartement à Forks pour plus de commodités pour moi et je compte rester encore un peu.

Elle s’empressa de rajouter en voyant leur tête :

-N’ayez aucune inquiétude : ma faiblesse d’aujourd’hui tiens à ce que ma dernière chasse datait de plus d’un mois et que je préfère être prudente. Je n’ai aucun problème à vivre parmi les humains, je ne causerai pas de tord. J’étais venue dans la région pour vérifier les rumeurs concernant cette famille de végétariens qui me fascinait personnellement. Je n’avais encore jamais vu d’autres vampires comme moi qui ne goûtaient pas le sang humain.

Elle se tut, ne sachant comment poursuivre, l’émotion lui nouant la gorge. La vampire venait de se remémorer ses premiers souvenirs en tant qu’immortelle, douloureux, à la sortie de cette cave puante. La solitude l’avait toujours accompagnée, elle n’avait jamais créé des liens avec d’autres vampires, dégoutée par leurs goûts sadiques pour le sang humain et parfois même leur sadisme. En tant que nomade elle avait vu des horreurs qu’elle aimerait pouvoir oublier mais que ses capacités surnaturelles empêchaient.

Elle déglutit avec difficulté en tentant de chasser ses sordides souvenirs.

» Alice Cullen
» Alice Cullen [ Finie =) ]